Qui ne s'est senti friser le désespoir en entendant la liste des onze options enregistrées à l'autre bout du téléphone: « Pour ceci, tapez un, pour cela, tapez deux... etc. » ?
En général, il est vrai, l'automation permet de réduire les frais de personnel, de gagner du temps et de rendre les choses plus efficaces. Personne ne veut revenir aux téléphones à cadrans ou aux machines à écrire d'autrefois, mais tout est en passe de croître de manière exponentielle dans les domaines de l'intelligence artificielle et de la nanotechnologie – science qui permet de programmer des mécanismes minuscules qui peuvent « apprendre » et se reproduire rapidement en améliorant leurs performances.
Y a-t-il quelque chose dans tout cela qui mérite une vigilance spirituelle ? Il serait surprenant que ce ne soit pas le cas. Le problème pourrait être en fait de savoir ce qui arriverait au concept que nous avons de nous-mêmes, si nous ne montions pas la garde spirituellement. Considérez ces personnes qui, au téléphone, essaient de trouver un vrai interlocuteur qui pourrait les aider avec plus de souplesse, plus de gentillesse et plus de compréhension que les robots à synthèse vocale. Il se peut qu'elles aient l'impression d'être un tout petit « moi » pris dans la grande toile de l'automation.
Quand de telles situations se répètent pour des millions de personnes et de manière encore plus sophistiquée, le sentiment d'insignifiance et d'impuissance du petit « moi » augmente d'autant à l'échelle planétaire.
Un film récent, « Robot Stories », raconte la vie d'êtres humains qui s'efforcent d'améliorer leur existence et à qui on offre des expédients futuristes robotisés ou numérisés; mais, très vite, ceux-ci font au contraire ressortir le fait que l'amour désintéressé des humains, leur esprit et leur courage sont de plus en plus nécessaires.
Il se peut que le message (surprenant) à tirer soit le suivant: l'humanité doit continuer à croître spirituellement pour ne pas être submergée par l'automation ou l'intelligence artificielle. Plus nous aurons tendance à croire que l'intelligence et les capacités d'adaptation ont une base matérielle – sont localisées dans la matière – plus nous nous considérerons comme des êtres-machines, et plus nous nous sentirons impuissants dans de nombreux domaines.
Ceci est déjà évident dans un cas simple: Si je veux maîtriser la dernière génération d'ordinateurs et de logiciels pour en tirer le meilleur parti, il s'agit essentiellement d'un défi spirituel. Pourquoi ? Parce qu'il me faut un savoir-faire, de l'intelligence, des capacités et de la confiance. Une meilleure idée de moi-même m'est nécessaire, je dois arrêter de penser que je suis en situation d'infériorité face à un système automatique préétabli. En fin de compte, j'ai besoin d'un meilleur concept de moi-même en tant qu'expression de Dieu, sans limites, et je dois veiller à ne pas tomber dans le piège consistant à me classer dans la même catégorie que des machines matérielles limitées.
Dans un commentaire qui démontre une commentaire qui démontre une intuition spirituelle apparue bien avant nos débats actuels, Mary Baker Eddy, qui a découvert et fondé la Christian Science, a posé une question qui va au cœur – ou au sommet – du vrai problème: « Si l'Entendement seul agit, comment le mécanisme peut-il être automatique ? L'entendement mortel perpétue sa propre pensée. Il construit une machine, la fait marcher, et la qualifie ensuite de matérielle. » (Science et Santé, p. 399) La nature illimitée de Dieu, l'Entendement divin, implique que Sa création, y compris l'homme au sens générique du terme, représente Son action totale. Son image n'est jamais enfermée, jamais préétablie, mais possède toujours la liberté spontanée qu'un Dieu infiniment intelligent et aimant accorde à Sa ressemblance.
Que ce soit dans un monde biblique où prédominaient le pouvoir du roi et l'esclavage, ou dans le monde actuel avec le poids de ses énormes compagnies commerciales et ses complexités administratives, les hommes ont toujours eu besoin de pouvoir s'en remettre à quelque chose de plus élevé. L'intelligence divine infinie et l'amour divin transcendent tout scénario humain. C'est pour cela que nous pouvons nous appuyer sur cet aspect divin de la vie, vraiment réel et substantiel.
Lorsqu'on est animé par cette nouvelle et plus large vue de soi-même, on ressent une libération. On n'est plus une victime, tétanisée devant des choix finis et préétablis, mais le témoin de l'infini, de l'omniprésence et du caractère purement naturel du bien. La Bible emploie le verbe « revivre » et l'applique à tous les fils et les filles de Dieu. Le psalmiste écrit: « Me voici collé à la poussière; selon Ta parole, fais moi revivre. » (Ps. 119:25, Traduction œcuménique de la Bible)
Un de mes amis parle d'« observer Dieu en action ». Et nous pouvons « observer », trouver des solutions concrètes et pratiques pour contourner ou surmonter des obstacles. Nous pouvons avoir des idées inattendues, de nouveaux concepts, et trouver de nouvelles solutions a priori « inconcevables ».
Il semble qu'il soit temps de rétablir, avec une compréhension plus spirituellement scientifique, la vision biblique initiale de la Genèse dans laquelle l'homme est la création du seul Moi ou Je suis: « Puis Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine... » (Gen. 1:26)
