Actrice débutante à Los Angeles, je m'étais mise à envisager chaque journée comme une « prise »: dans chaque scène de la journée, on espère rencontrer le moment magique où on va enfin percer.
Les gens vous diront que le métier d'acteur n'est que compétition acharnée, où le refus est un lot quotidien, le chômage chronique considéré comme normal, et les acteurs connus pour leur ego démesuré et pourtant fragile. Ce n'est pas pour rien qu'un film sur les producteurs d'Hollywood s'intitule « Nage avec les requins » ! Pourtant, malgré toutes les histoires drôles que l'on peut raconter sur les acteurs, les statistiques inquiétantes et les adages sombres sur « la profession », pour moi ce travail favorise les progrès spirituels. Et je peux dire en toute honnêteté que l'ego, fragile ou pas, n'y tient aucune place.
Quand j'ai décidé de devenir actrice à Los Angeles, j'ai eu l'impression de faire partie d'une équipe de relais. J'étais là sur la ligne de départ, les bras pleins de tout ce que j'avais appris, de ma certitude et de mon talent, prête à les confier à mon agent qui allait les envoyer à un directeur de casting, qui lui-même allait les mettre dans les mains d'un réalisateur, qui à son tour les déposerait avec succès aux pieds de spectateurs admiratifs. C'était organisé, rationalisé et surtout, c'était un plan. Je comprenais que la carrière d'acteur n'offrait aucune garantie, et je me félicitais d'avoir choisi un plan qui s'étalait sur vingt ans au lieu de miser sur le vague espoir d'être découverte en faisant mes courses. Si j'échouais, ce ne serait pas faute d'avoir essayé.
J'ai donc tout essayé. J'ai passé des heures, chaque jour, à soumettre ma candidature pour des spots publicitaires, des émissions de télévision, des longs métrages, des films d'étudiants, des pièces de théâtre, des publicités dans la presse, du doublage. Et j'ai travaillé avec assez de régularité, à défaut de glamour, dans un grand nombre de ces domaines. Mais je ne parvenais toujours pas à vivre de mon métier d'actrice, ce qui était pourtant mon but. J'ai donc redoublé d'efforts, battu le pavé, souvent au sens littéral du terme, et j'ai fini par me surmener. Il n'y avait tout simplement pas assez d'heures dans une journée pour convaincre tout le monde à Los Angeles que j'étais capable de jouer la fille marrante, l'héroïne intrépide, l'immigrante courageuse et l'épouse aigrie... tout cela dans un seul et même film ! Et lorsque les retombées n'ont pas été à la hauteur de mes investissements en temps, énergie et marketing créatif, je me suis sentie très déprimée. Que pouvais-je faire de plus ? Ne faisais-je pas déjà tout ce qu'il fallait pour lancer ma carrière ?
Toute ma vie, j'avais pu constater la grâce indicible que l'on retire en confiant ses désirs à Dieu. J'ai été élevée dans la Christian Science et il est normal pour moi de prier quand j'ai des problèmes et d'avoir confiance que mes prières apporteront la guérison, quelle que soit la situation. Or, soudain, je me suis rendu compte que, aveuglée par l'éclat trompeur des feux d'Hollywood, je n'avais pas du tout inclus Dieu dans mon équipe de relais. Est-ce que je pensais que Dieu était un simple spectateur ?
J'ai un petit carnet sur lequel je note des passages de la Bible et de Science et Santé qui se rapportent à mon activité et je me suis mise à le feuilleter. Voici un petit échantillon de ce que j'ai trouvé:
• « Quand nous nous attendons patiemment à Dieu... Il nous indique le chemin. » (Science et Santé, p. 254)
• « C'est moi qui ai suscité Cyrus dans ma justice, et j'aplanirai toutes ses voies. » (Ésaïe 45:13)
• « L'Entendement divin qui fit l'homme maintient Sa propre image et ressemblance. » (Science et Santé, p. 151)
• « ... nous ne pouvons rien perdre en confiant nos désirs à Dieu, afin qu'ils soient façonnés et élevés avant de prendre forme en paroles et en actions. » (ibid., p. 1)
• « Nous devons porter nos regards là où nous voudrions diriger nos pas et agir comme possédant tout pouvoir de Celui en qui nous avons notre être. » (ibid., p. 264)
• « Que personne ne vous séduise par de vains discours. » (Éph. 5:6)
Tous les conseils, tous les avertissements, toutes les statistiques négatives se rapportant aux acteurs... de « vains discours » ! Et moi qui les resservais tandis que je courais sur la piste en passant, à droite et à gauche, en guise de témoin, des « Je ceci », « Je cela »: « J'ai vraiment tout essayé ! » « Je ne peux rien faire de plus. » « Pourquoi est-ce que je ne trouve pas davantage de travail ? » « Quand vais-je rencontrer le succès ? » Il était vraiment temps, ai-je décidé, d'avoir une nouvelle version du « je ». Et c'est alors que j'ai lu ces paroles de Jésus, avec des commentaires que j'avais insérés, longtemps auparavant: « L'œil (confiance en Dieu) est la lampe (l'inspiration) du corps (carrière d'actrice). Si ton œil (confiance en Dieu) est en bon état (sans réserve), tout ton corps (carrière d'actrice) sera éclairé (pleine d'inspiration). » (Matthieu 6:22)
J'étais soulagée et reconnaissante. Avec Dieu pour inspiration, il n'y avait pas de relais. Il n'y avait pas de course. À la place, il y avait le réconfort clair et calme apporté par l'Amour divin, qui est illimité dans sa créativité et sa générosité. Je me rendais compte que dans cette course frénétique, je n'avais fait que du surplace. C'en était fini de mon plan sur vingt ans. Il était certain que le plan que Dieu avait pour moi, le reflet de Sa bonté et de Son abondance, serait plus beau que ce que je pouvais imaginer.
Alors, avec simplicité et humilité, j'ai renoncé à mon désir de gagner la course et j'ai décidé de concentrer mon énergie sur ma compréhension du lien qui m'unit à Dieu. Au lieu de commencer ma journée en cherchant frénétiquement à décrocher des auditions, j'ai prié pour comprendre que j'étais toujours employée au service de Dieu et que je pouvais travailler à exprimer les qualités spirituelles comme la confiance, la patience, l'amour et la générosité. Me débarrasser du sentiment qu'il y avait urgence à trouver du travail représentait au début une difficulté quasi insurmontable. Mais peu à peu, j'ai vu que ce stress ne pouvait venir de Dieu et je n'avais donc pas à être happée par lui. À mesure que je donnais la priorité à mes progrès spirituels, mes inquiétudes se sont évanouies et je me suis sentie « regonflée » par l'assurance qu'il était pris soin non seulement de moi, mais de tout acteur de Los Angeles.
Cette prière a eu des résultats rapides et tout naturels. Ce n'est pas que les propositions aient soudain afflué, mais le concept que j'avais d'une carrière d'actrice a changé. Il s'agissait moins d'obtenir un rôle que de comprendre humblement comment reconnaître et célébrer la douce présence divine, chaque jour. En conséquence, je me rendais aux auditions, pleine d'excitation, mais sans anxiété. Si je n'obtenais pas le rôle, je savais que la bonne personne l'avait eu, et je n'éprouvais ni jalousie ni ressentiment. Je sentais que mon identité était intacte et que ma vie avait un but plus clair que jamais auparavant. Je voyais dans chaque audition l'occasion d'exprimer la créativité et l'individualité illimitées de Dieu, qui ne pouvaient se manifester aux dépens d'une autre actrice.
Alors, parce que j'avais prié ainsi, lorsque j'ai eu une audition importante pour un rôle régulier dans un nouveau feuilleton télévisé, je ne me suis pas préparée sur la ligne de départ. Ma confiance dans l'inspiration divine m'a rendu le personnage tout à fait clair, et le déroulement de l'audition fut un véritable plaisir. Je me suis concentrée sur la gratitude, à chaque étape, pas seulement lorsque j'ai tendu le témoin à la personne soi-disant responsable. Après la première audition avec le directeur de casting, on m'a rappelée pour une audition avec les auteurs. Puis j'ai auditionné pour le studio. Puis pour la chaîne de télévision. Et puis soudain, j'ai obtenu le rôle. Tout s'est passé en douceur, avec grâce, en l'espace d'une semaine. Tout le bonheur d'être devenue une « actrice qui travaille » ne pouvait éclipser le profond sentiment d'amour qui me venait de Dieu.
Comprendre ma relation à Dieu est un processus qui ne s'arrête jamais. C'est quelquefois difficile, mais toujours enrichissant. C'est un peu comme ce que j'aime dans le métier d'actrice: cela demande une évolution infinie de la pensée et de l'action. Cela demande aussi, comme je le découvre avec humilité, un grand nombre de « prises ».
