La spiritualité. C’est un terme qu’on utilise beaucoup de nos jours pour parler de pratiques diverses qui contribuent à éloigner les gens d’une vision purement matérialiste de la vie. J’entends ce terme partout. Les gens aspirent à connaître autre chose que ce qu’offre l’existence quotidienne.
Pour moi, la quête de spiritualité est un profond désir de connaître et de sentir l’amour de Dieu, l’amour inconditionnel qui n’existe pas même dans les relations humaines les plus harmonieuses. En outre, raisonner spirituellement donne le sentiment d’être toujours relié au divin, la conviction inébranlable que tout va bien, qu’on n’est jamais seul, qu’on se trouve sur un terrain solide.
Mary Baker Eddy écrivit: « Le sens spirituel est la faculté consciente et constante de comprendre Dieu. » (Science et Santé, p. 209) Avoir un aperçu de l’essence spirituelle de la vie nourrit et comble le cœur affamé. Cette vision demeure dans la conscience humaine.
Ceci dit, la quête spirituelle a-t-elle une utilité sur le plan pratique ? Le moment venu, changera-t-elle quelque chose ? Des gens que je connais disent qu’ils se sentent moins stressés, plus calmes depuis qu’ils ont ajouté un élément spirituel à leur vie. Est-ce donc cela le but d’un parcours spirituel ou doit-on s’attendre à davantage ? Est-il possible que la prière et le raisonnement spirituel aient un effet durable, significatif, transformateur ?
Autrefois j’étais non croyante, j’étais l’une de ces nombreuses personnes qui ne font pas grand cas de la spiritualité. Quand j’étais petite, j’ai été témoin d’actes de violence qui m’avaient laissé une impression indélébile. Mais je n’en parlais jamais à personne. Au fil des années, j’ai été hantée par ce terrible secret. Alors, n’ayant pas d’autre vision des choses, ni personne pour m’aider à réfléchir à cet incident et à l’oublier, il n’est peutêtre pas surprenant que j’aie tourné le dos à la prière. A priori, j’avais peu de raisons de penser que Dieu était là pour m’aider.
Quand j’ai recommencé à étudier la Christian Science, j’ai changé d’attitude petit à petit. Après de nombreuses années passées sans la foi, je me suis sentie poussée à me refamiliariser avec ce que cette religion enseigne. Ce sont les articles et les témoignages du Christian Science Journal et du Christian Science Sentinel ainsi que le message de la Leçon biblique hebdomadaire indiquée dans le Livret trimestriel de la Christian Science qui m’ont attirée. J’étais intriguée et j’aspirais à en savoir davantage. Mais j’étais aussi sceptique. Je voulais avoir une preuve solide de la bonté de Dieu et du fait qu’ll était Amour. Tout en continuant à étudier, j’ai trouvé assez facile d’admettre que les autres étaient dignes d’être aimés et qu’ils étaient aimés, mais quant à moi...
Pendant de très nombreuses années, j’ai souffert de sentiments de haine envers moi-même, en raison de la pénible expérience que j’avais vécue autrefois et que je semblais incapable d’oublier. Aurais-je pu faire quelque chose pour l’empêcher de se produire ? A présent, j’essayais de concilier cette vision négative que j’avais de moi-même avec ce que j’apprenais du lien qui unit Dieu à chacun de Ses enfants bien-aimés. Au fil du temps, je me suis rendu compte qu’il était peu probable que Dieu aimât tout le monde sauf moi. Or cela impliquait que je devais me débarrasser de cette vision que j’avais de moi-même. Alors, forte de ce désir sincère, je me suis tournée vers Dieu de tout mon cœur.
En un éclair je me suis dit: “Je peux jeter l’image du passé à laquelle je m’accroche. Je peux appuyer sur la touche ‘supprimer’.”
J’ai demandé à Dieu de me montrer comment me libérer de cette servitude qui, toute ma vie, m’avait obligée à cacher ce que j’étais « vraiment », une identité que je croyais définie et limitée par un passé terni. J’étais sûre désormais que Dieu, qui est l’Amour même, n’aurait jamais voulu me rendre vulnérable ni me laisser sans protection. J’en avais eu la preuve dans d’autres circonstances, lorsque des problèmes relationnels avaient été résolus, des blessures et des maladies guéries rapidement et de façon permanente par la prière.
Cette preuve de la sollicitude divine m’a donné l’assurance que l’Amour était présent et accessible, et qu’il ne me laisserait pas tomber. Chaque fois que j’étais remplie de crainte ou que je me sentais indigne de l’intérêt de quiconque, j’essayais d’être davantage à l’écoute de ce que Dieu disait. Tout comme on règle son poste de radio pour éliminer les parasites et obtenir une bonne réception, je m’efforçais de faire taire ces objections qui ressemblaient à mes propres pensées, pour entendre la voix claire de l’Amour qui me parlait.
Après avoir prié ainsi pendant deux jours, j’ai soudain vu que le drame de mon passé avec ses effets persistants se déroulait dans ma pensée et nulle part ailleurs. C’était à moi de décider quand s’achèverait la « représentation ». J’ai compris que j’avais la capacité de l’interrompre à l’instant même, parce que j’étais maîtresse de ma propre pensée. C’était comme si un film était projeté sur l’écran de ma pensée et que Dieu me donnait le pouvoir d’éteindre l’appareil de projection.
En outre, je me suis rendu compte que l’image du passé à laquelle je m’accrochais ne constituait pas vraiment la réalité. Elle n’existait que dans ma pensée, et j’avais le choix entre la garder ou m’en débarrasser. En un éclair je me suis dit: « Je peux la jeter. Je peux appuyer sur la touche “supprimer”. Et même si je ne peux pas tout effacer en une seule fois, je suis capable en tout cas d’en éliminer un petit peu à la fois, à chaque instant, jusqu’à ce que l’image disparaisse totalement. » J’ai puisé tant d’espoir dans cette prise de conscience ! Cela m’a paru possible et même facile à faire. Je me suis détendue. Je sentais la transformation ! Je me suis sentie plus légère, plus libre, plus heureuse. Quel soulagement ! Ce jour-là, j’ai vu l’image changer. L’amour a transformé le concept que j’avais de moi-même et des autres personnes concernées. Je me suis mise à voir l’innocence, la pureté et la bonté dans toutes les personnes qui avaient participé à cette scène du passé.
Le lendemain matin, je parlais avec une amie de cette nouvelle façon d’envisager le passé. Nous nous connaissons depuis vingt-cinq ans. Elle a fait remarquer qu’elle ne m’avait jamais entendu parler de mon passé avec tant de calme. Je me suis aperçue que je n’avais plus honte et que je m’étais détachée de cette histoire. Elle ne faisait plus partie de mon identité. En fait, l’horreur de la scène avait disparu de ma conscience, comme si rien ne s’était jamais passé.
Dans un sermon qu’elle prononça en 1895, Mary Baker Eddy déclara: « Sachez que vous possédez le pouvoir souverain de penser et d’agir correctement, et que rien ne peut vous déposséder de cet héritage ni empiéter sur l’Amour. Si vous maintenez cette position, qui ou qu’est-ce qui peut vous inciter à pécher ou vous faire souffrir ? » (Pulpit and Press, p.3) J’ai eu la preuve de l’existence de ce « pouvoir souverain » dans ma vie, lorsque les souvenirs du passé qui me hantaient depuis de nombreuses années se sont tout simplement évanouis. J’ai senti l’amour de Dieu, et cet amour m’a transformée.
Pour moi, c’est toute la raison d’être d’une quête spirituelle. Ce n’est pas simplement de se sentir mieux chaque jour ni même d’espérer une existence sans problèmes. Il s’agit plutôt de se servir des outils que nous avons à notre disposition pour faire face à ces difficultés et de progresser grâce à elles. Pour y parvenir, nous pouvons entre autres contrôler ce que nous pensons au sujet d’un événement de notre vie, qu’il soit en train de se dérouler ou qu’il ait déjà eu lieu.
C’est ce qu’on appelle la spiritualité pratique. Elle démontre que la prière est efficace en nous rapprochant d’une vision spirituelle constante de la vie, d’une vision de Dieu. La prise de conscience de ces progrès et la liberté qu’elle me donne constituent ma raison de vivre. C’est la raison pour laquelle je poursuis ma quête spirituelle. Et cela en vaut la peine !
