Il y a quelques années, Gilbert Bécaud chantait: «La solitude, ça n'existe pas.» Cette phrase était quelque peu ironique et j'ignore si ce chanteur dynamique l'avait expérimentée lui-même.
Bien sûr, la solitude ne vient pas du fait de se trouver seul ou isolé. On peut se sentir terriblement seul au milieu d'une foule de gens. La solitude est un état mental. A ce sujet, je repense souvent à l'expérience d'une amie. Celle-ci m'avait raconté que dans ses jeunes années elle ressentait une constante nostalgie, un vide de l'âme. Elle pensait qu'avec le mariage cet état changerait, ce ne fut pas le cas. Elle pensa alors qu'un enfant comblerait le vide, et elle en a eu quatre, mais son état de nostalgie persistait. La Christian Science lui a été présentée alors qu'elle se trouvait dans une situation difficile. Elle n'a pas tardé à sentir que la présence divine comble le vide plus qu'aucune présence familiale ou sociale ne peut vraiment le faire. Quand je l'ai connue par la suite, elle n'avait plus de tristesse. Elle avait des relations heureuses avec sa famille et comme elle s'était consacrée à la pratique de la Christian Science, elle avait l'occasion d'exprimer aussi l'amour maternel bien au-delà de sa famille.
Cet exemple a été pour moi un point d'appui. Reconnaissant que la société humaine est incapable de combler certains vides, j'aime me tourner vers les «anges» que Science et Santé, le livre d'étude de la Christian Science, de Mary Baker Eddy, définit en partie comme «Pensées de Dieu se communiquant à l'homme; intuitions spirituelles, pures et parfaites». (p. 581) Ces pensées divines me donnent l'assurance que mes rapports avec Dieu sont ininterrompus.
J'ai souvent pensé à la solitude dans laquelle a vécu Mary Baker Eddy avant sa découverte de la Christian Science. La perte de son mari, l'enlèvement de son unique enfant, tout ce que la famille humaine représentait pour elle lui avait été retiré. Après avoir été guérie, grâce à l'exemple de Jésus trouvé dans la Bible, des suites d'un accident, elle s'est employée à donner au monde les règles de la guérison chrétienne. J'aime à penser que son sentiment de solitude a alors fait place à la fondation d'une famille spirituelle universelle.
J'ai réfléchi à tout cela une certaine nuit alors que je m'étais éveillée en proie à de la fièvre et à un sentiment de malaise pénible. Comme il était trois heures du matin, je n'ai pas osé faire appel à qui que ce soit pour de l'aide. Cependant, ayant une forte impression de solitude, je ressentais un vif besoin de parler à quelqu'un. Finalement, je me suis attachée à l'idée que je pouvais avoir plus qu'une présence humaine pour trouver le réconfort.
Je me suis souvenue avoir entendu quelqu'un dire que lorsqu'il avait un problème à solutionner, il s'asseyait sur une chaise, en plaçait une en face de lui et se mettait à «parler avec Dieu». Cela m'a rappelé les paroles du cantique 108 de l'Hymnaire de la Christian Science: «C'est face à face que je veux, Seigneur, Te contempler, Toi, le suprême bien !» Quel est ce suprême Bien ? J'ai commencé par chasser de ma conscience tout ce qui semblait me séparer de Dieu, toutes les pensées de crainte ou de doute. Puis je me suis rappelé les synonymes que Mary Baker Eddy donne de Dieu dans Science et Santé: «Dieu est Entendement, Esprit, Ame, Principe, Vie, Vérité, Amour, incorporels, divins, suprêmes, infinis» (p. 465) et j'en ai approfondi le sens. Il en est ressorti une élévation de ma pensée et de ma vision spirituelle. Je sentais que je ne pouvais me trouver nulle part ailleurs que dans la présence infinie de Dieu et que j'étais ainsi en sécurité. En face de moi se trouvait la perfection absolue, la Vie, la Vérité, l'Amour, et je n'en étais pas séparée, j'en étais le reflet sans défaut. Quelle perspective merveilleuse !
Être seul avec Dieu, c'est une présence qui comble parfaitement. Je l'ai vraiment ressenti à ce moment-là. Le reste de la nuit s'est écoulé dans une paix parfaite et une sérénité que j'ai rarement ressentie. Le malaise et la fièvre avaient disparu. Je me suis levée le lendemain en rendant gloire à Dieu pour toutes Ses bontés, Sa présence et pour l'enrichissement spirituel que j'avais reçu... dans une solitude divine !
