Pour les prophètes de l'Ancien Testament, le monde spirituel apportait des solutions aux problèmes du monde matériel. Portant les regards au-delà des choses visibles et percevant l'Éternel invisible qui connaît tout de toute existence, les prophètes ont pu percer des mystères complexes, guérir des difficultés physiques et faire du bien à d'innombrables personnes. Élisée, qui a réussi dans cette entreprise, à savoir se tourner toujours vers Dieu au lieu de se concentrer sur le monde physique illusoire, est devenu l'un des prophètes les mieux aimés de l'Ancien Testament.
Le prédécesseur d'Élisée, Élie, était luimême un prophète expérimenté. Élisée rêvait de posséder sa capacité de percevoir la pensée de l'Éternel. Quand Dieu les amena tous deux au bord du Jourdain lors de ce qui devait être le dernier voyage sur terre d'Élie, celui-ci prouva le pouvoir de l'Éternel sur les lois de la matière. Élie frappa les eaux de son manteau et elles se partagèrent. Élisée allait tirer de cette expérience une de ses leçons les plus mémorables.
Élie dit à son protégé: « Demande ce que tu veux que je fasse pour toi, avant que je sois enlevé d'avec toi. » (II Rois 2:9). Élisée demanda qu'une « double portion » de l'esprit d'Élie lui soit attribuée. Mais Élie avait déjà partagé avec son élève tout ce qu'il pouvait. La qualification la plus importante pour un prophète, à savoir la capacité de se tourner vers l'Esprit, de percevoir avec des yeux spirituels et d'interpréter le message divin, ne pouvait pas être transmise en héritage. Cependant, Élie expliqua à Élisée que s'il le voyait pendant qu'il serait enlevé de terre, cela indiquerait qu'il possédait déjà « l'esprit » de son mentor.
Quand l'évènement se produisit, c'est-à-dire quand un char et des chevaux de feu apparurent pour enlever Élie au ciel, Élisée leva les yeux, au sens propre, à n'en pas douter. Mais on peut penser qu'Élisée éleva aussi les yeux spirituellement. Il vit le char qui les séparait et Élie qui montait au ciel dans un tourbillon. Élisée avait perçu la totalité de l'évènement avec les yeux d'un prophète, prouvant qu'il possédait la vision spirituelle nécessaire à un vrai disciple de Dieu.
Élisée n'a guère perdu de temps par la suite pour mettre en pratique ses capacités spirituelles fraîchement découvertes. Quand on lui a demandé de l'aide, il a concentré son attention sur l'Esprit pour trouver force, inspiration et conseil. Et, comme ses expériences l'ont prouvé, il gardait son attention fixée sur l'Éternel invisible, s'appuyant sur cet Esprit-là pour le guider.
Tout d'abord, la ville de Jéricho a eu besoin de lui. Ses eaux étaient contaminées et cela provoquait des pollutions du sol, des infections et des fausses couches. En l'absence de tout expert scientifique de nos temps modernes, les citoyens firent appel à leur nouveau prophète. Élisée, qui avait pu partager les eaux avec le manteau qu'il venait d'hériter et qui avait pu traverser le fleuve à sec comme l'avait fait Moïse, pouvait certainement aussi assainir leurs eaux. Comment était-il possible de résoudre ce problème apparemment irréversible de pollution et de contamination ? Élisée n'a pas essayé de s'occuper de l'eau, mais il s'est tourné vers ce qu'il ne pouvait pas voir, vers Dieu.
Tandis qu'il priait, une solution inattendue s'est présentée. Élisée demanda un récipient plein de sel et il jeta le sel dans la source. Les gens qui virent ce geste ont dû se demander pourquoi il agissait ainsi, car le sel ne faisait sûrement qu'aggraver la contamination. Alors la parole divine sortit des lèvres d'Élisée: « Ainsi parle l'Éternel: J'assainis ces eaux. » (II Rois 2:21). Dieu opérait, pas le sel. Élisée avait-il jeté du sel dans l'eau pour montrer qu'il est absurde de penser que Dieu peut apporter une solution par le biais de la matière ? Voulait-il dire qu'une solution matérielle n'est jamais totalement logique ? Quelle que soit la réponse à ces questions, Élisée prouva que l'Esprit seul avait purifié la contamination matérielle, permettant à Jéricho de devenir un endroit idyllique regorgeant de fleurs magnifiques et de beaux palmiers.
À un autre moment, Élisée a aidé une école de prophètes qui cherchait une solution pour accueillir ses élèves, dont le nombre augmentait. Il a accompagné les élèves jusqu'aux rives du Jourdain, où ils bâtissaient des locaux plus spacieux. Arrivés sur le site, ils devaient fournir leurs propres matériaux de construction ainsi que leurs outils et avaient souvent besoin d'en emprunter. Quand, soudain, le fer d'une hache s'est détaché de son manche, ils se sont tous mis à crier. (Le mot hébreu qui a été traduit par « emprunté » indique en fait qu'ils avaient « prié » pour obtenir cet outil, ce qui le rendait d'autant plus précieux.) Quand Élisée demande où le fer est tombé, le lecteur peut presque l'imaginer s'élevant en pensée vers l'Éternel du ciel et de la terre à qui rien n'échappe, au lieu de se tourner vers les eaux tourbillonnantes.
Le morceau de bois qu'Élisée a jeté dans l'eau, avec l'intention apparente de retrouver la hache, n'avait certainement pas ce pouvoir. Cependant, contrairement aux lois de la matière, mais conformément à la loi de l'Éternel, le fer de hache s'est mis à surnager et a pu être restitué à l'équipe de bâtisseurs. La méthode utilisée par Élisée pour retrouver la cognée ne consistait pas à chercher l'objet perdu mais à recourir à une action qui devait paraître mystérieuse à quiconque ne savait pas qu'Élisée accomplissait toutes choses avec l'aide de l'Éternel.
Les conseils prophétiques d'Élisée résolvaient non seulement les problèmes individuels, mais aussi ceux concernant la nation. Les conseils qu'il donna au roi ont sauvé bien des vies en temps de guerre. Même l'ennemi syrien s'est rendu compte des pouvoirs de ce prophète. En concentrant son attention sur les directives constantes de l'Éternel, au lieu d'essayer de deviner les motifs de l'ennemi, Élisée avait pu en effet détecter les plans de l'armée syrienne et déjouer ses attaques contre Israël, à maintes et maintes reprises. En guise de représailles, le roi de Syrie, furieux, envoya de nuit une grande armée pour capturer le prophète.
Son serviteur fut pris de panique, mais Élisée n'eut pas peur. Au contraire, il leva les yeux au ciel, priant pour que son serviteur soit capable de discerner ce que lui pouvait voir, pour qu'il reste aussi calme que lui dans une situation qui semblait terrifiante. Il priait pour que son serviteur détourne ses yeux de l'ennemi et perçoive la présence de l'Éternel. Celui-ci verrait ainsi ce qui était réellement là: des chars et des chevaux de feu, c'est-à-dire la vision du pouvoir protecteur et défenseur de Dieu, ainsi que la présence qui avait habité Élisée depuis l'ascension de son mentor bien-aimé.
Comme il est tentant de ne pas « lever les yeux », mais plutôt de se noyer dans la tristesse, la confusion ou la crainte. Imaginez qu'Élisée n'ait jamais levé les yeux vers le ciel. Il n'aurait probablement pas accompli tout ce qu'il a fait: entre autres, nourrir une foule avec quelques pains, guérir un lépreux arrogant, guérir la stérilité d'une femme, ressusciter un jeune homme ou multiplier l'huile d'une pauvre veuve. Mais il a bel et bien levé les yeux vers le ciel et sa prière a été efficace. Et, si ce même regard a aussi été efficace pour son fidèle serviteur, il peut apporter l'espoir et la guérison à tous ceux qui, pareillement, osent lever les yeux.
L'histoire complète d'Élisée se trouve au chapitre 19 du premier livre des Rois et dans la première moitié du deuxième livre.
