Nous l'avions baptisé Genius. Sous certains aspects, ce bébé pie tombé du nid au printemps était un petit génie en effet. Quelque temps après l'avoir recueilli, nous avons pu constater qu'il nous reconnaissait déjà. Il avait même ses préférences dans la famille. Quand il a commencé à pouvoir voler au dehors, il lui arrivait parfois de se poster sur la barrière à l'entrée du jardin et de pousser des cris saccadés retentissants à l'approche de tout «étranger». Mais ce qui nous a touchés le plus, c'est l'habitude qu'il a prise, au cœur de l'été, d'entrer par la fenêtre de notre chambre dès le coucher du soleil, de s'installer sur la tringle à rideaux, en gonflant ses plumes, de cligner des yeux vers nous, tout en bas, d'un air de dire: «C'est ici chez nous, bonsoir tout le monde», et puis de s'endormir confiant. A l'automne, Genius a espacé ses visites, jusqu'au jour où il n'est plus revenu. Nous n'avons jamais su ce qu'il était devenu, mais j'aime à penser qu'il a trouvé, auprès de ses congénères, une autre famille, un nouveau cercle d'affection.
Cet épisode m'a donné à réfléchir, par la suite, sur l'idée de la famille. On peut se demander comment il se fait que des créatures aussi différentes que des hommes et des oiseaux puissent sembler éprouver un sens d'appartenance commune, ce même sens que beaucoup recherchent, parfois désespérément. Est-ce à la portée de tout l'univers vivant ? De toute évidence, l'idée d'une famille heureuse réunie en un même endroit ne dépend pas du lieu géographique. Où qu'il soit, «le foyer est le lieu le plus cher de la terre». (Voir Science et Santé, p. 58) Il fut un temps où celle qui écrivit ces mots, Mary Baker Eddy, ressentait cruellement l'absence d'une famille aimante, unie, auprès d'elle. Ayant été séparée de son enfant, puis abandonnée par son second mari, elle dut se battre seule, pendant de longues années, pour pouvoir achever le livre qu'elle sentait devoir donner au monde. C'est donc en connaissance de cause qu'elle parle, dans ce livre, Science et Santé avec la Clef des Écritures, de ceux qui mèneront une existence vide, «sans amis personnels», mais elle donne aussitôt à chacun l'affirmation rassurante que «ce qui semble être un vide est déjà comblé par l'Amour divin». (p. 266) Elle y encourage tout lecteur, qu'il se sente seul ou entouré, à se tourner vers son plus proche Parent, vers Dieu, en qui il trouvera un Père-Mère tout-aimant.
L'idée de Dieu comme Père-Mère, tel que Science et Santé Le révèle, élargit et élève notre sens de la famille. Car en réalité l'Amour divin est présent là même où des frères, des parents, des enfants semblent se déchirer. Il a été prouvé bien des fois que reconnaître cette présence guérit les tensions, les rancœurs, et panse les blessures, même anciennes, au sein des familles. Alors les tempêtes s'apaisent, les liens se renforcent, et le groupe n'est plus replié exclusivement sur les siens, mais au contraire tend davantage la main aux autres membres de la famille humaine.
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