Un caillou dans ma chaussure rendait la marche inconfortable. Mais j'étais pressé, et c'était plus facile de faire avec... Peut-être avez-vous déjà eu des cailloux dans la vie, vous aussi. C'est le genre de désagréments qui ne valent pas la peine qu'on s'y arrête. Pourtant, ils nous agacent constamment. En général, lorsque la gêne est plus importante que l'effort exigé pour s'attaquer au problème, on décide finalement de s'en occuper.
Mais parfois le caillou est si bien enfoui qu'il devient difficile de l'extirper. C'est peut-être là ce qui explique l'expression populaire: « Il faudra faire avec ! » Il peut s'agir d'un voisin pénible, d'un travail qui ne satisfait plus, d'un problème de santé ou même du sentiment que la société évolue dans un sens contraire à ce qui nous paraît juste. Un sentiment d'impuissance commence à naître. La tentation est forte de se résigner à ce que les choses soient ce qu'elles sont. Mais sommes-nous vraiment obligés d'accepter le plat que nous sert l'existence mortelle?
Ce n'était pas l'avis de Jésus. Il ne souhaitait pas non plus que nous acceptions un point de vue aussi fataliste. Je me suis même demandé s'il ne critiquait pas directement cette nécessité de « faire avec », quand il déclara, lors de son Sermon sur la montagne: « Accorde-toi promptement avex ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui. » (Matthieu 5:25) Cela vous paraît-il étrange ? Si l'« adversaire » est le problème auquel on fait face, pourquoi s'accorder avec lui, puisque l'on veut s'en débarrasser ? Je pense que Jésus voulait dire: « N'apprenez pas à vous accommoder d'un adversaire. Décidez sans attendre de vous en occuper, de lui faire face, de l'affronter et de le vaincre. Prenez position dès maintenant.»
Mais il semble parfois que l'on n'ait d'autre choix que de faire avec. Par exemple, le présentateur de la météo à la télévision annonce que le taux de pollen est élevé, et qu'il vaut mieux se préparer à subir cet inconvénient. D'autres conditions météorologiques ne seront sans doute pas plus idéales pour d'autres, aussi est-il préférable d'accepter que le temps gouverne notre vie. D'autant que ce journaliste est particulièrement convaincant. Regardez ses cartes et ses tableaux ! Le monde météorologique tout entier confirme ses dires ! Autre exemple, pire !, celui-ci: imaginez qu'un médecin vous ait annoncé que vous avez un problème avec lequel il va falloir vivre. Cette prédiction est peut-être confirmée par une deuxiéme ou une troisième opinion étayée par des examens et des radios. Qui est-on pour douter de la compétence de tout l'establishment médical ? Aujourd'hui, des personnalités de premier plan apprennent, parfois de façon héroïque, à vivre avec la maladie parce que, selon l'état actuel des connaissances de la médecine classique, ils n'ont pas le choix.
Alors, pauvre petit « mortel », face à un problème mineur ou grave, vous n'êtes vraiment « rien du tout » quand il s'agit d'argumenter avec les « autorités compétentes ». Mais nous cessons d'être ce mortel vulnérable dès que nous comprenons que le Christ, ou authorité spirituelle exprimée par Jésus, nous soutient, nous affirme que nous n'avons pas à0 «faire avec». Le message du Christ, en fait le commandement du Christ, est celui-ci: « N'attends pas une minute de plus. Affronte promptement l'agression qui s'impose à toi. » Le Christ nous parle en ce moment même, comme au temps où Jésus révélait son message aux hommes.
Tandis que l'« adversaire » veut nous persuader que nous devons vivre avec telle ou telle limite, le Christ ou Consolateur promis par Jésus (Consolateur en grec ancien signifie aussi défenseur, avocat) prend fait et cause pour nous dans notre conscience, et nous exhorte: « Apprends à vivre avec Dieu. » Si l'adversaire déclare: « Apprends à vivre avec les maladies de la matière », l'Avocat proclame: « Apprends à vivre avec Dieu, qui est l'Âme, la source de toute santé. » Lorsque l'adversaire insiste: « Apprends à vivre dans un monde où les personnalités sont en lutte », l'Avocat ordonne: « Apprends à vivre avec Dieu, qui est le seul et unique Entendement, libre de toute agitation. » Si l'adversaire soutient: «Apprends à vivre de façon désordonnée », l'Avocat nous encourage dans un murmure: « Apprends à vivre dans l'ordre du Principe divin. » Lorsque nous prions, les idées qui s'expriment dans la conscience ne sont pas de simples mots. Elles illustrent la présence du Christ en affirmant la réalité de Dieu qui est bonne et en rejetant les troubles de la mortalité. Le Christ donne pouvoir, autorité et efficacité aux mots.
Peut-être prions-nous déjà depuis longtemps. N'est-il pas trop tard pour « nous accorder promptement » ? Jésus ne nous a donné aucune excuse. Il a simplement ordonné de faire immédiatement face à l'ennemi et de refuser de se rendre. Dans quelles circonstances ? En permanence. En d'autres termes, il exige, selon moi, que nous prenions position de façon constante et définitive en faveur de la réalité de Dieu. Chaque fois que l'adversaire se présente à la pensée, nous pouvons nous tourner aussitôt vers l'Avocat. Cette présence du Christ nous donnera la force et le courage de ne jamais revenir sur notre position, quelle que soit la situation, et aussi souvent qu'il le faudra. C'est l'adversaire qui doit faire marche arrière.
Un enseignement religieux ancien voudrait que certains humains soient bloqués entre ciel et terre, dans un lieu appelé « les limbes », sans jamais pouvoir accéder au ciel et à son harmonie. Cette croyance est décourageante, puisqu'il n'y a rien d'autre à faire que... faire avec ! Mais le Christ met en question et renverse tous les concepts de l'ancienne théologie, figée dans une conception de la réalité basée sur la matière. «Voici, je fais toutes choses nouvelles. » (Apocalypse 21:5) Cette promesse biblique s'applique à notre époque. Elle révèle une réalité basée sur l'Esprit, un point de vue nouveau sur l'existence qui élimine les vieux schémas tenaces de discordance.
Une amie était aux prises avec des problèmes physiques qui ne cédaient pas. Elle n'arrivait pas à prendre le dessus. Peu à peu, elle a fini par se laisser persuader qu'il lui faudrait faire avec ces désagréments. Un jour, cependant, une pensée lui est venue: « La Science Chrétienne n'est pas synonyme d'accommodement, mais de guérison. » C'était le Christ qui se faisait le défenseur de la Vérité dans sa conscience. Un changement s'est opéré en elle. C'est à partir de ce moment décisif que les désagréments ont commencé à céder.
Dans ses écrits, Mary Baker Eddy parle de l'importance qu'il y a à refuser de vivre avec l'adversité, autrement dit avec tout ce qu'un Dieu d'amour ne pourrait jamais nous envoyer. Elle cite le commandement de Jésus: «Accorde-toi promptement avec ton adversaire », puis elle explique sur plusieurs pages comment le faire aussitôt et de manière décisive. Elle nous demande de ne pas perdre de temps avec le péché ou la maladie, et insiste pour que nous rejetions toute discordance avec vigueur. Nous devons la chasser, nous y opposer, nous élever contre elle, la renverser, l'effacer de la pensée, refuser de nous soumettre à elle, la bannir, ne pas nous déclarer coupables, être justes envers nous-mêmes, réfuter l'erreur, la rejeter, agir en sens inverse, lui fermer la porte, exercer l'autorité divine, être forts, fermes, sans craintes et calmes. Mary Baker Eddy nous incite à vivre le Christ à l'œuvre. (voir le passage entier dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 390-394)
Nous avons la capacité de cesser de vivre avec tout ce qui est dissemblable à Dieu. Nous avons le droit d'apprendre à vivre avec Dieu. Et nous pouvons commencer, ou recommencer, dès aujourd'hui. Que le Christ proclame dans notre conscience: « J'accepte dès à présent de défier tout mensonge qui se présente concernant Dieu et Son enfant. Je vivrai avec Dieu uniquement, avec la santé et l'harmonie de l'Âme, l'unité de l'Entendement, la stabilité du Principe. Je ne serai plus apathique ni contraint par force à accepter une autre autorité que le Christ et sa révélation de ma perfection. »
Nous pouvons apprendre une foule de choses utiles dans la vie. Mais il en est une que rien ne nous oblige à retenir: vivre avec des limites. Le Christ exige la fin de toute limite mortelle, et nous pouvons vivre avec cette exigence !
