Si vous fréquentez certains centres commerciaux, il est possible que vous ayez croisé ces adolescents avec tatouages, jeans tombants et cheveux teints en plusieurs couleurs. Avez-vous remarqué comme ils se ressemblent ? Quand je repense à mes années d'adolescence, je me souviens que rien n'était plus important à mes yeux que d'être différente, d'affirmer ma propre identité, afin de me distinguer de ma famille.
L'ironie veut que, malgré tous nos efforts pour afficher notre originalité, mes amis et moi étions plus conformistes que nous le pensions. Je me Souviens que j'avais exactement la même coiffure que mes camarades (les cheveux devant les yeux, sans coupe véritable), je portais négligemment mon pull sur les épaules, comme toutes mes amies, et je parlais, marchais et pensais à peu prés de la même façon que tous les jeunes de l'école. Nous n'avions pas conscience qu'en cherchant à découvrir notre identité propre, nous calquions notre manière d'être les uns sur les autres.
Cela ne s'est guère arrangé en devenant adulte. Les mêmes questions ont continué à me hanter. Qui suis-je ? Que fais-je sur cette terre ? Quelle est ma raison d'être ? Tantôt conformiste, tantôt rebelle, j'ai passé un grand nombre d'années à chercher une réponse à ces questions. J'avais parfois l'impression de me retrouver à un carrefour d'où rayonnaient une foule de chemins, le problème étant que chacun d'eux semblait indiquer la seule direction à suivre pour trouver enfin la paix. Parmi ces chemins à suivre figuraient la politique, diverses religions, le féminisme, le yoga, des relations, des études universitaires, la rédaction de romans, la création d'entreprise. En outre, je me suis mariée et j'ai élevé mes enfants. La vie était douce, merveilleuse même ! Mais je demeurais hantée par les mêmes questions.
Mes investigations religieuses m'ont conduite à la Christian Science. J'ai vu là une piste de plus à suivre, une voie aussi stimulante que bon nombre de celles que j'avais explorées durant toutes ces années. J'espérais y trouver ce que je cherchais, ou du moins quelques réponses. Au début de mon étude de la Bible et de Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy, j'ai obtenu des guérisons physiques spectaculaires – des guérisons que seule pouvait expliquer la logique des faits scientifiques que j'avais trouvés dans Science et Santé concernant mon identité spirituelle. Par exemple, j'ai été guérie instantanément et complètement d'une brûlure, alors que je priais en méditant les paroles du psaume vingt-trois. J'ai cessé définitivement d'être dépendante de l'alcool. De fréquentes et fortes migraines, qui duraient depuis des années, ont tout simplement disparu. Parallèlement à ces guérisons, j'ai trouvé peu à peu une réponse aux questions perturbantes qui, pendant tant d'années, m'avaient paru insolubles.
La question la plus pressante était sans conteste: «Qui suis-je ?» La Christian Science m'a montré que je ne pouvais me réduire à la personne mortelle, au parcours chaotique et incertain, que je m'étais toujours imaginé être. J'ai commencé à comprendre que mon identité était spirituelle, et que ma vérotan;e histoire n'avait rien à voir avec mon lieu de naissance ni le patronyme de mes parents. Ma seule histoire était celle du lien spirituel et éternel qui m'unissait à Dieu. J'ai compris que mon être émanait de Dieu, Cela m'a apporté la paix et donné de l'assurance. En fait, je me suis sentie suffisamment forte pour me fier à mes propres jugements et à mes propres valeurs, et cesser de me conformer aux normes des autres et à leurs attentes.
Pour la première fois je prenais du recul par rapport à ce que pensaient et appréciaient les autres. Mes opinions politiques, jusque-là si tranchées, se sont nuancées, et je suis devenue plus tolérante, plus à l'écoute des opinions d'autrui. J'ai cessé de m'identifier à un programme particulier et je n'éprouvais plus la nécessité de prouver mes points de vue politiques. Je me reconnaissais de plus en plus dans un point de vue élevé, celui de Dieu sur Sa création. Cela me procurait un sentiment de liberté extraordinaire !
J'ai finalement découvert le chemin que je devais suivre, celui qui répondait à mes questions et me permettait d'approfondir le concept spirituel qui définit chacun d'entre nous. Plus j'étudiais ce concept, mieux j'arrivais à me connaître. Je n'essayais plus de me fondre dans le décor ni d'obtenir l'approbation des autres. Je me sentais de plus en plus en sécurité en ressentant l'amour que Dieu me portait.
Cette paix intérieure ne m'est pas venue d'un coup. Pas à pas, j'ai pris conscience de la sollicitude indéfectible de Dieu à mon égard, jusqu'à ce que je finisse par me tourner tout naturellement vers Lui, afin qu'il me guide et me donne de l'assurance chaque jour.
Je ne m'étais pas rendu compte à quel point cela faisait partie de ma façon de penser avant de me trouver face à un dilemme, il y a quelques années. Je proposais des ateliers d'écriture aux entreprises publiques et privées. J'avais créé cette affaire avec l'une de mes meilleures amies, que j'avais connue à l'université.
Au bout de quelques années, cette associée n'a plus eu besoin de travailler. Elle a donc cessé de s'occuper de la partie enseignement. Le succès de notre activité était modeste, et je devais maintenant m'occuper toute seule du marketing et de l'enseignement. Comme à l'époque j'élevais seule mes enfants, j'étais très heureuse chaque fois que j'avais un nouveau client. Cela consolidait un peu plus ma situation financière.
Mon ancienne faculté m'a demandé un jour de présenter à une classe d'étudiants de troisième cycle les possibilités de carrière qui s'offraient à eux en dehors du monde universitaire. L'une des femmes qui participaient à cette journée d'information était la directrice de la loterie de notre État.
A la fin de la réunion, elle m'a proposé d'organiser une série d'ateliers dans son service. Elle employait des centaines de personnes ! Tandis qu'elle me dépeignait ce que serait la prochaine étape de ma carrière professionnelle, je ne cessais de penser que j'avais touché «le gros lot» ! J'allais gagner une petite fortune grâce à un seul client. Bien entendu, je me suis empressée de lui répondre que cela m'intéressait.
Mais un peu plus tard dans la soirée, après avoir réfléchi à la façon dont j'allais dépenser mes futurs sacs d'or, je me suis interrogée sur la nature du travail dans lequel j'allais m'engager. Était-ce vraiment la bonne décision à prendre ? Et pourquoi pas ? La loterie était une activité légale. D'autre part, ces employés n'avaient-ils pas le droit de bénéficier de ce que l'on apprenait dans mes ateliers ? Je ne pouvais que répondre «oui». Mais je devais également me demander si, en gagnant de l'argent grâce à la loterie nationale, j'étais fidèle à ma conception la plus élevée de ce qui est juste. En me débattant avec cette épineuse question, je me suis dit: «Personne ne me reprocherait d'accepter ce travail. J'ai besoin de cet argent et je ne vois rien de mal dans la loterie.» Je présumais que la plupart des gens auraient répondu de la même façon si on le leur avait demandé.
Mais à vrai dire, j'étais mal à l'aise à l'idée de recevoir de l'argent d'une entreprise dont les ressources provenaient des jeux de hasard. «Les gens, et surtout ceux qui ont peu d'argent, dépensent leurs revenus à la loterie dans l'espoir de gagner des millions, pensai-je. Or ils perdent toujours.» Il ne me paraissait donc pas juste de profiter d'un système basé sur des jeux d'argent illusoires.
Au risque de passer pour quelqu'un de moralisateur, je savais qu'il me fallait avoir confiance en ma capacité de penser par moi-même. Après avoir prié à ce sujet, je me suis sentie en paix et j'ai appelé mon ex-associée. Je lui ai dit que cela me gênait d'animer ces ateliers. Après réflexion, elle a décidé de s'en charger elle-même. J'étais satisfaite de cet arrangement, et je lui ai dit qu'elle devrait garder tous les bénéfices. Nous avons respecté nos points de vue différents sur ce travail. Nous étions libres d'avoir chacune notre opinion, certaines que notre amitié serait suffisamment forte pour surmonter les points de divergence.
En fin de compte, ces ateliers n'ont jamais vu le jour. Néanmoins, la décision que j'avais prise a marqué une étape importante dans ma vie: j'ai ainsi appris à penser par moi-même et à me laisser guider par Dieu, au lieu de suivre l'opinion des autres. Cette expérience m'a préparée à prendre d'autres décisions en matière de marketing. Je renonçais désormais à des clients potentiels quand j'avais le sentiment que, d'une certaine façon, leur activité était en conflit avec mes propres valeurs. De telles décisions ne m'ont jamais porté préjudice. J'ai toujours eu assez de travail pour subvenir aux besoins de ma famille.
En définitive, cette paix intérieure que j'avais cherchée pendant tant d'années a toujours été en moi. Il me fallait seulement avoir confiance.