Je suis compositeur et pianiste. Depuis l'enfance, on m'avait fortement recommandé de préserver mes mains de toute activité qui exigerait de gros efforts musculaires ou qui comporterait des « risques ». Mes professeurs m'avaient appris que des pianistes célèbres avaient assuré leurs mains pour de très fortes sommes d'argent. Les avertissements de mon dernier professeur, une pédagogue de renommée mondiale, m'avaient convaincu de la nécessité de m'abstenir de nombreuses activités physiques. La peur était solidement ancrée dans ma pensée.
Pendant une vingtaine d'années, j'ai donc évité de faire du sport. Lorsque je devais travailler dans le jardin ou faire des réparations dans la maison, je craignais toujours d'imposer trop d'efforts à mes mains, qui par la suite étaient ankylosées et douloureuses. Je devais alors travailler le piano pendant plusieurs jours et faire divers exercices d'assouplissement musculaire avant que mes mains retrouvent leur état normal.
Lorsque j'ai commencé à étudier la Christian Science, j'ai continué à observer cette même prudence, qui représentait à mes yeux une sorte de noblesse et de vertu: le désir de sacrifier son plaisir à son art. Ma femme, scientiste chrétienne depuis toujours, est une passionnée de vélo, et m'a demandé pendant la première année de notre mariage si je voulais faire du vélo avec elle. J'ai refusé... catégoriquement. Elle m'a répondu, avec patience, que le vélo était un sport formidable, mais qu'elle comprenait mon inquiétude.
À mesure que je comprenais mieux la Christian Science, j'ai commencé à voir que puisque j'étais spirituel, l'enfant de Dieu, j'avais la capacité innée d'exprimer des qualités spirituelles comme la liberté de pratiquer diverses activités sans craindre les conséquences. La beauté à laquelle j'avais aspiré en tant que compositeur et pianiste n'était pas limitée au domaine de la musique ou de l'art, et je me suis rendu compte que je pouvais exprimer cette beauté de nombreuses façons, sans en souffrir. Grâce à la prière, j'ai compris que les croyances que j'entretenais auparavant étaient entièrement basées sur la crainte et qu'au lieu de favoriser ma liberté, elles me limitaient. J'ai aussi vu qu'une manière d'exprimer Dieu, comme le vélo, ne pouvait pas s'opposer à une autre, comme la pratique du piano. Nous sommes en droit de pratiquer librement toute activité bonne et constructive.
J'ai compris tout cela il y a six ans environ, et ce printemps-là, j'ai surpris ma femme en lui disant que j'aimerais essayer le vélo. Depuis, je n'ai pas arrêté et j'ai parcouru, dans la joie, quelque 24 000 km. Après une longue et exigeante course à vélo, je suis capable de jouer immédiatement du piano, non seulement sans ressentir d'effets secondaires mais aussi avec une plus grande expressivité qu'avant.
À l'automne 2002, j'ai vu jusqu'où je pouvais m'en remettre à Dieu pour rester en sécurité. Alors que je grimpais une côte à vélo, une voiture m'a heurté de côté et m'a envoyé planer dans les airs. J'ai atterri lourdement sur la tête, protégée par un casque, et sur l'épaule gauche.
Je me suis relevé rapidement, sentant monter en moi la colère. Sans aucune indulgence, j'ai invectivé la conductrice. Deux autres voitures se sont arrêtées et leurs conducteurs sont venus à mon aide, très inquiets de constater que mon épaule n'était pas dans une position normale. J'éprouvais une douleur à ce moment-là, mais j'étais davantage concentré sur la nécessité de retrouver la paix, de comprendre que Dieu gouvernait.
La femme qui m'avait heurté était dans tous ses états, remplie de remords et de crainte. Elle était prise de tremblements et à deux doigts de la crise d'hystérie. Je me suis rendu compte qu'il me fallait retrouver mon calme et j'ai immédiatement affirmé pour moi-même et pour toutes les personnes présentes, qu'il n'y avait pas eu d'accident et que j'allais bien. En disant cela je m'appuyais sur une magnifique déclaration de Mary Baker Eddy dans Science et Santé avec la Clef des Écritures: « Sous la Providence divine, il ne peut y avoir d'accidents, puisque dans la perfection il n'y a pas de place pour l'imperfection. » (p. 424)
J'étais profondément convaincu du fait que les enfants de Dieu ne peuvent être en conflit ni entrer en collision les uns avec les autres, parce que Dieu gouverne sans cesse Son univers dans une harmonie totale. Je me suis calmé immédiatement et j'ai remercié les gens de leur aide. À ce moment-là, j'ai senti quelque chose s'ajuster dans mon épaule et elle ne paraissait plus disloquée, même si la douleur persistait.
Il était essentiel que je vienne en aide à la conductrice, toujours en proie aux tremblements. Je me suis excusé de m'être emporté. Je lui ai dit que j'étais scientiste chrétien, que je pensais à Dieu juste avant la collision, et que j'étais persuadé qu'elle et moi avions été protégés. Elle s'est calmée, mais elle ne cessait de répéter avec inquiétude que j'allais bientôt souffrir de traumatisme. J'ai pu lui expliquer que je pensais vraiment que tout allait bien, et elle m'a assuré qu'elle rembourserait tout dommage causé à la bicyclette ou à ma personne. Je suis rentré à vélo sans aucune aide.
Cet après-midi là, j'avais toujours mal à l'épaule, mais en priant je me suis fermement appuyé sur le concept suivant: aux yeux de Dieu, il n'y avait jamais eu d'accident et par conséquent il n'y avait jamais eu de victime ni de personne à blâmer. J'ai appelé un praticien de la Christian Science pour qu'il m'aide à prier spécifiquement pour combattre la crainte de la possibilité d'un traumatisme.
Le soir même, j'allais bien. J'ai téléphoné à la conductrice pour lui assurer, à sa grande surprise, que je ne souffrais d'aucune blessure due à l'accident ni d'aucun effet secondaire. Elle m'a dit qu'elle était psychothérapeute et qu'elle avait été persuadée que j'allais être traumatisé. Je lui ai parlé des concepts spirituels qui avaient apporté la guérison, et ceux-ci l'ont aidée à se libérer du sentiment de culpabilité qui la tourmentait encore. Nous avons terminé notre conversation sur un sentiment mutuel de joie et de gratitude.
Trois jours plus tard, j'ai fait une sortie à vélo de 60 km, sur un rythme soutenu, en compagnie d'un ancien coureur cycliste. Je ne me suis pas senti limité dans mes mouvements et je n'ai eu aucun problème depuis. Cette guérison m'a permis de constater que le secours et le pouvoir protecteur de Dieu sont à notre portée, à chaque instant et dans toutes les circonstances. Jésus a dit: « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. » (Jean 8:32)
Arlington (Massachusetts), U.S.A.
