Dans le monde entier, des parents se font du souci pour leurs enfants: où vont-ils avec leurs amis, que font-ils une fois arrivés... En Angola, comme partout ailleurs, les enfants veulent généralement imiter ce qu'ils voient à la télévision ou dans les films. Puis, quand ils deviennent adolescents, ils veulent se créer un monde à eux, découvrir tout par eux-mêmes, pour affirmer leur individualité. Pendant cette « période de rejet », comme on l'appelle parfois, les jeunes remettent souvent en question les valeurs de leurs parents.
C'est ce qui s'est passé avec mon fils quand il a atteint cet âge. Il a commencé à fréquenter les bars pour boire avec ses amis. Quelquefois, il ne rentrait même pas dormir à la maison. Tout ce que je tentais de faire pour changer la situation s'avérait sans effet. Vous pouvez imaginer la crainte que ma femme et moi ressentions. À ce moment-là, notre pays était en proie à la guerre civile, et presque tout le monde était armé. Voyant que la situation ne faisait qu'empirer, je savais que je devais faire quelque chose pour assurer la sécurité de mon fils.
Finalement, cette démarche eut beaucoup plus à faire avec moi qu'avec lui. Je me suis rendu compte qu'il fallait que je change ma façon de penser à propos de mon fils et de ce que j'attendais de lui.
La Bible est remplie d'exemples de gens qui se sont tournés vers Dieu dans des situations menaçantes. Quand ils ont trouvé leur sécurité dans une compréhension de la présence et de la puissance de Dieu, il s'en est suivi un changement dans la situation. Cela renvoie à ce qu'a dit Mary Baker Eddy: « Le fait central de la Bible est la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir physique. » (Science et Santé, p. 131)
Je me suis donc tourné vers la Bible pour y puiser de l'inspiration. Des versets du livre des Proverbes furent la base de ma prière: « Les projets que forme le cœur dépendent de l'homme, mais la réponse que donne la bouche vient de l'Éternel[...] Recommande à l'Éternel tes œuvres, et tes projets réussiront. » (Prov. 16:1, 3) J'ai compris à partir de là que mes pensées seraient établies par Dieu, qu'Il me donnerait ce dont j'avais besoin pour trouver la paix.
Un verset des Psaumes m'a aussi aidé à voir dans quelle voie mes pensées devaient se diriger: « Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables... » (Ps. 139:14) Ce rappel du fait que mon fils, en tant que l'une des « œuvres » de Dieu, était « admirable », m'a fait beaucoup de bien: ses inclinations naturelles – sa nature spirituelle – le portaient donc à être bon, à être réceptif à Dieu quand il était seul, à posséder l'intuition spirituelle qui lui indiquerait ce dont il avait besoin pour rester sain et sauf. Quel contraste avec mes anciens jugements sur mon fils et son entourage !
Dans le livre de la Genèse, Dieu a promis que Sa création aurait la domination sur le mal, y compris sur tout ce qui rampe sur la terre. En examinant ce qui « rampait » dans ma conscience et prétendait me dominer, j'ai trouvé la crainte, le doute et la désapprobation, qui étaient tous liés à l'image que j'avais de mon fils. Il m'est alors venu à l'idée que c'était moi qui pensais que mon fils faisait des choix discutables, mais que Dieu ne le voyait pas de cette manière. Mon fils n'avait jamais été seul ni sans défense, parce que son Père-Mère avait toujours été à ses côtés, même quand il ne rentrait pas la nuit et que moi je ne savais pas où il se trouvait.
Tout ceci m'a conduit à abandonner mes idées personnelles sur ce que mon fils devrait ou ne devrait pas faire, et à reconnaître que seule la volonté de Dieu pouvait être faite. Et cette volonté devait nécessairement être aussi bonne que Dieu est bon. Un autre changement nécessaire s'est effectué en moi: je me suis mis à éprouver de la gratitude, de la reconnaissance pour ce qui était en réalité la nature spirituelle de mon fils. Comme je l'avais déjà constaté, la gratitude est ce qui ouvre la porte à la guérison. J'ai prié ainsi: « Je suis reconnaissant, Père, car je sais que Tu es toujours présent pour prendre soin de Tes enfants, pour les guider, les protéger, les défendre et répondre à leurs besoins. » Rapidement, je me suis aperçu que mon fils possédait des qualités évidentes dont je pouvais être reconnaissant. Il avait toujours de bonnes notes au lycée; quand d'autres jeunes cherchaient à provoquer les garçons de son groupe ou à se battre avec eux, il était celui qui s'efforçait de ramener la paix; et même si ses compagnons fumaient ou se droguaient, il nous avait assuré que lui s'en abstenait. Donc, même s'il buvait, il y avait déjà de quoi être reconnaissant.
Au total, j'ai acquis un meilleur sens de ce qu'est la prière. Prier n'est pas synonyme d'implorer Dieu, c'est plutôt reconnaître la puissance de Dieu qui agit au moment présent, une puissance qui annihile le mal comme la lumière annihile l'obscurité. J'aime comparer la prière à la pluie qui permet à l'herbe de pousser. La pluie n'a pas à forcer l'herbe à pousser. La croissance est une réaction toute naturelle à la pluie.
En fin de compte, notre famille a pu constater l'effet naturel de cette prière quand mon fils s'est arrêté de boire et n'est plus sorti avec ce groupe d'amis. Il est intéressant de noter qu'il a cessé de faire ce que je désapprouvais, sans que j'aie eu à le forcer.
Cela a été ma plus grande leçon. La vraie guérison, pour moi, a été d'apprendre à mieux prier pour mes enfants. J'ai appris que, lorsque je pense que quelque chose n'est pas bien pour eux, je n'ai pas à changer leurs pensées, leur attitude ou leur comportement. Je dois plutôt corriger ma propre pensée et voir leurs qualités les plus hautes: leur identité spirituelle que Dieu voit.
Cela me rappelle les mots de Mary Baker Eddy dans Science et Santé: « Les mortels doivent porter leurs regards au-delà des formes finies et évanescentes, s'ils veulent trouver le vrai sens des choses. » (Science et Santé, p. 264) Quand j'ai vu mon fils de la façon dont son vrai Père, Dieu, le voit, j'ai obtenu la paix. Et tous les membres de notre famille en ont été bénis.
