En rangeant mes placards, je suis tombée sur des photos prises vingt-cinq ans plus tôt dans les montagnes du Colorado. La journée avait été belle et chaude, et je n'avais pas résisté à l'envie de photographier mon fils, alors âgé de trois ans, au milieu des delphiniums bleus. Les couleurs étaient toujours aussi magnifiques, mais il manquait un ingrédient majeur ! Le beau sourire de mon fils.
Quand je lui ai montré ces photos, je le lui ai fait remarquer en plaisantant. Il m'a rappelé qu'il n'était pas heureux alors, surtout après être tombé et n'avoir pas reçu l'attention qu'il estimait mériter. Il y avait quelque chose dans notre conversation ce jourlà dont je ne parvenais pas à me défaire. En y réfléchissant, je me suis rendu compte que j'avais passé beaucoup de temps à planifier l'avenir de mon fils (alors même que je croyais me laisser guider par Dieu comme la Science Chrétienne me l'avait appris). Et mon fils s'était rebellé contre cette planification par tous les moyens possibles.
Enfant, il avait été guéri de rhumes, de coupures, de contusions et d'empoisonnement du sang, uniquement par la prière en Science Chrétienne. Pourtant, je ne crois pas que nous ayons jamais prié au sujet de sa spiritualité et de sa réceptivité naturelle au bien, ni que nous les ayons vraiment appréciées.
À ce moment précis, j'ai été tentée de me culpabiliser pour toutes ces années où nous nous sommes efforcés de le maintenir sur (notre) bonne voie. Je me souviens de la fois en particulier où il a choisi de devenir chauffeur d'un semi-remorque au lieu d'aller à l'université. Cela nous a pratiquement brisé le cœur quand un ami proche nous a montré, dans un journal local, la photo d'un camion retourné transportant des substances chimiques. Le chauffeur, qui n'avait été que légèrement blessé, n'était autre que notre fils, mais il ne nous a jamais appelés. À cette époque, nous sommes restés des mois sans nouvelles.
Lorsqu'il est enfin rentré à la maison, les cheveux flottant sur les épaules, il n'a rapporté qu'une chatte qui attendait des petits. Il a repeint sa chambre en noir. Il portait en lui une colère froide et une volonté de rébellion que je ne comprenais pas.
Et pourtant, nous étions si heureux de l'avoir avec nous.
En y repensant, je me rends compte qu'il voulait être libre d'être lui-même, qu'il avait le sentiment que nous ne l'écoutions pas et que nous ne désirions pas savoir ce qu'il voulait faire de sa vie. Et comment aurais-je pu savoir ce qu'il ressentait ? J'étais trop occupée à essayer de l'obliger à m'écouter.
Or, à l'époque, il était également difficile de ne pas penser qu'il était coupable d'avoir pris tant de mauvaises décisions. Mon mari et moi avons appelé un praticien de la Science Chrétienne pour un traitement par la prière, ce qui nous a soutenus et réconfortés en nous assurant que notre fils était protégé. Cependant, la plupart du temps, nous nous sentions dépassés par la situation. Ce fut une époque éprouvante sur le plan affectif, mais les prières agissaient comme le soleil sur un iceberg géant. Il nous a fallu beaucoup de patience et le désir de nous en remettre à Dieu totalement et avec joie, tout en faisant comprendre à notre fils que nous l'aimions d'un amour profond et inconditionnel.
La prière m'a révélé que Dieu était mon meilleur ami, l'origine réelle du bonheur et du succès, pour notre fils et pour nous.
En priant pour être guidés par Dieu et pour trouver l'humilité, son père et moi avons vraiment commencé à voir que personne n'était à blâmer. J'ai compris que j'avais besoin de mieux connaître Dieu et de L'aimer davantage. La prière m'a révélé que Dieu était mon meilleur ami, l'origine réelle du bonheur et du succès, pour notre fils et pour nous. J'ai été remplie de gratitude et d'émerveillement devant la bonté de Dieu. J'ai cessé de porter un jugement sur ce que mon fils faisait ou sur ce qu'il aurait dû faire à mes yeux. Plus je me rapprochais de Dieu, plus il m'était facile de Lui faire confiance en sachant qu'il aimait, guidait, protégeait et soutenait notre fils sur le chemin qu'il avait choisi pour mettre ses talents en valeur.
L'un de mes cantiques préférés exprime cela parfaitement bien.
Seigneur, en Ton divin appui,
Je veux me réjouir,
Auprès de Toi, fidèle Ami,
Dans la peine accourir.
Toutes les sources d'ici-bas
Peuvent se dessécher:
Ton flot d'amour ne tarit pas,
Et pour moi, c'est assez !
[...]
Ô Dieu, je pose mon fardeau
À Tes pieds désormais,
Ne souhaitant rien de plus
beau
Que Te servir, T'aimer !
(John Ryland, Hymnaire de la
Science Chrétienne, nº 224)
Quelle merveilleuse sensation de soulagement et de liberté ai-je ressentie lorsque que j'ai « posé mon fardeau à [Ses] pieds » ! Notre famille a vraiment connu un renouveau. Cela ne s'est pas fait du jour au lendemain, mais à présent les relations que nous avons avec notre fils sont empreintes de chaleur, de joie et de respect. C'est absolument merveilleux de pouvoir lui dire que nous l'aimons en sachant qu'il accepte et qu'il comprend cette affection. Je continue à fondre de reconnaissance lorsque j'entends: « Moi aussi, je t'aime bien, maman. Quel don du ciel ! Aujourd'hui, il est marié et fait une brillante carrière. Et devinez ? Il sourit, et nous aussi.