La Galerie de l'Académie de Florence, en Italie, abrite quatre marbres sculptés par Michel-Ange, dénommés les « Quatre Esclaves », et dont les silhouettes ne sont que partiellement achevées. Leurs bras, jambes et buste émergent de la pierre, mais ainsi que le suggère leur nom, chaque forme semble emprisonnée comme si elle se débattait pour s'extraire de la masse non encore sculptée.
Il est des moments où la plupart d'entre nous désirons de même émerger, nous libérer des imperfections et des limitations qui nous retiennent, nous entravent et nous font trébucher. Nous aspirons peut-être à être plus productifs, à être de meilleurs parents ou conjoints, de meilleurs patrons ou employés. Ou peut-être désirons-nous simplement voir notre caractère exprimer davantage de bonté.
Mais trop souvent, nous nous sentons incapables de changer. Une de mes amies m'a dit un jour qu'elle était incapable de se montrer patiente, cela lui était tout simplement impossible. Qu'il est triste d'être à ce point esclave de son caractère ! Pourtant, la plupart d'entre nous avons la même impression. La raison sous-jacente, c'est que nous croyons que nos défauts font partie intégrante de nous-mêmes, qu'ils sont gravés de façon indélébile dans la pierre de notre caractère: nous avons mauvais caractère parce que l'oncle Untel avait mauvais caractère; ou bien nous avons toujours été maladroits; ou encore ce n'est pas dans nos habitudes d'être soigneux... Cela semble être un combat perpétuel contre l'hérédité, les prédispositions, le caractère, le conditionnement psychologique et les attributs physiques.
Or, la Bible révèle que notre concept matériel de nous-mêmes est faux et que les limites qui y sont associées sont donc tout autant erronées. La Bible toutefois ne s'arrête pas là: elle nous offre une conception différente de l'identité, qui est spirituellement parfaite, car notre Créateur est l'Esprit infini. Notre individualité réelle, créée par Dieu, sera toujours bonne, et nos capacités dispensées par Dieu sont forcément parfaites et sans limites.
Ces perspectives nous donnent l'espoir de nous améliorer pour surmonter nos défauts, même les plus tenaces. De même qu'il est possible de se représenter les sculptures de Michel-Ange dans la plénitude de leurs formes humaines, nous pouvons commencer à reconnaître que notre identité véritable est complète et spirituelle, absolument indépendante de notre développement matériel. Notre vraie identité, qui est ce que l'Esprit connaît de nous, ne lutte pas pour émerger de la matière, car la vérité de l'être de chacun n'en est jamais sortie. Nous commençons alors à prendre conscience que nous ne travaillons pas pour atteindre un état d'achèvement plus élevé mais que, dans la lumière de l'Esprit infini ou Amour parfait, une conception matérielle de nous-mêmes ne peut que céder à ce que Dieu connaît déjà et seulement, c'est-à-dire à notre individualité spirituelle.
Ce qu'il faut, c'est reconnaître qu'un concept matériel de l'identité est faux, et qu'il est nécessaire d'échanger ce faux concept contre un vrai. Il est question dans la Bible de se « dépouiller [...] du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses » et de « revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité. » (Éphésiens 4:21, 22, 24) Ces quelques mots résument la distinction qui existe entre le concept matériel de nous-mêmes, imparfait par nature car il est erroné, et la vérité spirituelle concernant notre identité qui exprime la perfection de Dieu. Le « vieil homme » n'est pas réellement nous-mêmes et il doit donc disparaître, ce qu'il ne manquera pas de faire. Ce processus de disparition est la nouvelle naissance spirituelle.
La renaissance spirituelle était une partie essentielle du ministère de Christ Jésus. Jésus a dit au pharisien Nicodème qu'il fallait naître à nouveau avant de pouvoir entrer dans le royaume de Dieu et vivre le bonheur et la liberté établis par Dieu. Il lui a indiqué que l'on doit complètement changer sa conception de l'homme, car la chair n'est pas de Dieu, l'Esprit. Il a expliqué: « Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne t'étonne pas que je t'aie dit: Il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit. » (Jean 3:6-8)
Stupéfait, Nicodème demanda alors comment cela pouvait bien se faire. Il raisonnait à partir des sens matériels. Le sens spirituel lui était nécessaire pour pouvoir saisir les réalités de l'Esprit et de ses créations, et il devait naître à nouveau grâce à une transformation spirituelle de sa pensée et de sa vie. Voilà la nouvelle naissance dont nous avons tous besoin.
On pourrait dire que cette renaissance s'effectue de deux manières différentes. La première consiste à apprendre à raisonner spirituellement. Cela veut dire qu'il faut raisonner à partir de ce qu'est Dieu et de ce qu'est Sa création en tant qu'expression de l'Esprit. L'apôtre Paul nous dit comment y parvenir. Il écrit: « [...] nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. » (II Corinthiens 4:18)
Les « choses visibles » représentent notre perception physique de l'identité et de ses caractéristiques: de façon consciente ou non, nous avons tendance à accepter ce qui se voit physiquement et nous en tirons des conclusions, puis, par défaut, nous acceptons les limitations que nous impose la matérialité. Paul, toutefois, nous disait bien qu'il faut regarder aux choses invisibles.
Nous le faisons grâce à la prière, en nous détournant mentalement de ce que nous disent les cinq sens et en raisonnant au contraire à partir de la base de la perfection de Dieu. Si, en effet, la source divine de tout être est parfaite, il s'ensuit que ce qu'Il crée doit aussi être parfait. Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy explique: « Lorsque nos conclusions sur l'homme sont tirées de l'imperfection et non de la perfection, nous ne pouvons pas plus arriver à la vraie conception ou compréhension de l'homme et nous identifier à cette conception, que le sculpteur ne peut perfectionner son ébauche en partant d'un modèle imparfait, ou que le peintre ne peut représenter la forme et le visage de Jésus en ayant dans la pensée le caractère de Judas. » Elle ajoute: « Les conceptions de la pensée mortelle erronée doivent céder à l'idéal de tout ce qui est parfait et éternel. » (p. 259-260)
La Christian Science enseigne que Dieu est l'Entendement divin infini, le Principe créateur intelligent de tout ce qui existe réellement. Étant l'image, ou le reflet, de Dieu – idée qui nous est communiquée par la Bible – nous avons en nous les capacités comprises dans l'Entendement Lui-même. Nous reflétons ces capacités. Le reflet de Dieu est l'image divinement mentale créée par l'Entendement. En d'autres termes, nous sommes la propre idée qu'a l'Entendement de Lui-même. L'Entendement divin connaît Sa propre nature parfaite, perfection qui s'exprime partout dans l'infini des idées de l'Entendement, dans l'identité de chaque homme ou femme. Par réflexion, l'identité de l'homme est le miroir de la nature de Dieu.
Puisque nous reflétons, par exemple, la substance de l'Entendement, nous possédons l'intelligence pour résoudre tout ce qui se présente à nous, nous avons la sagesse d'agir sans retard et de façon efficace, et nous sommes aussi doués de la perspicacité qui nous permet de discerner à l'avance les besoins et de prévenir les problèmes. Étant donné que notre vraie identité est l'image de l'Amour divin, nous avons la patience nécessaire pour faire face aux épreuves, l'amour pour discerner les véritables besoins d'un membre de la famille ou d'un collègue, l'altruisme pour effectuer notre travail avec joie. Nous avons été créés par l'Âme, Dieu, pour exprimer l'Âme, et nos capacités sont par conséquent éternelles, complètes et toujours neuves. Au lieu de s'user ou de se détériorer, les attributs de l'Âme se manifestent sans cesse en nous dans toute leur plénitude. Ils sont parfaits, se développent et s'épanouissent toujours, aussi les compétences dont nous avons besoin ne nous font-elles jamais défaut. Aucune situation n'est insurmontable. Il n'y a jamais de situation impossible à résoudre.
Le fait de prier chaque jour pour reconnaître notre identité à la ressemblance de l'Entendement divin nous aide à comprendre plus pleinement ce que nous sommes en réalité. Nous ne sommes pas des mortels luttant pour nous libérer d'une personnalité matérielle, nous sommes en réalité l'image spirituelle achevée de Dieu. Nous exprimons la nature de Dieu, et non la nature de la mortalité, inachevée et imparfaite. Lorsque nous comprenons mieux ce qu'est notre véritable identité, celle-ci apparaît alors de façon plus évidente. Nous nous apercevons que là où auparavant une faculté essentielle semblait nous manquer, le vide est comblé par la compétence nécessaire. Là où un défaut de caractère nous « collait à la peau », nous trouvons en nous la bonté de l'Âme. Dans les termes de Mary Baker Eddy: « Une connaissance de la Science de l'être développe les facultés et les possibilités latentes de l'homme. » (ibid. p. 128)
La deuxième façon d'effectuer la renaissance spirituelle, c'est de cultiver l'esprit du Christ, c'est d'apprendre à vivre plus pleinement les qualités divines que Jésus a incarnées, et que nous possédons également. Jésus a dit à Nicodème que nous devons « naître d'eau et d'Esprit ». Le baptême spirituel, ou purification de la pensée, mous améliore en profondeur, car plus nous exprimerons de pureté et moins notre pensée sera matérialiste. Le matérialisme soutient, et même constitue, toutes les limites de la chair; donc, si le matérialisme diminue, nos imperfections humaines s'éliminent naturellement, et nos compétences réelles se révèlent, toujours présentes et semblables à celles de Dieu.
Mais alors, qu'est-ce qui tente de nous empêcher d'exprimer les capacités que Dieu nous a données ? L'un des obstacles est l'orgueil: bien que ce trait de caractère soit souvent admiré de nos jours, voire encouragé, l'orgueil obscurcit la perception de notre unité avec Dieu; il entretient l'idée que nous sommes un esprit limité qui ne doit compter que sur lui-même pour réussir, plutôt que l'image, l'enfant chéri de notre Père-Mère Dieu, dont l'intelligence, la force, la bonté dépendent entièrement. Mais nous ne sommes pas obligés de subir l'influence de l'orgueil, car l'humilité représente notre état naturel. L'humilité nous permet de ressentir la présence aimante de Dieu de façon plus tangible et d'être réceptifs aux conseils de l'Amour divin. Elle nous rend capables de mieux discerner tout ce que nous avons reçu de Dieu. Grâce à l'humilité, nous abordons chaque tâche avec une paix plus grande, car nous nous reposons sur notre Père-Mère, dans la certitude que l'Amour divin nous rendra capables d'accomplir tout ce que nous avons à faire.
À mesure que nous nous purifions de traits de caractère matérialistes, nous nous libérons de leurs entraves. Lorsque, par exemple, le ressentiment laisse la place au pardon et à la gentillesse, nous découvrons cette liberté naturelle d'aimer qui est en nous. Et refléter l'amour divin, c'est refléter le vrai pouvoir. Lorsque nous cessons de nous plaindre de façon chronique et que nous nous mettons à être reconnaissants pour la bonté de Dieu, nous reconnaissons davantage le bien infini qui remplit toute la création. Les écluses du bien s'ouvrent, notamment sur des perspectives qui nous semblaient auparavant fermées.
Mary Baker Eddy a écrit: « Quelle pensée éclairée par la foi que celle-ci ! – savoir que les mortels peuvent dépouiller le "vieil homme", jusqu'à ce que l'on découvre que l'homme est l'image du bien infini que nous nommons Dieu, et que la stature parfaite de l'homme en Christ apparaisse. » (Écrits divers, p. 15) N'est-ce pas là la véritable essence de l'amélioration de soi ? Nous n'essayons pas simplement de rajuster le caractère mortel, nous nous dépouillons du mortel afin de découvrir notre véritable caractère à l'image du Divin.
Les possibilités que recèle notre individualité spirituelle sont sans bornes, car Dieu, dont la nature est elle-même sans bornes, fait toujours en sorte que nous manifestions Sa perfection infinie. Le bien que nous pouvons accomplir est sans fin, et ce bien se révèle dans la mesure où nous naissons à nouveau.
