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Sortir de la servitude humaine

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de septembre 2006


L’un des grands thèmes des Écritures chrétiennes est la guérison des incurables. L’idée d’incurabilité traverse toute la Bible: d’abord présentée, puis bien établie, elle est peu à peu battue en brèche, puis éliminée.

Le concept selon lequel un état de la vie humaine peut être à la fois pernicieux et irréversible est d’abord introduit dans les second et troisième chapitres de la Genèse, où Adam et Ève recherchent la connaissance interdite du bien et du mal. Pour les punir, Dieu, tel qu’il est représenté dans ce récit, les bannit, les condamnant à vivre une existence terrestre de dur labeur et de douleur perpétuelle. Aucune chance de réhabilitation ne leur est offerte.

On peut résumer le châtiment d’Adam et Ève en un seul mot: mortalité. Les générations suivantes de la Bible vont partager ce sort irréversible. Le remède, le fruit de l’arbre de vie, est complètement inaccessible et gardé à perpétuité par une épée menaçante.

Et pourtant, l’Ancien Testament commence immédiatement à saper la mortalité: le nombre d’années vécues par les hommes antédiluviens, l’expérience de Noé qui nous apprend que le péché est synonyme de mort, et le bien, de vie, le séjour prolongé des Hébreux dans le désert sans que personne n’ait même les pieds enflés, et l’activité de guérison des prophètes, tous ces éléments sapent des aspects de la mortalité.

Cependant, il faudra attendre les Évangiles pour accéder vraiment au remède à la mortalité. Jésus est arrivé en souverain dans le territoire de l’arbre de vie si bien gardé, il s’est saisi de l’épée flamboyante et il l’a brandie pour libérer les mortels de la croyance à la mortalité. Toutefois, afin de sortir de cet état, plutôt que d’entrer à nouveau dans le jardin d’Éden, pays de brumes et de rêves, il a ouvert la porte donnant sur le royaume des cieux.

Les Évangiles expliquent que Jésus a guéri toutes formes de maladies et toutes sortes de maux, et pourtant, les auteurs ont choisi de rapporter, en détail et en priorité, les guérisons de maladies chroniques ou fatales. À preuve: épilepsie, cécité héréditaire, paralysie devenue un état permanent, hémorragie qui durait depuis douze ans, maladie mentale que personne n’avait eu «la force de dompter», main desséchée, état quasi désespéré de la fille du chef de la synagogue. On ne connaissait pour tous ces états aucun traitement par des moyens matériels ; en revanche, on en percevait souvent la cause.

À l’époque de Jésus, il était généralement accepté que les esprits bons ou mauvais pullulaient. Un personnage du Satiricon de Pétrone, auteur romain du premier siècle, déclare: «Le monde est tellement rempli de puissances aux aguets qu’il est plus aisé de croiser en chemin un dieu qu’un humain.»1 On croyait que ces esprits entraient dans les personnes pour les habiter, pour le meilleur et, plus probablement, pour le pire.

Un grand nombre de guérisons accomplies par Jésus sont décrites par les Évangélistes comme le fait de chasser les démons ou esprits mauvais: il a chassé par exemple sept démons de Marie Madeleine ; il a guéri l’homme dont le démon disait s’appeler Légion, unité de l’armée romaine qui comptait six mille hommes. Lors de son procès, Jésus déclara que, s’il le souhaitait, il pouvait appeler plus de douze légions d’anges pour venir à son aide. Il semblerait d’après tout cela que les esprits, bons aussi bien que mauvais, aient été fort nombreux.

La fonction des démons dans le Nouveau Testament était d’avilir leurs hôtes humains et de leur faire du mal, de causer une souffrance physique et mentale et de provoquer un comportement asocial. On considérait l’occupation par un esprit malin comme une situation permanente, chronique. Lorsqu’un démon avait trouvé un hôte, il y restait. Et cependant Jésus a chassé de tels démons par un seul ordre: «Allez!» (Voir par exemple Matthieu 8:28-32) Lorsqu’il a envoyé ses douze disciples comme apôtres, il leur a d’abord fait don de l’autorité sur les esprits mauvais (Marc 6:7).

L’Évangile montre que Jésus a guéri toutes les sortes de maladies. Pourquoi donc mettre presque exclusivement en relief le contrôle qu’avait Jésus sur les maladies chroniques ou fatales? La guérison instantanée d’une fracture ou l’arrêt soudain d’une maladie aiguë mais bénigne, ne retiendrait-elle pas autant l’attention?

L’un des Évangélistes a laissé des indications au sujet de ses choix: on lit dans le livre de Jean que «Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom.» (Jean 20:30, 31)

L’Évangile de Jean est celui des explications, car Jésus y donne les raisons de ce qu’il a fait et dit. Si le lecteur fait une étude du verbe «croire» dans cet évangile, il va mieux saisir le point de vue de l’auteur: il cherche à amener ses lecteurs à voir que l’identité de Jésus appartient au divin afin qu’eux aussi acquièrent la vie au sein de cette identité. Et par vie, Jean entendait la vie éternelle.

Un exégète chrétien de la Bible a résumé ainsi la carrière de guérison de Jésus: «On ne trouve effectivement aucune trace de technique médicale dans aucun des récits de guérison, et il n’y a bien sûr pas le moindre terme appartenant au langage du diagnostic ni de l’ordonnance tels qu’ils existaient dans la tradition médicale romaine du premier siècle... On ne trouve rien non plus dans ces écrits qui puisse relever de la magie... Le champ sémantique dans lequel s’inscrit le récit des guérisons de Jésus n’appartient pas au registre qui laisse supposer que la bonne formule ou une technique appropriée va produire les résultats désirés. Au contraire, les guérisons et exorcismes sont placés dans le cadre d’une structure plus large qui considère les événements comme des indications ou des intuitions concernant une nouvelle situation dans laquelle le dessein de Dieu sera finalement accompli dans la création et son peuple sera vengé et en paix.» 2

Qu’est-ce que les auteurs des Évangiles pouvaient comprendre comme étant l’accomplissement du «dessein de Dieu... dans la création ...»? Les chrétiens du premier siècle utilisaient ce que nous connaissons comme la Bible juive, probablement dans sa traduction grecque dite des Septante. On leur aura enseigné dès la plus petite enfance la majestueuse ouverture qu’est la création achevée dans la Genèse, n’incluant ni mal ni mort. Ils connaissaient aussi probablement l’histoire d’Adam dans laquelle la punition du péché était l’exil dans l’état chronique de mortalité. La souffrance et la fin de la vie mortelle étaient d’ailleurs aisément visibles partout. Pour les Évangélistes, la portée de l’histoire de Jésus ne se trouvait peut-être pas tant dans les merveilles qu’il accomplissait pour les malades – après tout il existait d’autres guérisseurs – mais plutôt dans son triomphe sur l’immémoriale conviction que la mortalité était inéluctable et ordonnée par Dieu. Ils ont peut-être choisi d’attirer l’attention sur les actes de Jésus qui s’attaquaient le plus fortement à la mortalité chronique, dont l’aiguillon est l’incurabilité et la mort inévitable.

Sans les Évangiles, la Bible aurait pu perpétuer pour toujours l’échec du dessein du dieu de l’Éden, la perte de ses créatures dans la mortalité. La Bible toute entière, au contraire, fait ressortir l’ouvrage, ou dessein, plus ample de Dieu qui a accordé la vie à tous et l’a appelée bonne, très bonne.

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