Avez-vous déjà eu envie de vous enfuir de chez vous, de votre pays ? Moi, oui. J'étais veuve, avec trois enfants. Nous avions dépensé tout notre argent pendant la longue maladie de mon mari et mon revenu était maigre. Nous avions perdu notre maison et nous vivions chez des parents.
A ce moment-là, beaucoup de mes compatriotes quittaient précipitamment le Nigeria. La radio et la télévision essayaient de dissuader les gens de partir, pour aider à sauver le pays. La situation semblait désespérée.
J'avais entendu dire qu'on pouvait s'en sortir ailleurs, alors j'ai pensé que ce serait sage d'aller chercher refuge dans un autre pays où je pourrais gagner plus et recommencer une nouvelle vie. Mais j'étais désorientée et j'avais peur. Émigrer voulait dire abandonner mon travail et laisser mes enfants chez des parents.
Pendant cette triste période, ma tante, qui avait trouvé le livre de Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Écritures, à Londres, m'en donna un exemplaire pour mon patron. Quelque chose me poussa à le lire auparavant. L'étude de ce livre me révéla un monde nouveau, et un nouveau concept de moi-même. J'apprenais à connaître Dieu et à découvrir l'univers et l'enfant qu'Il avait créés. J'apprenais que je n'étais pas une mortelle piégée dans une situation impossible, luttant pour gagner ma liberté. J'étais une fille de Dieu. J'étais faite à Sa ressemblance, spirituelle et parfaite. Je n'étais pas séparée de Lui. Je n'avais pas besoin d'aller ailleurs pour que le bien entre dans ma vie: le bien était ici-même, et partout. C'était un sentiment merveilleux, si réconfortant ! L'impression d'être vouée au malheur a commencé à laisser place à la compréhension que j'étais une idée de Dieu, complète.
Je lus dans la Bible l'histoire de personnages dont la vie avait été transformée. L'un d'eux, le patriarche Jacob, s'enfuit de chez lui et de son pays parce qu'il avait appris que son frère voulait le tuer (voir Genèse, chapitre 28). Pendant sa première nuit au-dehors, il fit un rêve. Jacob vit une «échelle appuyée sur la terre... et voici, les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle.» Au-dessus, il vit Dieu qui lui parlait: «Voici, je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras...» Jacob se réveilla et s'exclama: «Certainement, l'Éternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas !»
Science et Santé décrit les anges comme les «pensées de Dieu se communiquant à l'homme» (p. 581).
Peu à peu, je me suis rendu compte que, plutôt que de changer de lieu ou de pays, je devais me défaire de sentiments de crainte, de haine, d'envie, de jalousie, d'amertume. Il fallait que j'affronte ces ennemis en ne leur donnant aucune place dans mes pensées.
J'avais envié les gens qui réussissaient, me sentant mise de côté et privée de tout. Mais avec cette nouvelle manière de penser, j'ai commencé à comprendre que Dieu est impartial et universel, que nous sommes tous Ses enfants, capables de vivre en harmonie et en paix. Nous n'avons jamais à désespérer ni à nous enfuir.
J'écoutais Dieu de cette nouvelle façon. Je découvrais le ciel en moi. J'ai été bientôt convaincue qu'il n'y a qu'un pays: le pays de Dieu, une contrée où les habitants sont toujours en paix. J'ai alors ressenti le réconfort, et l'assurance que Dieu était là, avec moi. Le désir de m'enfuir m'a quittée. C'était il y a vingt ans.
Puis, les choses ont changé. J'ai eu des emplois à temps partiel et j'ai obtenu des promotions. Mon revenu s'est stabilisé. J'ai pu envoyer mes enfants à l'école et à l'université. Et j'ai eu la possibilité de faire des études de droit et d'apprendre des langues étrangères. A chaque nouveau pas, j'ai eu le courage nécessaire. Et tout comme Jacob, je peux maintenant dire: «Certainement, l'Éternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas !»
