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Article de couverture

Faisons appel à la bonté présente en chacun

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mars 2004


Vice-présidente de la fondation Yukio Ozaki, Mme est une personne étonnante aux multiples casquettes. Mais on la connaît d’abord pour son action humanitaire en faveur des réfugiés dans le monde.

J’ai rencontré Mme Yukika Sohma dans un bureau de la fondation. Pendant 63 ans, son père, Yukio Ozaki, qui était parlementaire, a beaucoup œuvré en faveur de la justice et de l’équité.

Mme Yukika Sohma soutient avec beaucoup d’ardeur l’action du MRA, mouvement pour le réarmement moral et spirituel, rebaptisé IC, Initiatives et changement, créé au États-Unis au début du XXe siècle pour réformer le monde en faisant appel à la force morale et spirituelle de chacun, plutôt qu’à des armes à feu. Il siège à Caux, en Suisse. Le MRA a changé sa vie alors qu’elle se sentait totalement impuissante durant les années qui ont conduit à la Seconde Guerre mondiale. L’honnêteté, la pureté, le désintéressement et l’amour qui inspirent ce mouvement lui ont enseigné que, pour changer le monde, il faut commencer par changer soi-même.

Tant de choses ont été accomplies à votre initiative, mais c’est sans doute votre action en faveur des réfugiés qui montre le mieux votre façon d’agir. A ma connaissance, lorsque vous avez commencé cette action, il n’y avait aucune ONG (organisation non gouvernementale) au Japon pour aider les réfugiés.

Je m’intéressais à ce problème depuis des années. J’avais entendu parler de la situation critique dans laquelle se trouvaient les populations d’Indochine. En tant qu’interprète, je m’étais rendue dans de nombreux pays d’Asie et j’avais pu par voir moi-même que la situation était affligeante.

J’ai pensé que nous devions envoyer une équipe d’enquêteurs en Indochine. J’en ai parlé à Nobusuke Kishi, qui est devenu par la suite Premier ministre.

M. Kishi n’ayant pas dit « non », j’ai compris que cela voulait dire « oui ». Il était clair qu’il me donnait le feu vert.

Vous avez donc créé cette Association d’aide aux réfugiés indochinois, qui a bénéficié immédiatement d’un énorme soutien.

Oui, j’ai fait confiance aux Japonais. Je savais qu’ils ont un cœur. J’avais reçu une lettre d’un ami qui me disait ceci: « Les réfugiés quittent en masse l’Indochine. Les peuples d’Amérique du Nord et d’Europe font beaucoup pour eux, mais les Japonais ne font rien. En fait, le Japon n’a accepté que deux réfugiés. Les Japonais sont insensibles. Vous ne pensez qu’à faire de l’argent. »

Que feriez-vous si vous receviez ce genre de lettre ? Je voulais répondre que les Japonais ne sont pas des gens insensibles. En vérifiant, j’ai appris que la Croix-Rouge japonaise, à Kyushu, avait recueilli trois réfugiés. J’ai donc écrit à mon correspondant: « Ton information est fausse à 50 %. Nous avons trois réfugiés, et nous prouverons que les Japonais ne sont pas insensibles. »

Je me suis donc mise au travail. Je me suis souvenue que M. Masunori Hiratsuka, que je connaissais, avait écrit dans une publication qu’il souhaitait que la jeunesse japonaise fasse preuve de bienveillance et de compassion durant l’année de la Jeunesse célébrée par les Nations Unies. Je l’ai contacté, et il nous a offert bien volontiers son aide et il a pris contact avec les doyens des plus grandes universités privées du Japon.

Les gens ont du cœur. Si vous leur en offrez la possibilité, leur bonté s'épanche.

Nous avons organisé une réunion à laquelle étaient conviés tous ceux qui souhaitaient aider les réfugiés. Les participants ont voulu savoir comment nous financerions ce projet. J’ai répondu: « Si chaque Japonais donne un yen, nous aurons 120 millions de yens (environ 1 250 000 euros) étant donné que le Japon compte 120 millions d’habitants. » Ces paroles m’étaient venues spontanément. Les journaux les ont reprises. L’argent et les chèques ont afflué. Bien souvent, c’étaient des enfants qui nous envoyaient l’argent qu’ils avaient économisé en se déplaçant à pied au lieu de prendre l’autobus. En moins de quatre mois, nous avons reçu plus de 120 millions de yens. Nous avons prouvé que les Japonais ont du cœur.

Dieu pourvoit à nos besoins ! Mon père disait toujours que lorsque nous agissons pour le bien d’autrui les cieux nous viennent en aide. Il disait « les cieux » et non pas « Dieu », ce qui est sans doute typiquement japonais. Je sais que les gens ont du cœur. Si vous leur en offrez la possibilité, leur bonté s’épanche. Il suffit de discerner la bonté qui est en eux.

Votre association a grandi. Certains de vos bénévoles sont devenus par la suit des universitaires, des journalistes et des juristes. Et puis en 1984, vous avez dissous l’organisation pour créer à la place l’AAR (Association d’entraide et de secours), une association humanitaire japonaise qui a pour but de venir en aide aux réfugiés dans le monde entier.

Dès le début, mon idée était de secourir les réfugiés à tout moment, dans toutes les parties du monde.

L’AAR a mené une campagne pour envoyer du lait et de l’eau en Afrique. Elle a également fait appel à des bénévoles désireux de se rendre en Afrique. 284 volontaires ont posé leur candidature. Nous les avons envoyés dans les camps de réfugiés en Zambie, en Angola, au Zimbabwe et au Mozambique. Nous nous sommes aussi engagés dans des programmes médicaux, alimentaires, agricoles, éducatifs et autres formations culturelles et professionnelles.

Il y avait une pénurie d’eau prés de Lusaka, la capitale de la Zambie. Nos volontaires ont creusé plus de 50 puits en utilisant les techniques manuelles traditionnelles du Japon. L’AAR a construit des bibliothèques et fait don de dizaines de milliers de livres en anglais. La campagne « Des couvertures pour l’Afrique » a permis de récolter 1 700 000 couvertures et 1,26 milliard de yens (12 millions de dollars). Nous avons pu ainsi expédier des couvertures à 13 pays africains dont l’Éthiopie, le Soudan, le Mozambique, le Ghana, le Mali et le Niger.

En 1991, la chute de l’Empire soviétique a engendré un nouvel afflux de réfugiés en Yougoslavie. L’AAR est intervenue en Croatie, en Serbie-Monténégro, en Bosnie-Herzégovine et en Macédoine pour apporter une aide médicale et psychologique, fournir des prothèses et des fauteuils roulants, apprendre aux populations locales à fabriquer elles-mêmes les fauteuils roulants nécessaires. Notre action en Yougoslavie s’est achevée en 2003.

L’AAR est à présent active en Afghanistan. Mais si l’Irak et l’Afghanistan occupent le devant de la scène internationale, on a tendance à oublier l’Afrique, où des millions de personnes souffrent encore du paludisme et de sida, sans parler de la présence des mines.

Vous allez dans des endroits dangereux.

Aucune région n’est complètement sûre. Nous nous préparons du mieux que nous pouvons. Et d’autres nous y aident. C’est vrai, nous allons dans des zones dangereuses, et nous avons malheureusement perdu trois de nos membres en Afrique.

Les mines antipersonnel constituent un autre problème qui vous mobilise activement aujourd’hui. Je crois savoir que l’AAR a joué un rôle majeur dans la décision du japon de signer le traité interdisant l’utilisation de mines antipersonnel, traité qui est entré en vigueur en 1999.

Le Japon avait toujours estimé que les mines terrestres étaient indispensables à la défense de notre pays contre l’invasion étrangère. Mais notre travail auprès des réfugiés nous a fait connaître ces effroyables tragédies humaines: je veux parler des réfugiés qui, enfin de retour dans leur pays, ont été victimes de ces mines. Nous étions conscients de ce problème depuis fort longtemps.

L’AAR a publié un livre d’images pour enfants contre les mines antipersonnel, « Not Mines, but Flowers » (Plus de mines, mais des fleurs). Ce livre a remporté un vif succès et s’est vendu à 550 000 exemplaires. La directrice de l’AAR, Fusako Yanase, l'a écrit comme si elle s’adressait à ses propres enfants.

Les revenus de la vente du livre ont permis de déminer, au Cambodge, une superficie équivalant à 2000 courts de tennis.

Comment faites-vous pour mobiliser tant de gens ?

J’essaye de toucher la conscience des gens. Je sais que la bonté est en chacun de nous, que nous voulons faire le bien, mais qu’il faut nous en donner l’occasion. Je m’efforce de discerner cette bonté et de réveiller cet esprit.

Ne vous trouvez-vous jamais face à un mur?

Bien sûr. Tout le temps ! Alors je médite. Lorsqu’on médite vraiment, Dieu nous donne une idée.

Prenez-vous le temps de méditer tous les jours ?

Oui. Le matin, et chaque fois qu’il y a un besoin particulier. Il faut chasser le mal. Si je suis sur la mauvaise voie et que je m’en rends compte, je fais marche arrière pour retourner sur le bon chemin. Il nous faut choisir entre les deux voies. On peut changer quand on se rend compte de son erreur. J’ai appris à m’examiner moimême et à changer de méthode. Mais il est important aussi d’apprendre à patienter parfois, si l’idée est bonne.

Le MRA m’a appris à surveiller mes pensées.

Je m’intéresse également aux enseignements de la Christian Science. Si j’ai pu rester en bonne santé, c’est en grande partie grâce à cela. Adolescente, j’assistais à une réunion mensuelle de scientistes chrétiens. Aujourd’hui, je me répète souvent qu’ « Il n’y a ni vie, ni vérité, ni intelligence, ni substance dans la matière. Tout est Entendement infini et sa manifestation infinie, car Dieu est Tout-en-tout ». ( Science et Santé, p. 468) Cet énoncé m’aide particulièrement quand je fais face à un problème.

N’existe-t-il pas différents critères pour définir ce qui est juste ?

Si on prend le temps de réfléchir, on parvient toujours à faire la différence entre la vérité et l’erreur. Oui, quand on y réfléchit vraiment, cela devient évident.

Quel est votre prochain projet ?

J’aimerais que le Japon joue un rôle utile dans le monde.

Je suis persuadée que l’humanité commence à comprendre que tous les peuples, qu’ils soient chrétiens, musulmans, bouddhistes ou d’une autre confession, cherchent en fin de compte la même chose.

Les terroristes croient qu’ils accomplissent la volonté de Dieu. Nous ne résoudrons rien en nous contentant de les condamner. Il nous faut réfléchir à la nature de notre responsabilité face à ce problème mondial. On ne peut devenir un artisan de la paix si on n’est pas soi-même pacifique.

L’humanité commence à comprendre que tous les peuples cherchent la même chose.

Je m’investis dans de nombreuses activités, mais je ne suis pas seule. Ce sont nos bénévoles et d’autres qui accomplissent ce travail. Les projets débutent souvent avec une idée simple qui germe dans un cœur bienveillant, quelque part dans le monde. Je me contente de voir la bonté des gens, de les encourager, de les aider.

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