C'était le premier de l'an. J'avais pris une bonne résolution: sortir de ma zone de confort. Une foule de petites craintes m'empêchait de vivre ma vie pleinement, et cela me contrariait. J'avais aussi un problème de santé à surmonter. Un an auparavant, j'avais été agressée et cambriolée en pleine nuit, dans mon appartement. Je manifestais tous les symptômes d'une névrose post-traumatique, ce qui se traduisait notamment par un état dépressif et de sévères crises de panique. En outre, ma vue s'était nettement affaiblie et je souffrais de sinusite chronique.
Mais là n'était pas le pire. Je m'étais tellement habituée à cette manière d'être difficilement supportable que je l'avais intégrée dans mon mode de vie. Quand je m'en suis rendu compte, j'ai voulu m'en débarrasser.
Pour cela, il me fallait du courage. J'ai puisé de la force dans ce passage du Nouveau Testament: « Car ce n'est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d'amour et de sagesse. » (II Timothée 1:7, version King James) J'ai décidé de faire justement tout ce qui me faisait peur ou me déplaisait jusque-là.
J'ai commencé par de petites choses, comme ne pas rester exagérément longtemps dans la salle de bain ou me lever plus tôt pour étudier et prier. Je n'aimais pas lire les cartes routières. J'ai donc décidé de prendre la voiture pour aller à la montagne, dans un autre État, en m'orientant à l'aide d'une carte. Puis je me suis servie d'une autre carte pour gravir la montagne. Enfin, je suis rentrée à la maison en suivant un itinéraire différent, toujours à l'aide de la carte. Peu à peu, j'ai surmonté d'autres peurs. Je suis montée dans un petit avion de tourisme. Plus tard, j'ai pris un vol régulier pour aller à l'autre bout du pays, repris un petit monomoteur, et enfin j'ai conduit trois heures pour pouvoir, pendant une semaine, suivre un stage de kayak et de V.T.T. – j'étais la seule femme – à des milliers de kilomètres de chez moi.
Je n'ai pas tardé à apprécier d'être sortie de cette zone de confort. Mais ce cheminement demandait plus que de l'intrépidité. Si ma décision avait constitué un premier pas important, je devais encore apprendre à m'appuyer davantage sur Dieu et à mettre en pratique les vérités enseignées par la Christian Science. Mes précieux compagnons de voyage que sont la Bible, Science et Santé, l'Hymnaire de la Christian Science et les périodiques de la Christian Science, m'ont aidée tout au long du chemin. Un praticien de la Christian Science soutenait également les prières que je faisais pour guérir et trouver la paix.
Mes pensées puisaient sans cesse aux enseignements du Christ. Jésus a vécu une vie chrétienne par excellence. Il n'a pas perdu son temps sur terre avec la crainte. Il l'éliminait sur la base de la totalité de la bonté de Dieu. Il ordonnait souvent aux malades de secouer leurs habitudes pour retrouver la pleine santé. Il enseignait également que chacun est capable de se voir comme l'enfant même de Dieu, complet, parfait, libre. « Qui est prêt à se conformer à son enseignement et à suivre son exemple ? » En lisant cette question dans Science et Santé, j'ai pensé que jamais je ne m'étais sentie plus prête. Ce passage continue ainsi: « Il faut que tôt ou tard tous se basent sur le Christ, la vraie idée de Dieu. » (p. 54) A chaque pas en avant, je prenais appui sur les enseignements du Christ énoncés dans la Bible. J'étudiais les paraboles de Jésus et réfléchissais à la façon dont il chassait la crainte. Je voulais guérir uniquement grâce à Dieu.
Le plus difficile pour moi était de faire face aux crises d'angoisse et aux pensées dépressives qui m'envahissaient. Quand je les sentais venir, je lisais des cantiques – souvent à voix haute – dans l'Hymnaire de la Christian Science. Il m'arrivait de lire cinquante cantiques avant que mon cœur cesse de battre la chamade ou que mes pensées sombres disparaissent. A cause de mes crises de panique, j'avais peur néanmoins de prendre les transports en commun.
A cette époque, une amie m'accompagnait en métro à mon travail tous les jours. J'étais sûre que c'était Dieu qui avait mis cette personne sur mon chemin. Un après-midi, j'ai dû faire le trajet de retour sans elle. Je me suis efforcée de rester calme mais, dans le métro bondé, j'ai eu une crise de panique. Me tournant en prière vers Dieu, j'ai simplement pensé avec tout mon cœur: « Aide-moi, Père. » Cherchant une sortie du regard, je n'ai pu en croire mes yeux: mon copain se trouvait à l'autre extrémité du wagon ! Il m'a souri et fait un signe de la main. Les probabilités d'une telle rencontre étaient quasi nulles, car nous travaillions dans des quartiers de New York diamétralement opposés. Et pourtant, il était là. Mon cœur a cessé de battre à tout rompre et la peur s'est évanouie aussitôt. J'ai senti la douce présence de Dieu.
Dès lors, j'ai su que Dieu était toujours avec moi où que j'aille. Je n'avais plus besoin que l'on m'accompagne dans mes déplacements. J'affirmais avec l'apôtre Paul que rien « ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur ». (Romains 8:39) Mais il me restait encore à mieux connaître la nature de Dieu pour être à même de surmonter totalement mes craintes et mes problèmes physiques. Je lisais dans Science et Santé: « Le progrès naît de l'expérience. C'est la maturation de l'homme mortel, par laquelle il abandonne le mortel pour l'immortel. » (p. 296) Je me suis rendu compte que je devais abandonner l'image d'une mortelle traumatisée à laquelle je m'accrochais encore, pour comprendre que Dieu n'avait ni créé ni permis le moindre événement traumatisant, et que ce que j'avais paru subir n'avait pas plus de pouvoir sur moi qu'un rêve mortel. Il m'avait créée « à Son image », ce qui signifiait que j'étais spirituelle, que je l'avais toujours été, et qu'aucun mal ne pouvait m'atteindre.
J'ai puisé un grand réconfort dans un cantique qui commence par ces vers:
Chasse, ô rêveur, tes songes de souffrance,
Ouvre les yeux, voici la liberté !
Chante, captif, le Christ vers toi s'avance,
Brisant les fers de tous les prisonniers ! Rosa M. Turner, Hymnaire de la Christian Science, n° 202
Mais il m'a fallu lutter pour abandonner ce rêve. L'agression avait été terrible. Elle paraissait bien réelle. En un sens, cesser de croire que tout cela s'était bien passé semblait pire que d'y croire. C'était presque comme si je voulais m'accrocher à ce cauchemar comme à un trophée malsain. Quand je me suis rendu compte de l'ineptie d'une telle pensée – et de la bonté de Dieu – j'ai enfin pu abandonner l'image d'une mortelle traumatisée et laisser le rêve derrière moi. Je me suis peu à peu autorisée à devenir l'enfant sereine et satisfaite de Dieu. J'ai découvert que je n'avais jamais vraiment été privée de Sa sollicitude. Lorsque je l'ai compris, j'ai eu le sentiment que ce que j'avais vécu s'effaçait de ma conscience, comme si je me réveillais d'un mauvais rêve. La sinusite chronique a disparu à la même époque, guérison qui s'est avérée permanente.
Peu de temps après, j'ai eu le courage de faire un autre pas en avant important. J'ai quitté un très bon travail à New York pour aller vivre au nord de la Californie, où je ne connaissais personne à l'exception d'un cousin. En arrivant, j'ai tout de suite remarqué les montagnes. Elles se découpaient magnifiquement sur le ciel d'un bleu lumineux. La netteté du paysage m'a émerveillée. C'est alors que je me suis rendu compte que ma vue était redevenue normale.
Peu après, je me suis mise à écrire des livres pour enfants – une activité que je poursuis toujours avec bonheur. J'ai également rencontré un homme merveilleux que j'ai épousé. Nous avons commencé à fonder une famille. Tous ces bienfaits me sont arrivés après que j'ai pris la résolution de sortir de ma zone de confort et de confier ma vie à Dieu.
C'est une résolution que j'ai l'intention de respecter... pour toujours.
