Michel-Ange disait: « Tout bloc de marbre contient une statue. Il appartient au sculpteur de la découvrir. » Telle est, à mes yeux, l'essence de la créativité. On ne crée quelque chose à partir de rien. On se contente de découvrir ce que Dieu a déjà créé.
Je suis ingénieur mécanicien. Quand je conçois des projets, je ne m'imagine pas en train de créer quoi que ce soit. Je ne peux rien créer. J'ouvre simplement les yeux pour reconnaître un ordre, une harmonie, une suite d'idées qui sont déjà présents. Si je suis obligé de passer par tout un processus pour les découvrir, c'est que je dois en fait me débarrasser de toutes sortes de limites que je m'impose ou que j'impose à d'autres.
Au moment où je parviens à résoudre un problème, la solution paraît des plus évidentes. Je sais ainsi qu'elle ne m'appartient pas. Quand une idée est à ce point juste et parfaite, qui d'autre que Dieu aurait pu la créer ?
J'ai constaté que plus je reconnais la présence de cette source infinie des idées, qui n'a nul besoin d'être développée, apprise ou créée, plus la créativité de Dieu se manifeste dans mon travail et mon existence.
A mes yeux, ce n'est pas le fait du hasard si j'ai connu l'une de mes périodes les plus productives quand j'ai tenu le poste de lecteur dans mon église filiale de l'Église du Christ, Scientiste. Reconnaître chaque jour la présence de Dieu fait partie intégrante du travail de lecteur. Cela a exercé une nette influence sur ma créativité dans le cadre professionnel.
Je me souviens d'un certain contrat en particulier. Un grand constructeur aéronautique avait fait appel à notre société pour que nous trouvions une solution à un problème technique. Le nouvel avion de ce constructeur présentait de graves défaillances dans les essais en vol à cause du mauvais fonctionnement d'un détecteur. Des sommes astronomiques avaient été dépensées sans succès pour résoudre ce problème.
Le constructeur recherchait quelqu'un qui pourrait concevoir, en un temps record, un nouveau type de détecteur qui résoudrait tous les problèmes et permettrait de reprendre le programme d'essais. C'était là beaucoup demander: résoudre de tels problèmes exigeait des niveaux de performance jusque-là inégalés dans l'industrie aéronautique. De plus, nous étions soumis à de fortes pressions, car ce contrat était important pour notre société.
En très peu de temps, j'ai été capable de déterminer exactement la façon de résoudre le problème. Avec une totale liberté de pensée, j'ai adopté une approche conceptuelle qui sortait des sentiers battus, ce qui était indispensable pour parvenir à la solution. Le client a choisi mon projet parmi ceux de plusieurs sociétés concurrentes. Nous avons développé le produit en un temps record. Non seulement les performances du nouveau détecteur dépassaient toutes les attentes, mais grâce à cette nouvelle pièce le constructeur a pu venir à bout de tout ce qui limitait les performances de l'avion.
Pour finir, le constructeur m'a décerné une récompense pour ce projet qui l'avait tant impressionné par sa performance et sa fiabilité. Mais cela semblait si naturel à mes yeux ! Quand je repense à ce projet, je sais que je n'y étais pour rien. Ce n'était pas mon idée. C'était Dieu qui S'-exprimait Lui-même.
Bien sûr, j'ai été très heureux de voir mon travail reconnu. Mais pas un seul moment je ne me permettrais de croire que je suis le créateur de quoi que ce soit. Dès que l'on commence à se sentir personnellement responsable, on se limite. On peut tout aussi bien réussir qu'échouer dans ses projets. Mais quand on comprend qu'il ne saurait y avoir qu'une seule source à la base de toute idée juste, la créativité se manifeste forcément dans l'expérience individuelle de chacun. Rien ne peut s'y opposer.
