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Le penser - Âme

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mai 2006


En Afrique, il est très important de pouvoir puiser aux sources de la spiritualité profonde du peuple, ce qui implique d'être en harmonie avec ce que Kiatezua Lubanzadio Luyaluka appelle « le penser-Ame ».

Mais que penser de la sorcellerie ? M. Luyaluka, qui est professeur et praticien de la Christian Science à Kinshasa, en République démocratique du Congo, est catégorique: « En Afrique, quand on aide une personne par la Christian Science, il faut traiter la croyance à la sorcellerie. » Quand on parle avec M. Luyaluka, on se rend compte de l'extraordinaire diversité des membres de la famille humaine. Or, où que l'on soit, il faut rencontrer les gens là où ils sont. La propagation et la prospérité de la Christian Science parmi les hommes pourrait bien emprunter des voies propres à chaque époque, à chaque lieu et à chaque peuple.

« J'ai connu la Christian Science à Mbandaka », m'a raconté M. Luyaluka, lors d'une paisible journée d'automne à Boston, l'année dernière. Mbandaka est une ville qui possède un port de pêche et un chantier naval, au bord du fleuve Congo, dans l'ouest de la République démocratique du Congo.

C'est un ami qui lui a donné un exemplaire du Héraut de la Christian Science. Il avait alors dix-neuf ans. Le Héraut lui a fait connaître Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy, livre qui l'a conduit à voir la Bible sous une lumière nouvelle.

« J'avais déjà lu la Bible », explique M. Luyaluka, mais je n'avais pas compris que la domination dont il y est question doit s'exercer ici et maintenant.

La Christian Science m'a permis de comprendre que l'homme est l'image et la ressemblance de Dieu maintenant même. Cela signifie que les qualités qui sont en Dieu sont aussi en moi: j'exprime la paix, la santé, la joie et la domination. » Cette prise de conscience a guéri M. Luyaluka d'un problème physique devant lequel la médecine s'était révélée impuissante.

Après avoir enseigné les mathématiques pendant sept ans tout en préparant un diplôme d'architecte, il a suivi un cours de Christian Science de deux semaines donné par un professeur de Christian Science autorisé. Des gens ont commencé à lui demander de l'aide par la prière pour résoudre leurs problèmes, et ils ont été guéris. En 1992, il est devenu praticien de la Christian Science à plein temps. En 1994, il a mis sa première annonce dans le Héraut, et il est professeur de Christian Science depuis 2003.

M. Luyaluka est également membre du Conseil des conférences de la Christian Science. Quand je l'ai rencontré, il revenait d'Haïti où il avait donné cinq conférences en cinq jours. Plus de cent personnes étaient présentes à chaque conférence, et la dernière a même attiré plus de deux cents personnes. Dès son retour, il a appris que des gens qui avaient assisté à ses conférences avaient eu des guérisons. M. Luyaluka s'était attaché à leur faire comprendre que Dieu est le seul pouvoir: « Ce qui m'a impressionné en Haïti, conclut-il, c'est d'y trouver le même climat mental qu'en Afrique. Les gens parlent du vaudou. Or le vaudou est similaire à ce qui se passe en Afrique, cela renvoie à la croyance à la sorcellerie. La peur de la sorcellerie est également très profonde en Haïti. Aussi ai-je aidé les gens à comprendre qu'ils peuvent combattre cette croyance, la vaincre, et prendre conscience du fait qu'ils sont un avec Dieu. »

Pour brosser un tableau général, quel est le plus grand défi auquel fait face la Christian Science en Afrique ? Ce défi est-il différent de ceux que le christianisme en général doit relever ?

Non, c'est le même. Le principal obstacle que rencontre le christianisme, c'est la difficulté à faire le lien avec la spiritualité qui est déjà répandue sur ce continent. Depuis le XVe siècle, les Occidentaux ont dit aux Africains qu'ils ne savaient rien, ou plutôt que leurs croyances n'avaient rien à voir avec la spiritualité, qu'elles étaient mêmes, d'ordre satanique. Mais au plus profond d'eux-mêmes, les Africains ne le croient pas. C'est ce qui explique en partie l'échec du christianisme.

C'est pourquoi l'une des grandes difficultés est de pouvoir établir une connexion entre la Christian Science et ce que les anciens connaissaient déjà du divin grâce à leurs enseignements spirituels et à leur connaissance intuitive de l'amour de Dieu. La Christian Science est la loi de Dieu, la loi de l'Amour. Cette loi de l'Amour était déjà à l'œuvre en Afrique, guérissant les malades, ressuscitant les morts, accomplissant des merveilles. Quand on y parle de la Christian Science, il est très important de savoir que les gens ont ressenti intuitivement ce pouvoir spirituel avant même d'avoir entendu prononcer les mots Christian Science. L'œuvre de Mary Baker Eddy apporte un exposé plus élevé – la Science – de ce que nos ancêtres connaissaient déjà, de façon intuitive, concernant la réalité spirituelle. Aussi le défi consiste-t-il à établir la connexion avec des intuitions qui sont familières aux Africains.

Comment présentez-vous Science et Santé sur votre continent ?

Je commence par expliquer que Science et Santé est un commentaire de la Bible. J'ajoute que ce n'est pas le seul commentaire biblique qui existe. Il y en a beaucoup. J'en ai moi-même quatre, et plusieurs ont été écrits par des spécialistes anglais et américains réputés. Mais je précise que le commentaire biblique de Mary Baker Eddy a ceci d'unique qu'il nous donne le message de guérison de la Parole de Dieu. Science et Santé est donc un commentaire de la Bible qui a une application pratique, et le message de guérison de cet ouvrage montre qu'il s'agit d'une révélation divine.

Quand je leur présente Science et Santé de cette façon, les gens s'y intéressent plus volontiers. Il leur est alors facile de s'approprier les idées qui sont dans le livre, car ce sont les idées sur la spiritualité, sur la guérison, dont ils ont besoin. Ils acceptent facilement ce message de guérison, car ils sont intimement persuadés de la nature mentale, et non physique, de la maladie. Ils savent au fond d'eux-mêmes que la maladie a toujours une cause mentale. Tant que cette cause mentale n'est pas traitée, la guérison n'intervient pas.

Si je comprends bien, une approche intelligente, compréhensive, des racines profondes de la culture africaine aide à établir la connexion avec les gens et à faire en sorte qu'ils puissent guérir par la Christian Science.

Absolument. En Afrique, il existe trois sortes d'enseignements: le divin, l'humain et le satanique. Pour parler comme les Africains, je dirais « les mystères divins », « les mystères humains » et « les mystères sataniques ». Les deux premiers étaient enseignés dans les écoles religieuses traditionnelles, il s'agissait donc d'enseignements légaux, autorisés par le gouvernement. Par contre, l'enseignement et la pratique des mystères sataniques ne l'étaient pas et se faisaient au mépris des lois.

Dans les mystères divins, les gens reçoivent l'inspiration par la purification des pensées. Ensuite, nous avons les mystères humains, où le pouvoir s'acquiert par des moyens humains. Ces mystères humains peuvent être utilisés soit dans un bon sens soit dans un mauvais, alors que les mystères divins ne peuvent s'utiliser que dans un bon sens. Dans les mystères sataniques, qui sont une perversion des mystères humains, le pouvoir dérive d'une dépravation de la pensée ou de mauvais esprits. Ce pouvoir ne peut servir qu'à faire le mal.

Ces trois sortes d'enseignements existent en Afrique depuis des siècles. Le plus puissant d'entre eux est l'enseignement divin. La plupart des gens se pensent liés à l'humain. Mais dans la mesure où le divin est présent ici même, il contrôle l'humain et permet à ceux qui sont dans l'humain d'utiliser leur pouvoir pour le bien. C'est cette influence du pouvoir divin dans les affaires humaines qui explique les progrès de l'Afrique.

Mais comme ces enseignements n'ont pas été compris par les missionnaires chrétiens et autres venus en Afrique, on a dit aux Africains que tout ce qu'ils avaient appris sur eux-mêmes était faux. Cette mauvaise approche a détruit la croyance des Africains aux mystères divins. Dès lors, ceux qui se sentaient en phase avec les mystères humains ont bien souvent été attirés par les mystères sataniques, ce qui a conduit au mauvais usage généralisé du pouvoir mental.

Jésus parlait à ses disciples des « mystères du royaume des cieux » (Matthieu 13:11). Selon le dictionnaire Larousse franco-anglais, les mystères consistent en un ensemble de doctrines secrètes et de rites initiatiques dont la révélation conduit au salut. En fin de compte, la Christian Science fournit un ensemble d'explications qui conduit à l'inspiration spirituelle. Faisant allusion à la signification des mystères du royaume des cieux, notre grand Maître dit: « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. » (Matthieu 5:8) La Christian Science est un véritable enseignement divin, dans lequel le pouvoir et l'inspiration s'acquièrent par la purification des pensées.

Pour que la Christian Science puisse aider les peuples africains, elle doit remplir le rôle de ce qu'ils estiment être les mystères divins et aider les gens à lutter contre leur plus grand problème: la sorcellerie.

Oui, parlez-nous de la sorcellerie.

Quand j'aide des Africains à ce sujet, je commence par leur faire comprendre que lorsque j'évoque la sorcellerie, je parle de l'utilisation de connaissances et du pouvoir dans le but de nuire. En Christian Science, cette activité est qualifiée de mauvaise pratique mentale. La sorcellerie n'est ni une connaissance ni un pouvoir, mais l'utilisation malveillante de ce qui semble être une connaissance et un pouvoir. Cette distinction est importante, car on apprend à tort à de nombreux Africains à mettre l'étiquette de sorcellerie sur toutes sortes de connaissances et de pouvoirs. La voyance, par exemple, le fait d'être capable de lire l'avenir, n'est pas de la sorcellerie. Être capable de guérir les malades grâce à des méthodes ancestrales n'est pas non plus de la sorcellerie, même si ceux qui soignent selon la tradition sont appelés à tort des sorciers. La sorcellerie concerne uniquement l'utilisation d'une connaissance et d'un pouvoir dans le but de nuire aux autres.

Pour lutter contre la sorcellerie on doit, me semble-t-il, être conscient de quatre choses.

En premier lieu, il faut savoir que le pouvoir de la sorcellerie peut être objectif ou subjectif. D'un point de vue objectif, son prétendu pouvoir dérive de la peur, de l'ignorance et de la haine qui gouvernent la victime. D'un point de vue subjectif, ce pouvoir viendrait de la croyance aux esprits. C'est pourquoi il faut commencer par manier la croyance aux esprits quand on s'attaque à la croyance à la sorcellerie. On y parvient en sachant que Dieu est l'unique Esprit véritable gouvernant l'homme, comme l'écrit Mary Baker Eddy dans Science et Santé: « Dieu gouverne l'homme, et Dieu est l'unique Esprit. » (p. 73) L'affirmation et la compréhension de cette vérité dépouillent la sorcellerie de son pouvoir et nous donnent la domination sur cette croyance.

Deuxièmement, il faut savoir que Dieu est l'unique Entendement. Lui seul pense, aussi l'homme ne peut-il recevoir de mauvaises pensées de quiconque, ni en envoyer.

Le troisième point est l'un des plus importants. C'est ce que j'appelle « l'avertissement ». Non pas un avertissement au sens physique du terme, mais la conviction mentale que le péché conduit à la souffrance, qu'il se détruit lui-même. Chaque fils et chaque fille de Dieu sait cela, car la connaissance vient de Dieu. Non seulement cette connaissance nous aide à faire barrage à la sorcellerie, mais elle nous permet d'aider le « sorcier » à échapper lui-même à la mauvaise pratique. On peut bien sûr prier pour soi afin de se protéger de la sorcellerie. Mais pour aider la personne qui fait de la mauvaise pratique à se détourner du péché, on doit comprendre que le péché se détruit lui-même par la souffrance. Mary Baker Eddy donne l'explication suivante: « Si un homme est alcoolique, esclave du tabac, ou particulièrement assujetti à l'une des formes innombrables du péché, combattez et détruisez ces erreurs par la vérité de l'être – en exposant à celui qui fait le mal la souffrance qu'entraîne sa soumission à de pareilles habitudes, et en le convainquant qu'il n'y a pas de plaisir réel dans les faux appétits.», (Science et Santé, p. 404) Cette recommandation est valable pour la sorcellerie, qui est une façon de faire le mal. Nous devons demander à notre Père qu'il fasse comprendre à la personne que ce qu'elle essaye de faire contre nous, elle le fait en réalité avec force contre elle-même. Nous devons demander au Père de lui ouvrir les yeux pour qu'elle comprenne que la sorcellerie est autodestructrice. C'est ainsi qu'elle pourra renoncer à la mauvaise pratique.

Enfin, le quatrième point consiste, selon le langage africain, à « maudire », c'est-à-dire à dénoncer systématiquement, la sorcellerie. Il ne s'agit pas de maudire le soi-disant sorcier, car on sait qu'il est en réalité le fils de Dieu. Il doit être béni. Être « averti » est la meilleure des bénédictions dont il a besoin. Cela lui fait comprendre qu'il doit renoncer à ce péché. Il faut faire la distinction entre la sorcellerie et lui, et comprendre le néant de la sorcellerie. Maudire la sorcellerie, c'est prendre conscience de son néant, en comprenant qu'elle n'a ni pouvoir, ni réalité, ni présence.

Qu'est-ce que la sorcellerie, concrètement?

C'est surtout une façon de penser destinée à nuire aux autres. La sorcellerie a toujours pour but de tuer, de voler ou de détruire. C'est un phénomène mental. En Afrique, c'est aussi l'utilisation volontaire des rêves nocturnes pour agir contre les individus. Quand je parle de l'utilisation volontaire des rêves nocturnes, je veux dire que les gens ont trop souvent eu l'occasion d'apprendre à utiliser le rêve lucide pour faire du bien ou du mal. Celui qui pratique la sorcellerie « programme » son rêve nocturne pour nuire à une personne. Lorsque cette personne dort, il accomplit dans ce rêve ses mauvaises actions contre la « victime ». Celle-ci, elle-même endormie, est inconsciente du mal qui lui est fait sur le plan onirique, mais elle est affectée durant ses moments d'éveil par une suggestion mentale inconsciente. Quelle que soit sa forme, le mal qui est fait au cours de ce rêve peut nuire à la personne endormie si celle-ci ne se protège pas. Mary Baker Eddy a écrit: « Scientistes Chrétiens, soyez une loi à vous-mêmes pour que la mauvaise pratique mentale ne puisse vous faire de mal, que vous dormiez ou que vous soyez éveillés. » (Science et Santé, p. 442) En Afrique, ce passage prend tout son sens.

Je ne veux pas dire que la plupart des Africains pratiquent la sorcellerie, mais une grande majorité en a peur. À cause de cette peur collective, la sorcellerie a acquis beaucoup de pouvoir, une plus grande emprise sur la société qu'en Occident. On est davantage conscient de ce mal quand on vit là-bas, alors que dans les sociétés occidentales, on est peu sensibilisé au problème. Mais les Africains cherchent à se protéger. Quand ils viennent en grand nombre dans les églises de la Christian Science, c'est surtout parce qu'ils espèrent avec confiance y trouver la solution, le moyen de se protéger contre la sorcellerie.

Devez-vous également traiter la croyance des Africains à ce que vous appelez les « mystères humains » ?

Absolument, parce que si les mystères humains impliquent le prétendu pouvoir qu'aurait l'entendement humain de faire le bien, ils impliquent aussi la foi aveugle en la matière ou le recours aux esprits des ancêtres.

En Afrique, les gens savent souvent lire dans les pensées des autres. Cette faculté est au cœur même de la culture africaine. Les Africains comprennent l'univers mental, qu'il soit positif ou négatif. Ils connaissent le pouvoir de la pensée. Or la Christian Science traite du pouvoir de la pensée divine. Mais il faut faire clairement la différence entre le pouvoir de la pensée divine et le pouvoir de la pensée humaine, largement répandu en Afrique.

La plupart de ceux qui commencent à s'intéresser à la Christian Science savent déjà que les pensées de quelqu'un peuvent avoir une influence, positive ou négative, sur les autres. Parfois, ils savent aussi utiliser la pensée pour exercer une emprise sur quelqu'un, en bien ou en mal. Pour enseigner la Christian Science, il faut donc s'élever au-dessus de tout cela. Faute de leur faire comprendre la différence qu'il y a entre le gouvernement humain de la pensée et la pensée qui cède à l'Entendement divin, ils en viendront à utiliser l'hypnotisme dans un but qui leur semblera positif. Au début, ils obtiendront peut-être de beaux résultats, et ils en concluront qu'ils détiennent un pouvoir personnel. La personnalité individuelle en tirera orgueil et vanité, ce qui sonnera le glas de leur pratique. Le traitement par l'hypnotisme dans un but positif expose le praticien à la mauvaise pratique de patients malveillants.

Il est donc très important de souligner la différence entre la pratique de la Christian Science et l'hypnotisme utilisé dans un but positif. Nous ne guérissons pas les gens en les traitant avec notre mentalité personnelle – l'hypnotisme « positif » –, mais en sachant que Dieu connaît tout ce qui est vrai à leur sujet.

Pour enseigner la Christian Science, je me suis rendu compte qu'il était nécessaire de montrer aux élèves, peut-être très imprégnés des mystères humains, qu'ils doivent d'abord cesser d'utiliser ces mystères dans un mauvais sens, puis renoncer à l'humain pour le divin. Je leur explique clairement que le fait d'utiliser les mystères humains dans un but positif ne conduit pas à la guérison véritable, et qu'en leur qualité de scientistes chrétiens, s'ils veulent être des praticiens vraiment efficaces, ils ne peuvent s'attarder dans les arcanes des mystères humains tout en cherchant le divin.

Parlons de la prière. Que doit-on prendre en compte, quand on prie ?

Jésus a dit: « Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » (Matthieu 6:6) Entrer dans la chambre ne signifie pas seulement être seul avec Dieu, mais prendre conscience du fait que Dieu est l'unique Esprit qui gouverne la pensée. Car même quand on prie seul et en silence, cela ne veut pas dire que tout le monde ignore ce que l'on dit mentalement. Il faut protéger ses pensées en comprenant que Dieu est l'unique Esprit gouvernant l'homme. Autrement, d'autres pourraient lire nos pensées et renverser nos prières. En Afrique, pour que la prière silencieuse soit vraiment privée, il faut être conscient du fait que Dieu est l'unique Esprit gouvernant la conscience.

Vous avez évoqué en d'autres occasions des différences entre la façon de penser des Africains et des Occidentaux. Vous disiez que nous ne raisonnons pas de la même façon. Pourriez-vous précisez votre pensée ?

Les Africains sont naturellement réceptifs à la Christian Science. La guérison spirituelle par la Christian Science est une chose naturelle pour eux parce qu'ils utilisent davantage le mode de pensée intuitif, ce que j'appelle le penser-Âme, que la simple logique humaine. Ce penser-Âme s'exerce quand l'homme est conscient de son rapport naturel au sacré.

Lorsqu'on pose une question difficile à un Occidental, il répond: « Je vais me documenter. » Il ouvre ses livres, pose des questions, fait des recherches dans une bibliothèque. Il est souvent persuadé que la réponse doit venir de l'intellect ou grâce à une recherche intellectuelle. Posez la même question à un ancien en Afrique, et il vous répond: « Laissez-moi le temps de dormir afin qu'un rêve me vienne en tête. » Il pense que la réponse vient du « sacré » de Dieu par l'intermédiaire de ses ancêtres. Mary Baker Eddy écrit: « Dans la Science, le bien individuel provenant de Dieu, l'infini Tout-en-tout, peut passer des défunts aux mortels; mais le mal n'est ni communicable ni scientifique. » (Science et Santé, p. 72) Il s'agit là de penser-Âme: on est plus enclin à croire à son intuition qu'à la raison. Ce n'est pas que l'on soit dépourvu de raison, mais l'intuition passe avant la raison. En Occident, au contraire, la raison passe souvent avant l'intuition. L'intuition doit être confirmée par la raison. Pour les Africains, l'intuition n'a pas besoin d'être confirmée par la raison, car ils pensent que l'intuition vient du ciel, et qu'il faut donc l'écouter.

Bien sûr, Mary Baker Eddy écrit: « La logique divine et la révélation coïncident. » (Science et Santé, p. 93) Pour moi, cela signifie que ces deux modes de pensée existent dans la Christian Science. En Occident, les gens utilisent le côté rationnel, mais nous, nous utilisons ce qui est du domaine de la révélation, c'est-à-dire le côté Âme de la pensée. Mary Baker Eddy écrit encore ceci: « Quand nous ressentons l'aspiration, l'humilité, la gratitude et l'amour qu'expriment nos paroles, Dieu les accepte. » (Science et Santé, p. 8)

Elle définit la prière comme quelque chose que l'on ressent, ce qui caractérise bien le mode de pensée africain. En fait, la pratique de la Christian Science est un art. En Occident, elle tend à être un art rationnel, alors qu'en Afrique elle est souvent perçue comme l'art de la révélation.

L'art d'exercer le pouvoir divin pour aider et pour guérir.

Exactement. J'aimerais vous raconter une histoire. Selon une tradition africaine, le premier être humain créé par Dieu était à la fois homme et femme, tout en un. Il était puissant et dominait sur toute la terre. Mais Dieu ordonna à ce premier être homme-femme de ne jamais se promener près du palmier sacré. Or l'être homme-femme alla se promener près de l'arbre. Il se retrouva divisé en un homme et une femme qui se sentirent faibles.

« Que faire pour revenir en arrière ? » se demandèrent-ils. Ils reprirent la direction du palmier sacré en sens inverse, mais sans résultat. « Marions-nous » dirent-ils alors. Mais ils se sentirent toujours aussi faibles. Il faut savoir que dans la plupart des tribus bantoues, il n'existe aucun mot pour dire droite et gauche. Pour dire gauche, on dit « la main femme », et pour dire droite, « la main homme ». Cela signifie qu'on enseignait que l'homme réel était toujours homme et femme. En réalité cet être originel n'avait jamais été séparé en deux êtres. Il en avait seulement l'impression à cause du péché de désobéissance au commandement de Dieu. Mais les Africains savent que si nous purifions notre pensée, nous trouverons cet être réel unifié en chacun de nous. Cet être réel indivisible – homme et femme (autrement dit, complet) – attend qu'on prenne conscience de sa réalité par la purification de la pensée. Cet être réel présent en chacun de nous, notre véritable nature, la Christian Science l'appelle le Christ.

En Afrique, la tribu Kongo possède des statues particulières. S'il s'agit d'une femme, on la représente la main droite levée. Si c'est un homme, c'est la main gauche qui est levée. L'homme lève la main gauche pour dire qu'il élève en lui la nature féminine afin d'être un être complètement unifié. La femme fait l'inverse, elle élève (prend conscience de) la nature masculine qui est en elle afin d'être complète.

Il est intéressant de noter que sur les vitraux de L'Église Mère, à Boston, on voit Jésus qui ressuscite un mort tout en levant la main gauche. Si on ouvre le livre Christ and Christmas de Mary Baker Eddy à la page 29, on voit la femme faire la même chose, mais en levant la main droite. Pour un Africain, cela symbolise le fait que la guérison s'accomplit lorsque le praticien devient conscient de la nature complète de Dieu, de l'être parfait, de la paternité et de la maternité de Dieu, du Christ. Et cela signifie beaucoup pour lui, parce qu'il sait que la guérison se produit quand on devient conscient du fait que le royaume de Dieu vient sur terre, ce qui est symbolisé par une main levée et l'autre abaissée vers la terre.

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