Je dois bien l’admettre, j’ai mis quelque temps avant de comprendre la valeur et le but de l’Église. Je crois que cela était en partie dû au fait que j’y déplorais un manque de fraternité.
Quand j’étais plus jeune, j’avais l’impression que l’église était un lieu où l’on discutait de la couleur des murs (« Le blanc cassé est plus spirituel que le blanc coquille d’œuf ! ») ou de la structure matérielle et de la décoration intérieure de l’édifice et de la salle de lecture (« J’ai prié à ce sujet, et je suis sûr d’avoir raison ! »)
Rien d’étonnant à ce que je ne veuille pas faire partie de l’église, puisque je n’y trouvais aucune chaleur; de ce fait, je ne voyais vraiment pas en quoi elle pouvait être utile à mon existence ou à la société. Bien entendu, j’avais moi-même des progrès à faire. J’étais on ne peut plus heureux de rester à la maison le dimanche, afin de poursuivre tout seul mon étude spirituelle et mes réflexions. C’est ainsi que ces heures de paix et de prière que j’avais passées avec ceux qui assistaient aux services du dimanche s’étaient peu à peu transformées en moments de calme que je goûtais seul à la maison, avant d’en profiter finalement pour garder les yeux clos, la tête sur l’oreiller.
J’étudiais la Leçon biblique hebdomadaire de la Science Chrétienne et les écrits de Mary Baker Eddy, surtout Science et Santé avec la Clef des Écritures, le dimanche et tout au long de la semaine, et je progressais dans ma pratique et ma démonstration de la Science Chrétienne. Mais quand j’étais vraiment honnête avec moi-même, je voyais bien que j’étais arrivé à un seuil de stagnation.
J’avais déjà l’habitude de prier et d’écouter Dieu pour être guidé dans la vie. C’est pourquoi je me tournai naturellement vers Lui pour savoir comment aller de l’avant en tant que scientiste chrétien. Inutile de dire ma surprise lorsqu’un « message angélique » (voir Science et Santé, p. 581) me suggéra de revenir à l’église. Et qui plus est, cette « douce petite voix » m’incitait à retourner à l’église même que j’avais cessé de fréquenter!
J’eus alors toutes les raisons de penser que ce n’était pas l’idée du siècle. Après tout, je trouverais peut-être une église plus accueillante et qui correspondrait mieux à ma personnalité et à ma conception de l’église. Ne risquais-je pas de passer à côté de quelque chose si je n’explorais pas d’abord toutes les possibilités?
Mais, d’un autre côté, comment ignorer cette « douce petite voix » ? C’est pourquoi je retournai à mon ancienne église, bien qu’à contrecœur. Pendant un certain temps j’arrivais toujours en retard au service, mais constatais avec plaisir que les personnes à l’accueil me faisaient toujours bon visage.
Bientôt, cependant, je me rendis compte que c’était une constante dans ma vie: non seulement j’arrivais en retard à l’église, mais je faisais pratiquement tout avec du retard. Un dimanche, alors que j’arrivais au moment où on lisait à haute voix la deuxième ou troisième section de la Leçon-sermon, je m’assis en bas des escaliers, à la fois troublé et déçu par moi-même. Apparemment, c’était peine perdue: j’avais beau faire tout mon possible pour être à l’heure, j’étais en retard partout.
C’est alors qu’une personne de l’accueil s’approcha de moi pour me parler. Je lui fis part de mon sentiment de frustration. Elle me répondit que nous étions toujours à notre « juste place », à chaque instant. « Comment puis-je être à ma juste place alors que le service commence à 10 heures, et que je suis encore dans le métro ou coincé dans la circulation à cette heure-là? » pensaije. Mais au cours de cette conversation, j’ai compris que je n’avais pas à accepter qu’un obstacle, quel qu’il soit, puisse m’empêcher d’être là où je devais être. Cette dame exprima également de nombreuses idées spirituelles, manifestement tirées de la leçon biblique de la semaine, mais présentées sous une lumière originale qui m’avait échappé. J’étais très heureux de trouver chez cette femme un exemple aussi concret de fraternité chrétienne! Nous restâmes alors tranquillement assis tous les deux dans un angle de l’église pour écouter ensemble la Leçon.
Je me sentis soudain inspiré par le service. Tous les passages lus à voix haute m’apportaient une nouvelle compréhension de Dieu et de mon identité. J’avais lu la Leçon biblique toute la semaine sans pourtant en retirer beaucoup d’inspiration. J’en avais même parlé avec des amis, mais leurs réponses ne m’avaient pas satisfait. Or là, dans cette l’église, je me sentis délivré du poids du fardeau qui ne me quittait pas depuis plusieurs mois. J’ai souri tandis que disparaissait le sentiment d’être un « étranger ».
Ce service marqua la fin de mes retards chroniques. J’arrivais désormais à l’heure ou en avance à tous mes rendez-vous. L’amour fraternel dont avait fait preuve ce membre d’église était merveilleux. Malgré cette inspiration nouvelle, j’avais encore quelques problèmes avec l’église. Par exemple, la plupart des guérisons relatées durant les réunions de témoignage du mercredi semblaient remonter à des années.
« Où sont les guérisons actuelles ? » me demandais-je.
Je finis par penser autrement quand je compris qu’il me fallait considérer les services du mercredi d’un point de vue moins négatif. La vraie fraternité impliquait de soutenir et d’encourager les membres d’église. Aussi, plutôt que de vouloir à tout prix puiser une inspiration dans les témoignages des autres, je devais moi-même avoir de la reconnaissance et en faire part aux autres, au lieu de me considérer à l’opposé d’eux. Si je voulais vraiment entendre des guérisons récentes, eh bien, que je montre l’exemple ! Je commençai donc à parler de mes modestes expériences en mettant les lois de Dieu en pratique. J’aimais beaucoup donner des témoignages récents parce que, comme l’un des dix lépreux qui, contrairement aux autres, avait fait demi-tour pour remercier tout de suite Jésus de sa guérison (voir Luc 17:11-19), je voulais être sûr de ne pas laisser passer trop de temps avant de témoigner de ma reconnaissance pour tous les bienfaits reçus.
Grâce à ces témoignages, je compris peu à peu que la présence curative du Christ est ici même, aujourd’hui, comme elle l’a toujours été. Et c’était vrai pour toutes les personnes que je rencontrais aux services. C’est à présent merveilleux pour moi d’entendre à l’église toutes sortes de témoignages de guérisons très récentes, dues à la Science Chrétienne.
Ma prière pour l’église m’a également amené à réfléchir à l’amour dont faisaient preuve entre eux les membres de l’Église primitive dont parle la Bible. Ils se réunissaient pour célébrer Dieu ensemble, ils mangeaient ensemble et veillaient à ce que les membres de leur communauté ne manquent de rien. J’ai aussi étudié le commandement de Jésus inscrit sur la couverture de Science et Santé: « guérissez les malades, purifiez les lépreux, ressuscitez les morts, chassez les démons », ainsi que l’ « Aperçu historique », dans le Manuel de l’Église, où l’on apprend que La Première Église du Christ, Scientiste, fondée par Mary Baker Eddy, est « destinée à commémorer la parole et les œuvres de notre Maître, et à rétablir le christianisme primitif et son élément perdu de guérison » (p. 17). Cela m’allait droit au cœur. Loin de se réduire à parler de la Science Chrétienne, l’Église nous aide à vivre cette Science tous les jours!
L’église filiale que je fréquente exprime la fraternité en considérant que chaque service apporte la guérison. J’ai été l’heureux bénéficiaire des prières collectives de l’assistance. C’est une autre forme d’amour fraternel: un dimanche, alors que j’exerçais ma fonction de Second Lecteur, j’ai brusquement eu des problèmes de respiration. En plein service, je ne pouvais plus respirer. Mais presque aussitôt, j’ai été envahi par une onde de paix, et le problème a disparu.
Très surpris et reconnaissant, je me suis soudain souvenu de ce passage du Manuel de l’Église: « Les prières dans les églises de la Science Chrétienne seront offertes pour l’assistance collectivement et exclusivement. » (p. 42) J’ai compris que j’avais bénéficié des effets merveilleux de cette disposition statutaire du Manuel, appliquée fidèlement par l’assistance.
J’ai été frappé par ce que j’ai lu à propos de la promenade quotidienne, en voiture à cheval, de Mary Baker Eddy. Les gens étaient guéris simplement parce qu’elle passait devant eux en reconnaissant leur identité spirituelle. Pour démontrer la fraternité chrétienne à mon propre niveau, je m’efforce chaque jour de me rendre à pied ou en autobus là où l’inspiration me guide, dans mon quartier ou en bord de mer [ndr: l’auteur habite à Los Angeles, USA]. À chaque sortie, je m’attends à une guérison, en gardant à l’esprit le sens du passage suivant de Science et Santé: « Jésus voyait dans la Science l’homme parfait, qui lui apparaissait là où l’homme mortel pécheur apparaît aux mortels. En cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l’homme guérissait les malades. » (p. 476-477) S’engager à voir les autres ainsi est une forme de fraternité. Parfois j’ai l’occasion de parler de Science et Santé à quelqu’un, ou même de m’asseoir dans un café et d’apprécier l’harmonie de Dieu tout autour de moi.
Ayant vu la fraternité chrétienne à l’œuvre pendant des années et m’efforçant de mieux l’exprimer moi-même, c’est avec humilité que je repense à ce message angélique qui m’incita à reconsidérer mon attitude envers l’église. À l’époque, je savais en théorie que cela valait la peine d’écouter cette « douce petite voix », mais j’étais loin d’imaginer à quel point mes actes s’en trouveraient enrichis.