De nos jours, bien des gens connaissent quelqu'un ayant parlé au moins une fois de mettre fin à ses jours. Les études montrent que le suicide est un sujet auquel de nombreux adolescents pensent et, tout récemment, un rapport a signalé que le personnel de l'armée américaine est de plus en plus préoccupé par ce problème.
Dernièrement, une de mes amies se demandait tout haut si la mort ne serait pas une solution à ses problèmes. Elle était assaillie par toutes sortes de questions au sujet de son avenir, des difficultés qu'elle rencontrait avec son ami, de problèmes liés à l'insécurité, aux tensions dans sa famille, et à des ennuis de santé. Pour n'en citer que quelques-uns.
Il est naturel de souhaiter aider les gens dans ce type de situation. Et, souvent, nous le pouvons. Pouvoir aider les autres est un talent que nous possédons tous. Cela fait partie de notre nature, tout comme notre façon de rire ou l'étincelle qui brille dans nos yeux. Cela vient de l'amour que Dieu a mis dans notre cœur. Nous pouvons croire que nous n'en sommes pas capables. Mais, lorsque nous demandons à Dieu de nous aider à aider les autres, Il nous indique la meilleure attitude à adopter face aux circonstances. Nous pouvons aider nos amis en renforçant leur conviction naturelle que la mort n'est pas une solution aux problèmes de la vie. Le désespoir est une des façons de considérer la vie. Celle-ci peut paraître désespérément triste lorsqu'elle est fondée sur une base matérielle. Mais il y a une autre manière de regarder la vie, une manière spirituelle qui, elle, est riche de promesses. Être familier avec la vie spirituelle et partager ce fait est la meilleure façon d'aider ceux qui se débattent avec des pensées d'autodestruction.
C'est un peu comme Christophe Colomb. Avant 1492, presque tout le monde en Europe pensait que ce que nous appelons aujourd'hui l'océan Atlantique était une vaste barrière infranchissable. On ne pouvait alors qu'imaginer ses dangers, et ces craintes imaginaires paralysaient quasiment tout individu qui voulait s'aventurer loin des terres de l'Europe ou de l'Afrique. Selon une histoire que j'ai entendue, Christophe Colomb a remarqué que les coques des navires qui naviguaient vers l'ouest disparaissaient de la vue avant leurs mâts. Il a calculé que la terre était ronde, et qu'il pourrait atteindre les richesses du lointain Orient en naviguant vers l'ouest. Et le résultat, c'est qu'il a permis au monde entier de s'ouvrir à de nouvelles et immenses possibilités.
De façon similaire, peu importe à quel point les problèmes de nos amis peuvent leur apparaître sombres ou désespérés – à eux et même à nous – il y a toujours un mât qui dépasse à l'horizon. Il dépasse sous la forme d'une vision morale et spirituelle des choses. Dieu est l'Amour divin, qui prend un soin infini de nous, et Il nous donne cette vision grâce au sens spirituel, un peu comme la vision plus élevée de Christophe Colomb lui est venue en étant observateur, attentif, et en faisant preuve d'intuition.
Ce sont là des qualités du sens spirituel. Cette vision spirituelle est aussi appelée le Christ, ou la Vérité que Dieu connaît et l'amour que Dieu ressent pour toute Sa création. Cette Vérité est universelle, comme le principe des mathématiques, et elle est à la disposition de chacun, tout comme ce principe. Elle est d'ores et déjà présente dans notre conscience. Nous devons juste nous éveiller à cette Vérité.
« Attendez une seconde », direz-vous. « Est-ce que vous êtes en train de me suggérer que si je désire aider mes amis pour les sortir de leurs penchants suicidaires, je dois en passer par la grande expérience de la religion ou de l'église ? »
Eh bien, peut-être pas. Mais, si vous décidiez de le faire, ce serait comme posséder une mine d'or inépuisable de ressources spirituelles. Les divers outils que la Science Chrétienne met à notre disposition, comme les services d'église et l'école du dimanche, les Leçons bibliques hebdomadaires indiquées dans le Livret trimestriel de la Science Chrétienne, et des périodiques comme celui que vous êtes en train de lire, ont été prévus par Mary Baker Eddy, qui a découvert la Science Chrétienne, pour aider les gens à s'éveiller à ces ressources et à être aussi efficaces que possible dans leur manière d'aider les autres.
Si nous sommes juste désireux d'ouvrir un tant soit peu notre pensée aux valeurs spirituelle, nous nous apercevrons que c'est comme la découverte d'un filon d'or ininterrompu dont les pépites nous enrichissent spirituellement d'aider les autres dans une grande mesure. Le « grand engagement » peut attendre si c'est nécessaire. Dieu a l'habitude d'attendre. Et si vous êtes comme la plupart d'entre nous, vous avez d'abord besoin de quelques expériences encourageantes, qui vous montrent que cette manière spirituelle de penser est vraiment comme un mât à l'horizon, un vrai signe d'espoir, pas simplement un bout de bois, issu d'un précédent naufrage, qui flotte à la verticale.
Les signes spirituels sont un peu comme les premiers signes du printemps. Il faut être attentif pour noter les soirées qui rallongent graduellement et l'atmosphère qui se réchauffe. Les signes que Dieu prodigue des soins spirituels à d'autres peuvent venir sous forme de notre humble sentiment de confiance en nous-même, d'une idée utile à partager, ou même de ce sentiment intérieur, soudain et inattendu, que tout va bien se passer pour votre ami. Tous ces signes viennent de Dieu, et chacun d'eux signifie que c'est le bien qui est présent, non le mal. Science et Santé avec la Clef des Écritures dit: « Dans la Science, tout l'être est éternel, spirituel parfait, harmonieux en toute action. » (p. 407)
Encore une fois, nous possédons tous la capacité d'aider notre prochain, et cette capacité nous vient de Dieu. Nous ne sommes pas impuissants face à ceux qui pensent que la situation est sans espoir. Dieu nous a naturellement doués du pouvoir d'aimer. Cela me rappelle un professeur de dessin qui, lors de son premier cours, a dit aux joueurs de football que nous étions qu'il n'allait pas nous apprendre à être des artistes. Il allait nous éveiller aux capacités artistiques que nous possédions déjà. Et c'est ce qu'il a fait, en quelques semaines seulement. C'était incroyable. Nous avons pris conscience de choses dont nous ignorions jusque-là qu'elles pouvaient exister, en nous-mêmes, chez les autres et tout autour de nous.
L'amour de Dieu est ainsi. Il éveille en nous la vision spirituelle, que nous avons déjà, de toutes choses. Il nous permet d'être merveilleusement perspicaces, intuitifs et efficaces dans notre manière d'aider. Il nous permet de ne pas ressentir simplement un sentiment humain de sympathie ou de pitié, ou même de crainte pour ce qui pourrait arriver à nos amis, mais de prendre conscience du bien qui existe là même où nous pensions que se trouvait une personne inquiète ou désespérée. Il se peut que cela ne se fasse pas de façon instantanée, encore que ce soit tout à fait possible. Mais ce qui est merveilleux, c'est que cela arrivera si nous sommes doux et attentifs, si nous écoutons les idées spirituelles avec autant d'attention que nous le faisons lorsque nous réglons la radio sur notre station préférée. Si le signal venant de Dieu semble faible ou brouillé, il suffit simplement d'être davantage à l'écoute. Mais Il n'est jamais trop éloigné pour que nous ne puissions entendre Son message plein d'amour. En fait, Dieu est toujours à notre portée, plus proche de nous que l'air que nous respirons.
Les idées spirituelles dont nous avons besoin pour aider nos amis ne sont pas compliquées, mais elles sont différentes des idées généralement acceptées. Les idées spirituelles partent de cette vérité la plus douce, mais cependant la plus puissante, que Dieu est réel, qu'Il est présent partout, qu'Il est l'Amour total, et que l'homme est Son idée parfaite. En fait, le mal n'est pas réel, parce que Dieu ne l'a pas créé. Le résultat est que nous n'avons jamais à être impressionnés ou paralysés par la peur ou le désespoir que nos amis semblent ressentir.
Voilà quelles sont les vérités que nos amis ont besoin d'entendre et qu'ils désirent vraiment entendre, lorsqu'ils sont découragés. Mais plus que tout, ils veulent avoir le sentiment que nous ressentons nous-même ces vérités, que nous les comprenons, que nous les croyons et que nous les aimons.
Les suggestions qui mènent au découragement et aux idées noires, qui à leur tour suscitent des idées de suicide, ne sont que cela: des suggestions. Elles ne sont pas des idées de Dieu. Elles sont toutes basées sur la croyance que l'homme est mortel, non spirituel, et que le bonheur vient de la satisfaction de soi, peut-être de richesses inaccessibles, de la notoriété, etc. Tout cela, en nous incitant à nous concentrer seulement sur notre nature mortelle et à nier notre nature divine en tant que création de Dieu, comporte souvent une bonne part d'égoïsme. Ces suggestions nous racontent un mensonge en nous disant qu'il n'existe pas de solution aux situations difficiles de la vie, alors qu'en réalité il y a toujours une solution. Cette solution se trouve dans les idées justes. Jésus nous a montré comment résister aux suggestions mortelles. Il a dit: « Retire-toi, Satan ! » (Matthieu 4:10) Il a dénoncé la mort comme étant l'ennemie de la joie et de la paix, et non une amie. Il a raconté cette parabole au sujet d'un homme qui est mort et qui a dû souffrir de grands tourments parce qu'il ne voulait pas se débarrasser des mauvaises pensées qu'il avait avant de mourir. (cf. Luc 16:19-26) Ainsi, lorsque nos amis sont prêts, nous devrions les aider avec patience à remettre en question leurs pensées erronées et à rassembler leur courage naturel et leur humilité pour faire preuve d'altruisme et d'amour.
Les pensées d'autodestruction ne signifient pas toujours le suicide. Elles peuvent impliquer la propre condamnation, l'insécurité, le dégoût de soi, un sentiment d'infériorité. Ce sont des idées qui viennent souvent de toutes sortes de pressions et de conditions personnelles, et de comparaisons avec les autres. Elles peuvent s'installer petit à petit, comme un rhume, ou arriver soudainement, comme lorsqu'on éternue. Elles peuvent être déclenchées par la simple curiosité, par la contagion silencieuse de la pensée collective générale, par des discussions apparemment innocentes, ou même faire irruption sur un coup de tête. Après qu'un de mes bons amis se fut suicidé, son frère, très triste, a déclaré: « Il a toujours été impulsif, mais ça, c'est vraiment de la folie. Totalement inutile. Il n'arrivait tout simplement pas à croire que nous l'aimions ! »
Quelquefois, des amis nous demandent comment être sûr que la vie après la mort n'est pas meilleure que notre vie actuelle. Ils insinuent que toute réponse à cette question est hautement spéculative. Ce sont des interrogations sensées, que nous avons tous à un moment ou à un autre. J'ai connu une femme qui avait eu l'expérience d'une mort imminente. Elle a raconté plus tard qu'elle avait vu des membres de sa famille, décédés avant elle. Elle avait commencé à parler avec eux, lorsqu'elle s'est rendu compte qu'ils n'étaient pas plus spirituels qu'elle. Cela l'a secouée, lui a fait comprendre qu'elle ne voulait pas mourir, et l'a éveillée à accepter les idées concernant sa vie en tant que reflet de Dieu. Ces pensées l'ont aidée à résister à la mort et à rejeter l'idée que c'était une amie. Elle a dit plus tard que ce fut une expérience sainte, parce qu'elle lui a donné une vision nouvelle de la Vie en tant que Dieu, non dans la matière, mais dans l'Esprit.
En principe, il n'existe pas de communication entre ceux qui vivent ici, et ceux qui sont partis. Mais il y a une exception. Mary Baker Eddy la décrit comme « le passage qui nous conduit d'un rêve à un autre rêve... » Elle dit: « Il y a un moment où il est possible à ceux qui vivent sur la terre de communiquer avec ceux qu'on appelle les morts, et c'est le moment qui précède la transition, le moment où le lien entre leurs croyances opposées se rompt. » (Science et Santé, p. 75)
Et puis, il y a eu Lazare. Il est mort quatre jours avant que Jésus ne le ressuscite, ou ne le réveille. (cf. Jean, chap. 11) Il avait disposé de beaucoup de temps pour regarder autour de lui. Si la prochaine vie avait été meilleure, il semble raisonnable de penser que Lazare n'aurait pas voulu revenir sur ce plan d'existence. Mais, comme Mary Baker Eddy l'écrit: « La mort n'est pas le marchepied de la Vie, de l'immortalité et de la félicité. » (Science et Santé, p. 203); et: « Tel est l'homme mortel lorsque la mort le surprend, tel il sera après la mort, jusqu'à ce que le temps d'épreuve et le progrès aient opéré le changement nécessaire. » (ibid., p. 291)
Chaque vie est précieuse. Nous aimons suffisamment nos amis pour les aider à s'éveiller de leur rêve de souffrance, même s'ils n'arrivent pas à imaginer que quelqu'un les aime. Leur vie est précieuse à eux-mêmes en tant que créatures nobles, et elle est précieuse à l'humanité, à cause de ce grand bien qu'ils ont à partager. Et elle est précieuse à Dieu, qui crée chacun de nous pour que nous L'exprimions, maintenant et à jamais. Pour Lui, il n'existe pas de vie misérable, pas plus que de mortel obstiné. Tous, nous pouvons prouver cette vérité, pas à pas – et aider les autres à la prouver aussi.