Lors de notre premier contact, j’ai dû me dominer pour rester calme et souriante. J’étais venue demander de la documentation, mais je me suis trouvée en butte à un tel flot d’injures que je suis repartie les mains vides. Je ne pouvais rien faire d’autre, à part retourner à mon bureau, mission non accomplie.
Je terminais un contrat d’intérimaire dans une compagnie qui avait souvent fait appel à mes services. Des collègues m’avaient bien dit que ce genre de comportement était typique chez la femme qui m’avait si mal reçue, mais mon étude de la Christian Science m’avait aidée à percevoir qu’il n’est dans la nature de personne de refuser de coopérer, ou de se montrer carrément méchant. Je m’en remettais à cette louange du Psalmiste: «Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui? [...] Tu l’as fait de peu inférieur à Dieu, et tu l’as couronné de gloire et de magnificence.» (Psaume 8:5, 6) Je savais aussi que ce que le Psalmiste appelait «l’homme» coïncidait avec le fait spirituel que Dieu créa Ses enfants à Son image et à Sa ressemblance, exprimant Sa bonté, de toutes les manières possibles.
Quelques semaines plus tard, je suis revenue travailler dans cette compagnie pour une durée de trois mois, pour découvrir que cette femme allait être ma supérieure directe. Les premiers jours, je n’ai pas passé de bons moments. Et pourtant, je sentais le pouvoir de l’Amour divin, de Dieu Lui-même, poussant au changement. Mais le changement devait avoir lieu... en moi: dans ma pensée, non dans ce que cette personne devait faire ou dans la façon dont elle devait se comporter. Je me suis appuyée sur les Leçons bibliques hebdomadaires (indiquées dans le Livret trimestriel de la Christian Science), qui se composent de passages tirés de la Bible et de Science et Santé, pour y puiser de l’inspiration et des idées propres à la guérison. À mesure que les jours passaient, je comprenais de mieux en mieux la bonté innée de chacun. Et tandis que les Leçons mettaient en lumière la sainteté et la perfection de l’homme, la nature spirituelle de tout être, elles m’ont aussi mise en garde contre la fausse identité présentée par ce que l’apôtre Paul appelle «affection de la chair» et qui, dit-il, «est inimitié contre Dieu, parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu’elle ne le peut même pas.» (Romains 8:7) En d’autres termes, ce que cet entendement, ou affection de la chair, semble présenter n’est jamais ce qui existe réellement.
Je me suis donc rendu compte que c’était à moi de choisir. Je pouvais accepter une identité falsifiée ou bien je pouvais vivre chaque journée en sachant que tout être reflète Dieu dans toute Sa bonté. Des moments de calme consacrés à la prière avant le travail ont augmenté ma confiance dans le fait qu’il n’existe pas réellement de contrefaçon de l’homme ou de la femme créé par Dieu.
Il ne m’a pas fallu longtemps pour m’apercevoir que ma collègue avait une excellente perception du travail à faire, et j’étais impressionnée par la capacité qu’elle avait de mener à bien les tâches, parfois dans des conditions défavorables. Le dévouement qu’elle mettait dans son travail était admirable. Il est certain que ces qualités indiquaient la présence du concept plus élevé de la bonté de l’homme, que je recherchais. La première impression que j’avais eue d’une femme désagréable, impolie et sans égards pour autrui faisait place à de la gratitude pour sa prévenance et sa pureté.
Bientôt, ma collègue, que je commençais à considérer comme une amie, s’est mise à me raconter des anecdotes amusantes sur les activités sportives hebdomadaires auxquelles elle participait avec d’autres employés. Ces récits éclairaient la journée de rires et de joie et il en est résulté une atmosphère de travail détendue et productive.
Quand je suis parvenue à la moitié de mon contrat, le sujet de la Leçon biblique de la semaine était «Dieu, le conservateur de l’homme». En l’étudiant, j’ai commencé à voir sous un jour nouveau ce pouvoir protecteur. J’ai compris que Dieu protège chaque aspect de notre être, notamment les qualités comme la gentillesse et la bonté. Certes, la bonté innée de quelqu’un reflète la bonté pure de Dieu, et elle ne peut donc être ôtée ni corrompue. Une fois ce fait admis, j’ai vu que la véritable identité de chaque homme et de chaque femme était déjà intacte, protégée par Dieu pour toujours.
Un vendredi, tard dans l’après-midi, j’ai fait une erreur en entrant les dépenses et les revenus du mois dans mon ordinateur. Avant d’imprimer le rapport, j’avais négligé d’inclure une partie des informations. Une fois lancé, le processus ne pouvait être interrompu. J’en ai rapidement informé ma collègue. Nous nous sentions toutes deux impuissantes, sachant qu’il allait falloir entrer de nouveau tous les chiffres du mois et faire redémarrer le programme.
J’avais envie de rentrer sous terre. J’ai attendu. Puis il s’est passé quelque chose de merveilleux. Il y a eu un long silence suivi par cette déclaration faite avec calme: «Oh, finissons ce que nous avons à faire pour aujourd’hui. Nous nous occuperons de cela lundi matin.»
La colère, les critiques, les injures ne sont jamais revenues. Dans le silence du moment, j’avais été témoin de la façon dont Dieu révèle constamment la sainteté de Son être à chacun de Ses enfants, et l’identité de mon amie qui vient de Dieu est apparue.
Cet incident n’a pas été un cas isolé. D’ailleurs, pendant les mois où j’ai travaillé pour cette compagnie, j’ai passé de nombreuses heures très agréables avec cette femme. Son désir d’apporter son aide en toutes circonstances, son comportement amical et son amabilité constituaient la norme.
Aujourd’hui, je vois comme il est nécessaire de faire encore plus d’efforts pour placer au premier plan de ma pensée la bonté innée de chaque individu. Ma victoire paraît bien modeste, comparée au combat spirituel qu’il faut mener pour éliminer les injustices motivées par la haine, l’obstination et les destructions, auxquelles le monde doit faire face aujourd’hui. J’ai cependant appris que c’est un travail de base à partir duquel on peut prier pour toute l’humanité.
Nous sommes tous capables de contribuer à l’accomplissement de cet objectif. Cela implique de garder à la pensée la nature semblable à Dieu de notre prochain, de la rechercher et de reconnaître qu’il s’agit là d’un fait spirituel. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est un pas vers la paix et la victoire sur ce qui prétend que la véritable nature de chacun peut être autre que bonne et semblable à Dieu. Et chaque pas que nous faisons dans cette direction nous rapproche de l’idée claire de l’identité spirituelle, et de la victoire inévitable qui survient lorsque nous attestons de notre fraternité.
Jésus ne perdait jamais de vue le statut spirituel de tout homme. La rapidité et l’efficacité avec lesquelles il guérissait confirment ce fait. Sa compréhension pure de ce qu’est l’homme en tant qu’image et ressemblance d’un Dieu bon et aimant avait pour résultat la réforme des pécheurs et le recouvrement complet de la santé pour ceux qui étaient malades. Bien que sa vie soit sans égale, chacun peut s’efforcer de remplir les exigences qui apporteront la paix et la guérison à nos semblables, qu’ils habitent à proximité ou sur un autre continent.
Comme je suis reconnaissante pour ces cinq mots: «Dieu, le conservateur de l’homme»! En m’en remettant à eux, j’ai obtenu une petite victoire, certes, mais qui m’a encouragée à m’attendre à de plus grandes œuvres, à mesure que j’apprends à mieux aimer toute la famille humaine.