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Article de couverture

Le courage moral

L’ANTIDOTE À LA PENSÉE DE GROUPE

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mai 2005


Penser par soi-même !

Dans les années 80, Irving L. Janis, professeur de psychologie à l’université de Yale, a inventé le terme groupthink, «pensée de groupe». Ce terme décrit toute situation dans laquelle les membres d’un groupe sont unis par des liens tels qu’ils ne souhaitent pas remettre en question les décisions collectives, ou n’ont pas la possibilité de réfléchir véritablement à l’ensemble des options et des enjeux qui se présentent, à cause de facteurs contraignants (une date limite, le désir de parvenir à un résultat précis...).

Sous l’influence de cette façon de penser, une personne qui a des doutes légitimes sur une certaine orientation peut ne pas émettre d’objections, afin de rester dans la zone de confort du groupe. Des questions sont parfois éliminées par d’autres membres du groupe ou même par le chef d’équipe. Les décisions qui en résultent peuvent être dommageables.

Défier le mal

Mary Baker Eddy traite du caractère insidieux du mal dans un article percutant intitulé «De vaines méthodes». Évoquant le magnétisme animal, un terme qu’elle utilise pour décrire la somme totale du mal, elle écrit: «Le magnétisme animal, dans ses degrés croissants de malveillance, attire sa victime par des arguments silencieux et invisibles.» (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 211)

La pensée de groupe ne date pas d’aujourd’hui. Mais aujourd’hui comme hier, des gens courageux se battent pour que continue de briller la lumière de la vérité – de «la» vérité, non des faits manipulés ou des semivéritês. Le courage moral demeure indispensable dans les relations internationales, Comme dans les actes individuels de la vie quotidienne. Ceux qui ont combattu des régimes répressifs ont souvent uni leurs forces pour que leurs mouvements de résistance soient plus efficaces. Et il est impératif de rester vigilant face a tout ce qui voudrait etouffer l’individualité et la liberté de pensée, ne serait-ce que dans son foyer ou à son travail.

Sortir du moule

Il arrive qu’une pensée de groupe se développe à partir du désir d’un individu de parvenir à un résultat précis sans prendre en compte les faits. Une de mes amies, qui travaille dans la recherche, m’a raconté que l’un de ses directeurs l’avait un jour chargée de prouver qu’une certaine hypothèse était juste et non de vérifier si elle l’était.

La résistance à la pensée de groupe est essentielle à la liberté mentale et spirituelle. Si le terme «pensée de groupe» est relativement récent, le phénomène ne l’est pas du tout. Jésus s’y heurta lors de discussions avec divers représentants religieux de l’époque, qui exigeaient qu’il se conforme à la loi hébraïque, selon l’interprétation qu’eux en faisaient. Ses enseignements et ses guérisons échappaient totalement à leur contrôle et représentaient une menace pour leurs privilèges. Au sein de cette atmosphère mentale, le Sanhédrin (un tribunal religieux présidé par le souverain sacrificateur) comprenait cependant des penseurs indépendants, comme Nicodème. Ce chef religieux alla voir Jésus pour écouter son enseignement, et il défendit le maître chrétien devant le Sanhédrin (voir Jean 3:1-13, 7:50-52).

Jésus prouva que le courage moral – le fait de prendre parti pour la vérité même si cela n’est pas évident – apporte un vrai sentiment de liberté. Mais ce n’est pas toujours facile. Récemment, par exemple, ceux qui ont révélé les mauvais traitements infligés par des soldats américains aux prisonniers iraquiens dans la prison d’Abou Ghraib, ont fait l’objet de harcèlements et d’intimidations. C’est dire le courage qui est nécessaire pour défendre le droit au respect de tout individu, quel qu’il soit, et cela montre que l’humanité a encore du chemin à faire.

Au-delà de la pensée de groupe

Si les situations hors des champs de bataille ne sont pas aussi dramatiques, le courage moral reste nécessaire pour résister aux pressions d’une pensée de groupe. Il y a quelques années, le doyen d’une grande université qui m’employait m’a convoquée avec deux de mes collègues. Depuis des semaines il s’était plaint des nouvelles lois de I’État qui modifiaient les relations que l’université entretenait avec les étudiants. Lors de cette réunion, il nous a expliqué comment contourner ces lois. Me tournant vers mes collègues, j’ai vu qu’ils étaient aussi troublés que moi. Lorsque le doyen a cessé de parler, aucun de nous n’a pris la parole, mais je suis sûre que je n’étais pas la seule à prier silencieusement.

Rompant le silence, j’ai répété ses propos mot pour mot, en lui demandant s’il voulait vraiment que nous fassions ce qu’il avait dit. Il a maintenu sa position avec détermination en reprenant tous les points discutés auparavant. Comme je croyais profondément à l’honnêteté, j’ai continué de prier.

L’une des choses que j’aime particulièrement dans la Christian Science, c’est qu’elle définit Dieu en tant que principe divin, c’est-à-dire le fondement de la loi spirituelle d’où découle, en définitive, toutes les lois humaines qui sont justes. En priant, j’ai affirmé un fait spirituel: tout individu a le désir d'être honnête car il possède une nature spirituelle conforme aux lois divines. Ces nouvelles lois votées par l’État visaient à protéger les droits des étudiants. J’avais le sentiment que même si, à première vue, elles posaient un problème à l’administration, le fait de les respecter profiterait tôt ou tard à l’université.

Sachant que le Principe divin est l'Entendement de l'univers, j'étais convaincue qu'en suivant Ses directives, on ne pouvait qu'agir de façon intelligente. Personne ne pouvait donc souhaiter faire quelque chose qui risquait de nuire à l'université. Tandis que je continuais de prier, j'ai senti que l'atmosphère changeait. Sans que je puisse bien l'expliquer, une petite voix me disait que tout allait s'arranger.

Lorsque le doyen s'est tu, j'ai à nouveau répété ses propres instructions en lui redemandant si c'était vraiment ce qu'il attendait de nous. Cette fois, il m'a regardé d'un air consterné avant de répondre: «Bien sûr que non ! Ce serait illégal ! Mes collègues et moi étions soulagés. Nous avons alors mis au point une procédure qui, sans contrevenir à la loi, tenait compte de ses préoccupations.

Il n'a pas été trop difficile, dans ce cas particulier, de surmonter la résistance du responsable d'une équipe. Le doyen était un homme de valeur, mais il avait juste redouté un changement qu'il pensait préjudiciable à l'université. La pensée de groupe favorise souvent la crainte: on craint un chef d'équipe qui cherche à obtenir un résultat précis, quelqu'un a peur d'exprimer des propos risquant de susciter une vive objection, d'autres encore ont peur de perdre leur place. C'est la crainte qui nous empêche bien souvent de parler à un moment où nous devrions nous exprimer haut et fort ou agir.

Mary Baker Eddy souligne ce point dans «De vaines méthodes»: «Le magnétisme animal entretient la suspicion là où l'honneur est dû, la crainte là où le courage devrait être le plus fort, la confiance là où il devrait y avoir méfiance, un croyance à la sécurité là où il y a le plus de danger... (Miscellany, p. 211)

La vie et l'exemple de Jésus constituent un merveilleux antidote à de telles situations. Malgré sa popularité et son véritable pouvoir spirituel, il se confiait totalement à Dieu. Il n'avait pas peur, il était humble. Il ne luttait pas pour le pouvoir. En fait, si son disciple Judas l'a trahi, c'est en partie parce que Jésus ne voulait pas devenir un leader politique. Au contraire, il déclara: «Je suis au milieu de vous comme celui qui sert. (Luc 22:27)

Imaginez un instant ce que vous auriez pu ressentir en présence de Jésus, en l'entendant prononcer ces paroles. La relation de cet homme à Dieu était unique. Or le voici qui vous dit, à vous et à l'ensemble de son «groupe, que lui, le leader, est là pour servir.

Les membres d'un groupe qui désirent adopter ce point de vue du Christ, un point de vue spirituel sur la vie, se sentent autorisés à poser des questions essentielles concernant la viabilité d'un projet, car c'est moins le désir de critiquer ou de contrôler qui les animent que le souci de rendre le meilleur service possible et le plus honnête.

La question qui se pose alors est celleci: Qui servent-ils ? Un leader charismatique ? Même le désir de servir une collectivité peut avoir ses inconvénients, si l'on ne prend garde à l'influence de l'esprit de groupe. Mais avoir pour idéal de vivre conformément à sa compréhension la plus élevée de Dieu, en sachant qu'il est Vérité et Principe divin, permet de prendre ses décisions sur une base impersonnelle et de résister ainsi aux comportements négatifs.

Jésus nous a fait cette promesse: «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux. » (Matthieu 18:20) Pour moi, cela signifie que tout groupe de personnes qui s'unissent en laissant l'Entendement divin, Dieu, les guider, connaîtra cette influence curative que Jésus exerça sur les communautés et les personnes qu'il servit durant toute sa vie.

De ce point de vue, l'expérience des disciples, le jour de la Pentecôte, est diamétralement opposée au concept de la pensée de groupe. Comme le relate le livre des Actes des Apôtres, les disciples de Jésus «étaient tous d'un commun accord dans un même lieu » (Actes 2:1, version King James). Cette précision est essentielle. Ils étaient dans une expectative confiante, car Jésus leur avait promis qu'ils seraient remplis du Saint-Esprit. La Bible décrit cet événement comme l'apparition de langues de feu. A l'évidence, ce phénomène symbolise un état de sainte inspiration. L'effet fut si puissant que les disciples, qui étaient des Galiléens, se mirent à parler en d'autres langues. Tous ceux qui se trouvaient là purent ainsi entendre le message de l'Évangile dans sa propre langue. Cet événement accrut considérablement la détermination, la force et la conviction des disciples dans les premiers temps de leur ministère, et donna un formidable élan à la nouvelle Église chrétienne.

Il est tout à fait possible de parvenir à cette unité d'esprit aujourd'hui. Mary Baker Eddy définit des points de repère pour guider ceux qui désirent servir la Vérité. La recherche active de ces qualités ou états de pensée est un moyen de démasquer les plus insidieux projets de la pensée de groupe. Elle écrit ceci: «Les fruits naturels de la guérison-Entendement par la Christian Science sont l'harmonie, l'amour fraternel, la croissance et l'activité spirituelles.» (Miscellany, p. 213)

Cette énumération comprend l'harmonie et l'amour fraternel qui, comme nous le souhaitons tous, devraient caractériser nos rapports avec nos collègues de travail, nos amis et notre famille. Mais elle inclut également «la croissance et l'activité spirituelles». Ces deux éléments supplémentaires garantissent que la pensée de groupe n'écartera pas la contribution particulière de tel ou tel individu et n'empêchera pas le groupe de progresser véritablement. Dans l'environnement mental de l'Esprit, son activité se transformera en une sorte de cheminement spirituel de la pensée à la recherche des solutions nécessaires, au lieu de se limiter à l'accomplissement d'une série de tâches administratives dans les délais impartis.

Rechercher ces qualités spirituelles chez les autres et s'efforcer de les vivre soi-même au quotidien est un puissant antidote à la pensée de groupe.

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