Dans le monde de l'art, il existe une croyance largement répandue selon laquelle la douleur et la souffrance font nécessairement partie du processus de création et que, pour être productifs, les artistes doivent être émotifs et souffrir: c'est ce qu'on appelle le tempérament d'artiste, et je m'y suis trouvée confrontée.
A la faculté, nous avions des discussions tout à fait passionnées au sujet du processus de création. Professeurs et étudiants étaient d'accord sur le fait que, tout comme le conflit est l'essence même du théâtre, la tension est à la racine de toute création: la tension entre des éléments opposés tels que par exemple l'ombre et la lumière, le bien et le mal, la vérité et l'erreur. La vibration entre deux opposés déclenche le phénomène de créativité. Cette même tension se manifeste dans le tempérament d'artiste, ses hauts et ses bas, ses moments de dépression ou d'exaltation, de contrôle de soi ou de dépendance.
D'un côté, cette perception ne me semblait pas fausse, car artiste moi-même, je ressentais bien cette tension mais, comme j'étais scientiste chrétienne, elle me dérangeait par ailleurs. Comment pouvais-je accepter qu'un univers formé par un Dieu entièrement bon, inclue obligatoirement des éléments conflictuels, ou que la création du beau doive naître de la souffrance et de la lutte ? Il me semblait aussi que, si deux choses étaient vraiment opposées, elles ne devraient pas générer de tension, mais s'annuler mutuellement: la Vérité n'est pas en conflit avec un mensonge, elle le détruit.
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