« Pourquoi le XXIème siècle est religieux – du repli identitaire aux quêtes spirituelles », tel était le titre du dossier spécial du Monde des Religions en septembre-octobre dernier. Point d'orgue de cette enquête: sondage exclusif CSA/Le Monde des Religions des 21 et 22 juin 2005 d'après lequel il ressort que 78% des Français estiment que les religions sont un besoin essentiel de l'homme, et donc ne sont pas vouées à disparaître, même si elles doivent évoluer dans le temps. Et « cette opinion est partagée à peu près dans les mêmes termes et dans les mêmes proportions par toutes les générations, des plus jeunes aux plus âgés », note, non sans étonnement, Jean-François Barbier Bouvet dans son commentaire sur le sondage.
Si la pratique religieuse traditionnelle et l'assiduité aux offices diminuent, d'autres façons de se rapprocher du divin apparaissent, qui se traduisent par des façons de vivre. Ainsi le dossier cite le cas d'une diplômée de psychiatrie périnatale, attachée à l'hôpital parisien du Bon Secours, qui « anime un cycle de préparation spirituelle à la naissance, avec des séances de réflexion à partir de la Bible ».
Pour Frédéric Lenoir, le directeur de la rédaction, on assiste actuellement à « une véritable effervescence religieuse multiforme ». Il note qu'on ne s'attendait guère à cette tendance en Europe il y a seulement quelques dizaines d'années. On pensait alors que la pratique religieuse allait en s'affaiblissant et que cette situation allait s'étendre au reste du monde. Or, ajoute-t-il, « force est de constater qu'en ce début de siècle, le religieux est présent, en Occident comme dans le reste du monde, de multiples manières ». Si, un peu partout, des dérives fanatiques de la religion se font entendre, « ce serait toutefois une erreur, estime-t-il, de réduire le réveil religieux à ses seules manifestations identitaires et à ses débordements extrémistes ». On observe aussi en effet un net renouveau spirituel « qui renvoie quant à lui aux besoins individuels de sens et de transcendance ». Les raisons de ce réveil ? Pour Edgar Morin, dans le « bloc-notes » qui clôt le numéro, elles sont à rapprocher d'une aspiration « à dépasser technicisme, matérialisme, économisme, prosaïsme ».
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