«Un jour, la vue d'un tableau guérira un mal de dents. » C'est à Picasso que j'ai entendu attribuer cette déclaration surprenante. Pour moi, une idée comme celle-ci indique les possibilités que renferme l'art d'élever la pensée vers une sphère plus élevée.
Le langage de l'art nous parle par des voies qui transcendent les barrières du langage humain. Il englobe toutes les formes d'expression imaginables. Je travaille toujours avec les idées. Lorsqu'une idée nouvelle prend forme dans ma pensée, je me la représente en imagination. Si elle a de la substance, elle communiquera l'essence de quelque chose de réel et elle subsistera.
Quand je me rends dans mon atelier pour travailler, j'aime méditer une pensée tirée de Science et Santé, par exemple que «... l'Entendement divin au moyen de la Science divine [...] exige des pensées spirituelles, ou concepts divins, afin qu'elles produisent des résultats harmonieux ». (p. 259) [La phrase complète dit ceci: « Les idées immortelles, pures, parfaites et permanentes, sont transmises par l'Entendement divin au moyen de la Science divine, qui corrige l'erreur par la vérité et exige des pensées spirituelles, ou concepts divins, afin qu'elles produisent des résultats harmonieux. » ] Parfois aussi je pense à un concept biblique tel que « la ville disposée en carré », dont parle l'Apocalypse. La ville en carré me suggère l'idée de structure. Or, pour qu'une idée satisfaisante s'exprime dans une composition, la structure est la première étape.
Se donner un cadre pour commencer ne veut pas dire se limiter. Un jour, alors que je travaillais à une sculpture dans une école des beaux-arts, le professeur m'a dit: « Si la structure est solide, tu peux te permettre une grande liberté. » Pour moi, cela signifie qu'un cadre rigoureux apporte de la précision dans l'expression, ce qui permet d'être aussi spontané qu'on le désire. La danseuse française Violette Verdy, qui enseigna dans l'école de Balanchine à New York, aurait déclaré un jour: « Ce qui est simple est le plus difficile. C'est l'audace qui vient de la discipline. L'obéissance aux règles libère. On peut alors épurer. »
Des idées différentes s'expriment de façons différentes. Être ouvert aux idées, c'est être réceptif, prêt à utiliser différentes combinaisons de couleur, de nouveaux outils, des méthodes de travail inhabituelles. Parfois on se surprend soi-même ! Lors de mon premier séjour en Australie, on m'a demandé de peindre un portrait de famille. La composition ne présentait aucun problème, mais pour ce qui est de la peinture, il en allait tout autrement. Les couleurs dont j'avais besoin ne ressemblaient pas à celles que j'utilisais d'habitude en Angleterre. Elles m'étaient étrangères, et j'ai eu beaucoup de mal. L'environnement et la lumière n'avaient rien de commun non plus avec ceux de l'hémisphère nord, si bien que les couleurs posaient un problème supplémentaire. Mais fort de l'expérience acquise durant les six premiers mois de mon séjour dans ce pays, j'ai pu répondre à ces nouvelles exigences au lieu de me décourager. A certains égards, cela a représenté un nouveau départ pour moi.
L'art est un langage universel. Un tableau peut mettre de la joie au cœur, en reflétant « les charmes de Sa bonté en expression, en forme, en contour et en couleur » (Science et Santé, p. 247). J'aime penser que l'harmonie qui se dégage d'un tableau peut guérir n'importe quel mal, y compris le mal de dents !
