Hans-Joachim Trapp perd son père quand il était encore enfant. Outre le chagrin, la famille connaît alors des difficultés financières. L'amour et les conseils d'un père manquent cruellement au jeune garçon tout au long de son adolescence. A l'époque, une voisine fait cadeau à la famille d'un livre susceptible de les aider. Il s'agit de Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy. Avec enthousiasme, la mère et la sœur de M. Trapp décident d'appliquer les idées de ce livre, ce qui leur permettra par la suite de connaître plusieurs belles guérisons au sein de la famille.
M. Trapp commence son propre cheminement spirituel en étudiant Science et Santé conjointement avec la Bible. Il en vient tout naturellement à prier avec une perspective spirituelle pour trouver des solutions efficaces aux problèmes de l'existence. Il entreprend une carrière de graphiste et s'oriente vers le domaine des relations publiques. Installé à Berlin, en Allemagne, il exerce des fonctions de consultant auprès d'une large clientèle, notamment le governement allemand, les médias et plusieurs multinationales.
M. Trapp a toujours voulu aider les autres. Il s'est intéressé au sort des toxicomanes dans les prisons et les hôpitaux psychiatriques. Il a développé son approche spirituelle de la vie à travers ses différentes activités. Peu à peu, les gens ont commencé à faire appel à lui pour les aider à résoudre leurs problèmes sur une base spirituelle.
M. Trapp est devenu praticien de la Christian Science à plein temps en 1982. Il donne des conférences sur la spiritualité depuis 1986. Dans les divers pays d'Europe où le conduit sa tournée, il parle du pouvoir que confère une approche spirituelle de la vie. Il donne également un cours sur la guérison spirituelle à ceux qui désirent en étudier à fond le processus. M. Trapp a été président de L'Église Mère, The First Church of Christ, Scientist, à Boston, pour l'année 2003-2004.
Il a deux enfants, aujourd'hui adultes, et vit toujours à Berlin avec sa femme, Renate.
J' aimerais tout d'abord vous demander si, dans votre pratique, le pardon fait partie intégrante de la guérison. Avez-vous été témoin de guérisons obtenues grâce au pardon ?
Oui, j'ai été témoin de ce genre de guérisons. Je me suis même rendu compte qu'il ne saurait y avoir de guérison sans pardon préalable. Je vais vous donner un exemple qui monter à quel point c'est essentiel. Il y a plusieurs années, un homme souffrant d'une grave dépression est venu à mon bureau. La veille, j'avais donné une conférence sur la Christian Science à laquelle cet homme avait assisté. Intrigué par ce qu'il avait entendu, il avait acheté Science et Santé à la fin de la causerie. En arrivant à mon bureau, il m'a dit qu'il avait lu le livre durant toute la nuit. Il voulait savoir si c'était possible de traiter sa dépression par la Christian Science. Il était très motivé. Il avait parcouru plusieurs centaines de kilomètres en voiture pour venir me voir. Cet état dépressif le rendait incapable de diriger ses affaires depuis plus de six mois. L'idée même d'aller travailler lui était devenue insupportable. Il voulait que je prie pour lui, que je lui donne un traitement par la Christian Science. J'ai accepté et me suis mis à prier le jour même.
Très peu de temps après, nous nous sommes rendu compte qu'il était incapable de pardonner aux autres. Il n'arrivait même pas à se pardonner ses propres erreurs ni à s'aimer un tant soit peu. Il était fermement convaincu qu'il n'était pas doté de la capacité d'aimer et de pardonner. Il ne l'avait jamais pu, et ce n'était pas faute d'avoir sincèrement essayé. En priant l'un et l'autre, il nous est apparu que sa dépression était due à un sentiment de solitude, ainsi qu'à une dépréciation, un mépris de soi.
Nous avons parlé de pardon et d'amour inconditionnel. Je savais qu'en reconnaissant que ces concepts faisaient partie de sa nature, il surmonterait la dépression. Pour arriver à ce point, cependant, il lui fallait voir clairement qu'il n'était pas son propre créateur, mais que Dieu, l'Amour divin, l'avait créé. Par conséquent, l'origine de l'amour était en Dieu et non en lui. La Bible déclare: «Dieu est amour.» (I Jean 4:16) Nous avons réfléchi au premier récit biblique de la création, dans le premier chapitre de la Genèse. Il y est dit que l'homme est créé à l'image de Dieu. A partir de ce récit, il lui a été plus facile de comprendre qu'étant créé à l'image de Dieu, il était forcément l'image même de l'Amour.
Nous avons vu qu'il lui fallait cesser de croire que les gens, y compris luimême, étaient séparés de Dieu. Sa pensée s'était fixée sur des symptômes destructeurs au lieu de se concentrer sur la présence de l'Amour, c'est-à-dire Dieu. Son égocentrisme et l'image déformée qu'il entretenait des autres et de lui-même l'empêchaient de prendre conscience de toutes les qualités positives qui affluent sans cesse de cette source divine infinie, commune à chacun d'entre nous.
Nous avons parlé de son union indéfectible avec Dieu. Ce passage de Science et Santé lui a permis de mieux comprendre sa vraie nature: «L'identité est le reflet de l'Esprit, le reflet sous des formes multiples et variées du Principe vivant, l'Amour.» (p. 477) Comprenant enfin qu'il vivait dans la totalité de l'unique Esprit, puisqu'il était l'enfant de Dieu, il a vu qu'il lui était impossible d'exister dans un vide affectif. Nous avons réfléchi à ce verset biblique dans lequel l'apôtre Paul déclare: «En lui [Dieu] nous avons la vie, le mouvement, et l'être.» (Actes 17:28)
Quelques jours après sa visite, cet homme m'a appelé pour me dire qu'il n'avait plus aucune crise d'abattement. Il avait retrouvé la joie de vivre et repris son travail et l'ensemble de ses activités. Il avait appris à ne plus se condamner pour ses erreurs passées ni pour ses défauts. Il se voyait à présent comme Dieu l'a créé, c'est-à-dire capable d'aimer les autres et de s'aimer lui-même. Et il était enfin capable de pardonner.
Quel rapport y a-t-il exactement entre la disposition à pardonner et la guérison du corps physique ?
La mansuétude agit comme un baume. Le pardon qui vient de Dieu apaise l'amertume et les accès d'indignation, de colère, d'irritation et de haine. Il donne le sentiment d'être proche de Dieu. Se sentir proche de sa source spirituelle procure une paix intérieure et répond à la quête d'harmonie.
Si la régénération mentale est indispensable à la guérison, comment favorisez-vous ce processus, en tant que praticien ?
Quiconque recourt à la prière doit d'abord changer d'état d'esprit. Il s'agit de remplacer des schémas de pensée restrictifs et des comportements destructeurs par une plus grande ouverture d'esprit, de la souplesse et un véritable souci du bien-être des autres. L'étroitesse d'esprit, qui est propre à l'égocentrisme, doit faire place à un intérêt profond pour l'univers tout entier.
A cette fin, j'aide mes patients à avoir conscience que chacun a une relation individuelle unique avec Dieu. La Christian Science enseigne l'unité spirituelle. Chaque individu est un avec l'Amour divin. Chacun de nous est une expression complète de la totalité de Dieu et possède une identité spirituelle, éternelle et unique. J'ai constaté que le fait de reconnaître cette relation, d'être conscient de cette unité spirituelle, est le point de départ de la régénération. Se savoir un avec Dieu rend cette régénération possible. Lorsque chacun de nous reconnaît que l'amour et la bonté de Dieu sont toujours présents en tout lieu, il est facile de conclure qu'il n'y a pas de place pour des intérêts opposés. J'aide donc mes patients à axer leurs pensées sur ce qui est Tout, sur Dieu.
La régénération mentale guérit-elle des maladies appelées incurables ?
Absolument ! J'aimerais vous faire part d'une des guérisons dont j'ai été témoin.
Une ancienne infirmière est tombée gravement malade. Ses hanches et sa colonne vertébrale la faisaient horriblement souffrir. Elle avait également de l'asthme, un emphysème pulmonaire et à peu près toutes les allergies imaginables. Pour couronner le tout, elle était en partie paralysée. Après plusieurs opérations, elle avait dû prendre une retraite anticipée.
Les allergies se multipliaient et les médecins ne pouvaient rien pour elle. Elle ne pouvait plus s'occuper de son intérieur. Elle prenait toutes sortes de médicaments, mais aucun d'eux n'était efficace. De plus, certains l'avaient rendue obèse. Finalement, elle a été déclarée invalide.
Dix-sept années de souffrance ont fini par lui ôter le goût de vivre. Elle avait perdu tout espoir et envisagé de se suicider. C'est à ce moment qu'elle m'a demandé de l'aider. Nous avons parlé de la guérison spirituelle, ce qui l'a incitée à étudier la Bible et Science et Santé avec un grand enthousiasme. Elle recherchait la vérité pour la vérité. Elle a alors décidé de s'en remettre uniquement à la prière scientifique pour guérir.
Au début, elle m'appelait de nombreuses fois durant la journée, et également la nuit quand elle avait l'impression de suffoquer. Pour dissoudre la conception matérielle solidement ancrée qu'elle avait d'elle-même, d'une identité qu'elle considérait comme infirme au lieu d'y voir l'image de l'Amour divin, je lui ai parlé de cette phrase de Science et Santé: «Dieu est à la fois le centre et la circonférence de l'être.» (p. 204)
Il faut que je vous explique ce que cet énoncé signifie pour moi, et pourquoi j'ai pensé qu'il pourrait lui être utile. Si l'Amour divin, qui est entièrement bon, est le centre et la circonférence de l'être, cela exclut tout égocentrisme, tout complexe de supériorité ou d'infériorité. En ayant pour centre et circonférence de notre pensée et de nos actions les qualités intelligentes et illimitées de l'Amour, nous ne devrions jamais connaître de limites internes ni externes. Étant donné que Dieu remplit tout l'espace – qu'il est le centre et la circonférence de notre existence même – il n'existe rien, oû que ce soit, qui puisse nous limiter ni nous paralyser. Ma patiente avait besoin de reconnaître le lien individuel indéfectible qui l'unissait à l'Amour infini. Il lui fallait savoir qu'elle était capable, dans sa vie quotidienne, de ressentir et d'exprimer cette relation au divin, relation dotée d'un puissant pouvoir libérateur. Au bout d'un certain temps, elle a cessé de m'appeler durant la nuit. Les crises d'asthme s'étaient arrêtées. Au cours des mois qui ont suivi, les allergies et les autres maux ont disparu un à un. Elle a perdu vingt kilos superflus, et elle a pu s'occuper à nouveau de sa maison !
Elle s'est remise à faire du sport et s'est réinvestie dans de nombreuses activités. La vie lui a été rendue.
Aujourd'hui, c'est une praticienne de la Christian Science à plein temps. Elle a le sentiment d'être née de nouveau. C'est une personne transformée, pleine de joie.
Dans votre étude et votre expérience, qu'est-ce qui s'est avéré le plus efficace pour vous permettre d'accomplir des guérisons selon le modèle biblique ?
J'ai constaté combien il est utile de dévoiler les causes mentales de la maladie et de comprendre leur irréalité en appliquant les lois spirituelles de la santé et du bien-être, qui émanent de l'Amour divin.
Au cours de ma pratique de la Christian Science, je me suis rendu compte que chacun, sans exception, peut obtenir une guérison en devenant conscient du lien unique, individuel et indéfectible qui l'unit à la seule puissance véritable de l'univers: l'Amour.