Ces derniers temps, paraît-il, il ne suffit plus de rechercher un train de vie comparable à celui de ses voisins. Désormais, on veut vivre comme les célébrités.
Inutile de dire que les images véhiculées par les médias – cinéma, télévision, magazines de luxe – alimentent le désir d'imiter ceux qui sont riches et célèbres. Les membres les plus riches de notre société paraissent bien souvent mener une vie extraordinaire, portant des vêtements élégants, conduisant des voitures hors de prix et vivant dans des propriétés somptueuses.
Mais le désir de posséder de telles choses ne va pas sans conséquences fâcheuses, comme par exemple le surendettement, auquel tant de consommateurs sont aujourd'hui confrontés. Et, plus souvent qu'on ne le pense, la promesse de trouver le bonheur par l'accumulation de biens matériels ne se réalise jamais. Les gens découvrent au contraire que plus ils ont de choses, plus ils en désirent.
Le fait que tant de personnes soient attirées dans ce piège renvoie peut-être à un problème d'identité. Nous souhaitons tous être acceptés, reconnus et appréciés. Et parfois, nous nous laissons aller à croire que si nous possédons certaines choses coûteuses ou à la mode, nous nous sentirons mieux. Et, pourtant, il n'en est pas ainsi. En tout cas, pas de façon durable.
Pourquoi donc ? Selon Mary Baker Eddy, c'est parce qu'en réalité nous ne sommes pas des mortels physiques avec des besoins et des désirs matériels. Comme elle l'explique dans son livre Science et Santé, chacun de nous est en réalité spirituel, l'expression de Dieu, l'Esprit divin. Par conséquent, la matière, quelle que soit sa forme, est incapable de satisfaire nos besoins réels, qui sont spirituels. Et, pour comprendre ce fait, et atteindre au bonheur profond et durable qui vient d'une telle compréhension, nous devons reconnaître pour ce qu'il est l'appétit excessif pour les biens matériels: une tentative de nous empêcher de savoir qui nous sommes réellement et de nous détourner de ce qui procure vraiment la joie.
« L'ambition désintéressée, de nobles mobiles de vie et la pureté – ces éléments de la pensée, se confondant – constituent individuellement et collectivement le véritable bonheur, la force et la constance », écrit Mary Baker Eddy (Science et Santé, p. 58).
Cela ne signifie pas, bien sûr, que la possession de biens matériels soit répréhensible. Nous ne sommes pas censés être privés de choses utiles et essentielles. Et, en fait, avoir de telles choses ne signifie pas non plus que nos valeurs soient mal orientées. Mais combien de pensées, de temps, et d'énergie sont consacrés à des objets matériels, à des choses qui pourraient nous détourner – ou nous priver – de la croissance spirituelle ?
Chacun de nous peut se poser cette question: qu'est-ce qui a de la valeur pour moi ? Ce que j'apprécie est-il basé sur le fait de reconnaître que je suis l'idée spirituelle de Dieu ? Répondre à de telles questions en partant d'un point de vue spirituel plutôt que matériel nous libère et nous permet de comprendre que l'Amour infini, la source divine de tout bien, répond déjà à tous nos besoins.
C'est une leçon que j'ai apprise il y a quelques années, lorsque j'ai découvert que mon intérêt pour tout ce qui était matériel m'apportait de moins en moins de satisfaction. La réussite dans mon travail m'avait donné des moyens suffisants pour pouvoir acheter à peu prés tout ce que je voulais, voyager aussi souvent que je le désirais, posséder une coûteuse maison de vacances, et donner à l'extérieur l'illusion que j'avais ma vie bien en mains. Mais, à l'intérieur, je me sentais vide et privée de tout. Je me suis mise à désirer ardemment cet accomplissement spirituel que je savais être enseigné par la Science Chrétienne. C'est ainsi que j'ai commencé à étudier la Bible et les écrits de Mary Baker Eddy. J'ai réaffirmé ce qui me relie à Dieu. Et j'ai commencé à explorer les qualités spirituelles illimitées qui constituent mon identité en tant qu'expression de Dieu, des qualités telles que la pureté, le désintéressement, l'honnêteté, la tendresse, la créativité.
Ainsi, les signes extérieurs de mon style de vie matérialiste ont commencé à perdre de leur attrait et à disparaître. J'ai éprouvé à la place un sentiment de bien-être et de reconnaissance de ma propre valeur, accompagné du désir de servir Dieu, ainsi que d'aider et guérir mon prochain. Aujourd'hui, bien des années après, mes journées sont remplies d'activités tournées vers l'Esprit, et la satisfaction et le sentiment d'accomplissement que j'en retire surpassent de beaucoup toutes les joies que j'ai pu penser tirer de possessions matérielles. Nous devons tous, à un moment ou à un autre, réfléchir à ce qui favorise vraiment le bonheur. Cela arrive souvent lorsque nous sommes confrontés à des situations difficiles, comme la perte de certains revenus ou de choses que nous aimons. C'est à ces occasions que l'on tend à comprendre qu'aucune somme d'argent, aucune possession matérielle, ne peut guérir le chagrin ou la maladie, ne peut rétablir des relations brisées, ni apporter la paix au monde. Au contraire, ce sont les choses de Dieu, les choses de l'Esprit, non de la matière, qui apportent réellement l'accomplissement et satisfont nos désirs les plus profonds, aspirations au réconfort, à la paix de l'esprit, à la capacité d'aimer les autres et d'être utile.
Évidemment, il n'est pas nécessaire de passer par des crises pour apprendre ces leçons et commencer à placer l'Esprit au premier plan. Chacun de nous peut se demander, lorsqu'il se trouve dans une phase de consommation: Est-ce que cet achat va me rendre plus heureux que je ne l'étais avant ? Est-ce qu'il va vraiment me donner un sens plus élevé de ce qu'est ma vraie valeur, ma spiritualité, ma relation à Dieu ? Après tout, voilà vraiment ce qui est en cause. Et j'ai découvert que le fait de se poser ces questions nous oblige à penser de façon plus spirituelle, et moins matérielle. Cela nous libère, nous permet d'être moins préoccupés par notre moi, et nous amène à trouver la satisfaction dans le fait d'aider et d'être au service des autres, de leur apporter gentillesse, réconfort, et guérison.
Plutôt que de s'occuper essentiellement d'accumuler des biens matériels ou d'imaginer le bonheur qu'ils vont nous apporter, notre énergie peut être dirigée vers l'expression des qualités spirituelles, vers le désir de trouver des moyens de montrer notre amour pour Dieu à travers notre amour pour l'humanité. Après tout, il y a bien plus de satisfaction à enseigner à un adulte illettré ou à un élève en difficulté, qu'à acheter un nouveau sac.
J'ai découvert que lorsque je donne plus d'importance aux qualités spirituelles et que je reconnais qu'elles sont un élément essentiel de ma nature divine, je finis par me demander: comment puis-je donner ? plutôt que: comment puis-je recevoir ? Et c'est dans l'acte de donner, d'exprimer ces qualités, que j'en apprends davantage sur qui je suis réellement. Comme le dit Mary Baker Eddy: « Ce sens scientifique de l'être, qui abandonne la matière pour l'Esprit, ne suggère aucunement l'absorption de l'homme en la Divinité ni la perte de son identité, mais confère à l'homme une individualité plus développée, une sphère de pensée et d'action plus étendue, un amour plus expansif, une paix plus haute et plus permanente. » (ibid., p. 265)
La vérité, c'est que nous n'avons pas à aller chercher la joie et la satisfaction dans des objets ou des expériences matérielles. Elles font déjà partie de ce que nous sommes en tant qu'expression de Dieu. Et, lorsque nous revendiquons ces attributs comme étant inhérents à notre être même, nous nous sentons à la fois appréciés et dignes de l'être, satisfaits et comblés. C'est ainsi que nous nous détournons des joies éphémères de la matière pour atteindre « les choses impérissables de l'Esprit. » (ibid., p. 21)