«Père, pardonne-leur, car il ne savent ce qu'ils font.» Luc 23:34
Lorsque ma mère me téléphona pour m'annoncer le transport de mon père à l'hôpital, où il décéda le lendemain matin, elle me dit, entre autres: tu aurais vu ses bons yeux !
J'ai pensé que ma mère délirait. Comment pouvait-il avoir de bons yeux, lui qui ne laissait derrière lui pour sa famille que de mauvais souvenirs ?
La boisson avait fait de cet homme une loque, un voleur, qui passa plusieurs années en prison et qui avait même un jour tenté de me violer quand j'avais une douzaine d'années.
Plus tard, à l'époque où mon père décéda, je commençais l'étude de la Christian Science. Je pris ainsi connaissance de la «Règle pour les mobiles et les actes», qui a été donnée par Mary Baker Eddy dans le Manuel de L'Église Mère. (p. 40) Il y est précisé notamment qu'un scientiste chrétien «... reflète les douces aménités de l'Amour, en réprouvant le péché, et en manifestant un véritable esprit de fraternité, de charité et de pardon.» J'essayais de me conformer à cette règle dans la vie quotidienne, mais quand je pensais à mon père, je me disais que je ne lui voulais pas de mal et que c'était bien suffisant.
Cependant, je me réveillai un matin avec cette phrase qui résonnait dans ma conscience: «Tu n'as jamais pardonné à ton père !»
Je dus bien reconnaître que c'était vrai, et la phrase de Jésus citée ci-dessus me revint en mémoire: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font.» Cette parole eut pour effet immédiat de faire tomber en moi toute rancœur. Cette phrase prononcée par Jésus sur la croix en s'adressant à son Père divin m'aida à dire du fond du cœur, en pensant à mon père humain: «Pardonne-moi de ne pas t'avoir pardonné.» Je compris alors la phrase de ma mère: «Tu aurais vu ses bons yeux» et j'eus la certitude qu'au moment de son départ mon père nous avait demandé pardon.
Par la suite, certaines circonstances m'ont amenée à réfléchir aux qualités de mon père et à les reconnaître. En réalité, il avait toujours eu ces qualités, il les avait seulement perdues de vue à cause de sa soumission à l'alcool. Dès ce jour, j'ai été capable de reconnaître sa véritable identité spirituelle qui est éternelle, j'ai ressenti un immense amour pour mon père et j'ai senti que lui aussi était complètement libre.
Ma reconnaissance est très grande envers les enseignements du Christ, qui nous conduisent dans la paix du pardon.
Boussy Saint Antoine, France