Vienne, Autriche, novembre 1982. Il fallait que je m’habitue aux journées froides et nuageuses d’un automne si différent de ceux du Brésil où je suis née. C’était le premier jour du mois, la Toussaint, fête nationale. Cette journée est célébrée dans de nombreux pays comme un jour où l’on se souvient des membres de sa famille, mais aussi comme un jour de deuil.
Il n’y avait pas cours le ler novembre et, alors que je me déplaçais en tramway, j’observais les nombreuses personnes qui se rendaient au cimetière central, le Zentralfriedhof, non loin de ma résidence d’étudiante, à Vienne. Quelques détails retenaient mon attention: la façon dont les gens étaient habillés, les fleurs qu’ils tenaient à la main, l’expression de leurs visages. Pour eux, cette journée ne semblait pas être solennelle ou triste, mais davantage une occasion de se retrouver en famille ou avec des amis. Plus tard, j’ai découvert qu’en effet il en était ainsi.
Mais chez moi, au Brésil, je n’avais jamais vraiment apprécié ce jour férié. Pendant mes années d’adolescence, puis en tant que jeune adulte, je m’étais interrogée sur le comportement des gens lors de la Toussaint, et je n’allais pas au cimetière, contrairement à beaucoup d’autres. Après ce mois de novembre à Vienne, il y a eu de nombreuses fois où j’ai pleuré avec désespoir, me rebellant contre le fait d’avoir perdu ma mère. Je ressentais comme une injustice d’avoir été témoin de son infirmité, puis de sa mort, alors que j’étais encore enfant, d’avoir grandi sans sa présence, et d’être passée par des moments de solitude, sans une épaule maternelle où cacher mes pleurs.
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