J'avais parcouru près de 800 kilomètres pour arriver à San Diego, afin de rendre visite à mon meilleur ami de lycée. Lors de ma première nuit sur place, nous avons été agressés à la sortie d'un restaurant. Pendant qu'un homme menaçait mon ami avec un revolver, un autre homme très grand est venu vers moi en courant d'une direction opposée et il m'a frappé au visage, me jetant à terre. Un complice s'est alors montré et nous a donné des coups de pied afin de nous maintenir au sol, pendant que les deux autres détalaient.
Alors que j'aurais pu éprouver de la souffrance et de la colère, il n'en a rien été. Depuis quelque temps je travaillais l'idée d'aimer davantage mon prochain, et même à l'occasion de cette agression, j'ai en fait ressenti une franche compassion pour ces trois hommes. J'ai été capable de les voir comme des enfants innocents de Dieu, plutôt que comme des brutes menaçantes. Cela m'est venu naturellement, parce que j'avais compris que la source de l'amour est l'Amour divin, ou Dieu. J'avais appris qu'il n'est pas suffisant d'aimer lorsque cela semble facile. Si l'amour a sa source dans le Divin, il est naturel pour quiconque d'aimer à tout moment, parce que Dieu aime tout le temps. Chacun mérite d'être aimé, et ce de façon inconditionnelle. Après l'agression, j'ai également prié pour moi-même, sachant que le pouvoir de l'Amour pouvait aussi me guérir de la blessure que j'avais reçue à la mâchoire.
Lorsque les hommes ont été partis, mon ami, qui avait été moins gravement blessé que moi, m'a aidé à me rendre dans un hôtel tout proche où il a appelé la police. A leur arrivée, les policiers, au vu de mon état, ont insisté pour que je me rende à l'hôpital. J'ai d'abord appelé ma mère et lui ai demandé de téléphoner à un praticien de la Christian Science afin qu'il prie avec moi.
Comme je voulais m'appuyer sur la Christian Science pour la guérison, je n'ai accepté que quelques points de suture à l'hôpital, rien de plus. C'était déjà le petit matin lorsque j'ai été reconduit à mon hôtel. Mais j'avais besoin de quelque réconfort pour passer le reste de la nuit. Le fait de penser à un cantique que Mary Baker Eddy a écrit, intitulé « Prière du soir de «Mère» », m'a aidé, et plus particulièrement la seconde strophe: «... Notre refuge est dans l'Amour divin, / Et du Très-Haut la demeure est tout près: / Son bras encercle tendrement les Siens. » (Hymnaire de la Christian Science, n° 207) La pensée que j'avais mon refuge en Dieu, particulièrement dans cette situation difficile où j'étais, loin de ceux que j'aimais, m'a beaucoup réconforté.
Comme mes deux dents de devant n'étaient plus à leur place à la suite du choc, j'ai décidé de consulter un spécialiste à mon retour chez moi, le jour suivant. Selon le diagnostic qu'il établit, il devait reconstruire complètement la mâchoire. Mais la première étape devait consister à me poser un appareil qui maintiendrait ma bouche fermée pendant six semaines. Ensuite, il serait possible que j'aie besoin d'une opération chirurgicale pour que l'on puisse m'ouvrir la bouche. Avant l'examen, j'avais dit au dentiste que je m'appuyais habituellement sur la prière pour me guérir. A ce moment-là, sur la base de ce qu'il avait constaté, il me dit que si lui-même croyait à la guérison spirituelle comme moi j'y croyais, il choisirait cette méthode dans ce cas précis. Je lui répondis que c'était là tout ce que j'avais besoin d'entendre.
A ce stade, j'ai demandé à nouveau au praticien un traitement spirituel. Nous sommes restés en contact quotidiennement, et j'ai également consacré du temps à prier et à méditer de mon côte. J'ai pensé au fait que je peux toujours me tourner vers Dieu. Même quand l'aide humaine n'est pas possible, il y a toujours une loi spirituelle à laquelle je peux faire appel, car Dieu est le Principe de ces lois qui apportent le salut, et Sa loi est aussi la loi de l'amour. J'ai appris davantage sur ce fait en lisant un passage de Science et Santé: « Nous devrions nous familiariser davantage avec le bien qu'avec le mal et nous défendre contre les fausses croyances avec une vigilance semblable à celle qui nous fait barrer la porte aux voleurs et aux assassins qui s'approchent. Nous devrions aimer nos ennemis et les aider en prenant pour base la Règle d'or... » (p. 234)
Jour après jour, je pouvais sentir que mes dents se remettaient en place. Au bout d'une semaine, j'étais à même de mâcher des aliments tendres, et deux semaines plus tard – pas six, comme l'avait prédit le médecin – je pouvais mâcher une nourriture déjà moins tendre. Après un mois environ, mes deux dents de devant avaient repris leur place, et bientôt ma mâchoire a repris son état normal. Le plus remarquable peut-être, c'est que je n'ai jamais ressenti de douleur, que ce soit pendant l'agression ou lors de mon rétablissement. J'attribue cela au fait que j'étais totalement conscient de la présence de l'Amour divin pendant toute cette expérience.
San Francisco (Californie), États-Unis
