Cette femme a quelque chose de mystérieux. Je ne peux m'empêcher de me poser des questions sur elle. Tout ce que l'on sait d'elle, c'est qu'elle souffrait depuis dix-huit ans d'une grave infirmité qui l'empêchait de se tenir droite, et même de redresser la tête. Elle était présente, un jour de sabbat, à la synagogue où Jésus enseignait. (Voir Luc 13:10-13)
J'ai beaucoup réfléchi au sujet de cette femme. Cela dut lui demander un gros effort de se rendre à la synagogue. La Bible ne précise pas pourquoi elle vint. Rien ne dit qu'elle savait que Jésus s'y trouverait ce jour-là. Il n'y a aucune raison de croire qu'elle le cherchait, comme beaucoup d'autres, pour être guérie. Pourtant elle était là. Jésus l'appela, elle s'approcha, il la toucha et elle fut guérie.
Invariablement, ce récit me pousse à réfléchir au lien qui existe entre le fait d'aller à l'église et le bien-être, physique, mental et moral. Loin de moi la pensée que l'église est un lieu magique ou que la guérison dépend de l'endroit où l'on se trouve. Une personne sur une île déserte pourrait tout aussi bien guérir. Dieu est partout. Il est toujours possible d'avoir recours à Lui pour se sortir d'affaire, quel que soit le problème et où que l'on soit.
Toutefois, des études montrent qu'il existe un lien entre la fréquentation d'une église et la santé et le bonheur. Il est intéressant de se demander pourquoi.
Pour moi, il est normal qu'il y ait un lien entre l'Église et la guérison. Après tout, l'Église a pour mission de faire connaître la bonne nouvelle d'un Dieu infini, omnipotent, dont la sollicitude à l'égard de Sa création ne fait jamais défaut. L'Église doit donner confiance en Son amour universel, constant et inconditionnel. La plupart de ceux qui s'attachent à aller régulièrement à l'église veulent mieux connaître Dieu, apprendre à Lui faire confiance et à Le vivre dans leur vie.
Il n'est donc pas surprenant que, dans le lieu même où l'on recherche et enseigne l'amour et la puissance de Dieu, ce pouvoir soit reçu, c'est-à-dire accueilli dans la conscience et compris. Et qu'il soit ressenti de façon si tangible qu'il ait un impact durable, souvent avant même que la personne ait quitté l'édifice.
Il paraît logique que cette influence curative touche tous ceux qui vont à l'église. Supposons qu'une personne entre uniquement pour se protéger du froid; même si elle est immorale, triste ou malade au moment de se laisser tomber sur un siège, on ne devrait pas trouver étonnant qu'elle reparte joyeuse, guérie, régénérée. La Bible contient cette promesse de Dieu: «Ma parole [...] ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins.» (Ésaïe 55:11) Il est tout naturel de penser que la parole de Dieu a pour but de guérir.
J'ai bien souvent constaté cette influence curative de l'Église dans ma propre existence. Mais l'exemple le plus spectaculaire concerne peut-être mon mari. Quand j'ai recommencé à fréquenter une filiale de l'Église du Christ, Scientiste, il a décidé de m'accompagner avec nos deux jeunes enfants. Il m'a souvent dit qu'il venait uniquement parce qu'il pensait qu'«une famille dont les membres prient ensemble est une famille qui demeure unie». Il estimait qu'on insistait trop sur la guérison dans mon église. (Les médecins, disait-il, sont là pour soigner les malades, et l'Église pour rendre les gens meilleurs.) Mais il venait néanmoins. Tous les dimanches, je le remerciais de nous accompagner. Au fond de moi je savais que le Dieu que nous connaissions tous les deux – un Dieu qui est tout Amour – parle à chacun de nous, là même où nous sommes, et qu'il est impossible de ne pas entendre Son message.
Et puis mon mari est devenu très malade. Le médecin qu'il est allé voir lui a dit qu'il avait un problème de thyroïde, et qu'en quinze ans de pratique, il n'avait jamais vu de cas aussi grave. Mon mari devait suivre un traitement adapté jusqu'à la fin de sa vie. Après de nombreux tâtonnements pour trouver le «bon» dosage, il a suivi la prescription médicale pendant près de deux ans.
Mais un dimanche, durant le service religieux, alors que toute l'assistance reprenait les paroles de la Prière du Seigneur, la dernière phrase s'est imposée avec force à son esprit: «Car c'est à toi qu'appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire.» (Matthieu 6:13)
Il est resté sur cette idée. Quelques minutes plus tard, un passage de la Leçon biblique hebdomadaireLes passages des leçons bibliques sont indiqués dans le Livret trimestriel de la Christian Science., qui développait la même idée, a eu sur lui le même effet: «Ou bien il n'y a pas d'omnipotence, ou bien l'omnipotence est l'unique puissance.» (Science et Santé, p. 249)
Ce soir-là, alors que mon mari préparait sa valise pour un voyage d'affaires de cinq jours et qu'il s'apprêtait à y mettre ses médicaments (il venait de se réapprovisionner), cette pensée lui est venue: «C'est ridicule de croire que ces petites pilules ont le moindre pouvoir si Dieu est omnipotent !» Cela lui a semblé d'une telle évidence qu'il a renoncé à emporter ses médicaments. Pendant son déplacement, il m'a appelée chaque soir. Et chaque soir, il me disait: «Je me sens bien.» Il n'a jamais repris la moindre pilule et il n'en a plus jamais eu besoin. Aucun des anciens symptômes n'est réapparu. Par la suite, son médecin a reconnu que le problème de thyroïde était guéri.
Je vois un certain nombre de ressemblances entre la guérison de mon mari et celle de cette femme touchante dont parle la Bible:
• Pour autant que je le sache, ni mon mari ni cette femme ne s'attendaient à guérir en venant participer au culte. Mais tous deux étaient là. On ne sait pas pourquoi la femme avait fait l'effort de venir. Mon mari, lui, avait déclaré: «Consacrer une heure par semaine à Dieu est le moins que je puisse faire.» Il aimait réellement Dieu et Le servait avec sincérité et bonté.
• Mon mari comme cette femme ont été guéris après avoir écouté l’enseignement de Christ Jésus – elle, de la bouche même de notre Maître, et mon mari à la lecture des Écritures, de la Prière du Seigneur.
• Aucun des deux, à ce qu'il leur semblait, «ne pouvait [...] se redresser» (Luc 13:11). Mais de la même manière, aucun des deux ne pouvait résister au pouvoir du Christ, capable de les redresser.
• Tous deux ont été redressés à la fois mentalement et physiquement. Ils ont été guéris après avoir ressenti, de façon tangible et puissante, le pouvoir de la Parole de Dieu.
• Cette femme et mon mari ont compris tous les deux que c'est Dieu qui les guérissait, et ils l'ont reconnu. Comme ils ont dû être heureux d'avoir été présents dans le lieu de culte !
On ignore ce qui est arrivé à cette femme après avoir quitté la synagogue en ce jour de sabbat. Mais il est difficile de croire que cette expérience n'a pas transformé sa vie. La guérison de mon mari l'a rapproché de Dieu. Il avait pu vérifier par lui-même ce qu'était la mission de l'Église et cela a changé sa vie de fond en comble.
Aujourd'hui, chaque fois que j'entre dans une église, je remercie Dieu pour «ce lieu de lien»: un lieu entièrement destiné à mettre en évidence notre lien d'unité avec Dieu et notre prochain.
C'est un lieu d'un grand soutien, où le lien qui unit chacun de nous à Dieu est tellement glorifié – enseigné, prêché, entendu, compris et ressenti – que je ne peux en ressortir sans vouloir le vivre davantage. J'éprouve un sentiment d'appartenance à une communauté spirituelle, car chaque personne présente est sensible à la quête et aux découvertes spirituelles des autres. J'ai le sentiment que celui qui communique, la communication, le fait de communiquer et la communauté ne font qu'un.
Non, l'église n'est pas un lieu magique. Mais c'est un lieu spécial, notamment parce qu'on y sent ce lien entre le fait d'être là et celui d'être bien.