Les années 30. Époque d'instabilité financière en Europe et aux États-Unis en raison d'une dépression économique qui, pendant quelque temps, sembla même s'aggraver. Le taux de chômage était considérable dans de nombreux endroits. Puis, tandis qu'un certain Adolf Hitler prenait le pouvoir en Allemagne, le leader italien Benito Mussolini se préparait à envoyer son armée en Éthiopie, bien résolu à restaurer la gloire de Rome. C'est pendant tous ces événements qu'une nouvelle édition du Héraut de la Christian Science fut lancée. Elle sera suivie, après la guerre, d'un autre Héraut. Leur parution fut une source de réconfort pour les lecteurs, pendant et après la guerre.
L'édition néerlandaise
Le Héraut néerlandais fut le premier à paraître. Il était destiné à apporter un soutien spirituel non seulement aux habitants des Pays-Bas, mais aussi aux habitants de la colonie néerlandaise d'Indonésie. Toutefois, le processus de la naissance, si on peut l'appeler ainsi, avait commencé bien plus tôt. Les églises du Christ, Scientistes, des Pays-Bas demandèrent officiellement une édition néerlandaise du Héraut dès 1923, mais les archives montrent que les gens étudiaient la Christian Science depuis beaucoup plus longtemps.
Comme ce fut souvent le cas, la Christian Science fut connue tout d'abord grâce à la guérison spirituelle. D'après les archives, la première église filiale fut établie à La Haye, en 1900, à la suite de la guérison d'une personne qui avait été traitée par la Christian Science. D'autres églises se formèrent ensuite. Une société de la Christian Science, à Leeuwarden, commença à se former après que quelqu'un eut été guéri en 1908, bien qu'il fallût encore quelques années pour que le groupe se développe suffisamment avant d'être reconnu officiellement.
Une femme, qui étudiait la Christian Science depuis 1907, trouva un soulagement à des crises d'asthme quand elle pria et chercha à mieux connaître Dieu. Mais en 1914, elle fut totalement guérie. Dans un témoignage publié dans le Héraut néerlandais de janvier 1933, elle notait qu'elle fut guérie « mais pas avant d'avoir compris qu'il ne pouvait rien me manquer puisque j'étais le reflet de Dieu, toujours comblée de bienfaits, et pas avant d'avoir surmonté l'orgueil et d'être prête à renoncer à l'apitoiement sur soi, à l'égocentrisme et à l'auto-justification. Depuis, poursuivait-elle, je suis remplie de gratitude et de joie parce que je comprends mieux que Dieu est Amour et Vie. »De Heraut van Christian Science, janvier 1933, p. 31.
Cette guérison et d'autres éveillèrent l'intérêt des gens qui en furent témoins aux Pays-Bas et dans la colonie néerlandaise d'Indonésie. Sur cet intérêt naissant se greffa le désir d'avoir des publications religieuses pour étudier et pour partager. L'œuvre principale de Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Écritures, n'avait pas encore été traduite en néerlandais, alors que le Livret trimestriel de la Christian Science— Leçons bibliques commençait à paraître à partir de 1917.
Finalement, en 1923, une église filiale des Pays-Bas demanda officiellement à L'Église Mère, à Boston, une édition néerlandaise du Héraut. A cette époque, l'article religieux qui paraissait dans le quotidien, The Christian Science Monitor, était fréquemment traduit dans de nombreuses langues, mais c'était la seule publication régulière que recevaient les pays étrangers, à l'exception de ceux pour lesquels il existait une édition du Héraut dans leur langue (allemand et français). Ces articles, et les quelques brochures qui paraissaient occasionnellement en néerlandais, étaient lus, mais ne suffisaient pas à des gens avides d'apprendre.
La Société d'édition de la Christian Science souhaitait accéder à ce désir, mais le coût la faisait hésiter. Elle publiait déjà un quotidien, des périodiques hebdomadaire, mensuel et trimestriel en anglais ainsi que deux périodiques mensuels dans d'autres langues.
En 1924, l'église du Christ, Scientiste, de La Haye, écrivit aux fidéicommissaires de la Société d'édition: « La parution régulière d'un article sur la Christian Science en néerlandais, à la page du Home Forum, dans le Monitor, nous remplit de gratitude et nous prouve une fois encore que vous désirez nous aider; pourtant nous sommes au regret de devoir vous dire que nous souffrons toujours d'une grave pénurie de publications de la Christian Science dans notre pays. [...] il nous semble que le meilleur moyen de remédier à cette pénurie serait la création d'un Héraut de la Christian Science en néerlandais, parce qu'un tel périodique, avec sa grande variété d'articles, touche un large éventail de lecteurs... »
Ce large éventail de lecteurs incluait les coloniaux hollandais en Indonésie. Parmi eux se trouvait une femme qui fut atteinte par ce qu'elle appela une forme maligne de « malaria tropicale ». Voici ce qu'elle écrivit: « Un soir, alors que j'avais beaucoup de fièvre, tout est devenu sombre devant mes yeux et j'ai perdu connaissance, mais les mots “Il n'y a pas de mort, Dieu est ma Vie” m'ont sortie de ce cauchemar. Quand la peur a été vaincue, la guérison est venue rapidement. J'ai beaucoup appris de cette expérience, notamment le fait que c'est la peur qui m'empêchait de guérir. » ibid., octobre 1935, p. 135.
D'autres échanges entre les fidéicommissaires et les Néerlandais qui désiraient avoir un Héraut continuèrent de stimuler une réflexion sur la procédure à suivre. Il fut proposé, entre autres, un magazine trimestriel de format plus petit que les autres. Les fidéicommissaires de la Société d'édition répondirent donc aux Néerlandais: « Nous sommes bien conscients de la nécessité d'avoir un plus grand nombre de publications dans différentes langues, et nous souhaitons répondre à ce besoin dans la mesure où les progrès de la Christian Science dans la région concernée le justifient. »
Les deux parties faisaient face au même dilemme: il existait une demande, mais pas assez importante en volume pour assurer un soutien financier. Alors, pendant quelque temps, les fidéicommissaires recommandèrent de s'en tenir aux traductions en néerlandais de l'article religieux du Christian Science Monitor.
Mais les églises avaient aussi besoin de publications qui leur offriraient une plus grande veriété et une plus grande profondeur au niveau de la métaphysique que l'article religieux, relativement court, du Monitor. (Certaines œuvres courtes de Mary Baker Eddy avaient été traduites, mais Science et Santé ne paraîtrait en néerlandais qu'en 1951.)
Entre-temps, le projet d'une édition scandinave, dont l'histoire a été relatée le mois dernier, prenait forme. Lorsque la parution de cette édition fut annoncée, un membre d'église, aux Pays-Bas, écrivit au Conseil des directeurs de la Christian Science en leur faisant part de sa déception de voir que le néerlandais avait été exclu. Sa lettre fut à l'origine d'un dialogue entre les directeurs et les fidéicommissaires sur le sujet, qui se poursuivit jusqu'en 1929. En novembre de cette année-là, les directeurs et les fidéicommissaires décidèrent de reporter la parution du magazine jusqu'à ce que l'édition scandinave, qui parut en janvier 1930, soit bien établie, ce qui vint assez rapidement. En juin 1930, l'édition néerlandaise était annoncée à l'Assemblée annuelle, et, en janvier 1931, le premier numéro paraissait.
Un message du Conseil des directeurs de la Christian Science y expliquait clairement que ce magazine était destiné aux Pays-Bas et aux colonies néerlandaises. Il décrivait le décrivait le Héraut comme « un messager moderne de la Vérité qui proclame au peuple de Hollande et à ses colonies la bonne nouvelle de “paix sur la terre parmi les hommes qu'il agrée”, bonne nouvelle concrétisée par la guérison et la régénération qu'apporte la Christian Science ».
Le message se poursuivait ainsi: « La langue inexprimée et universelle de l'Amour divin parle aujourd'hui aux nations civilisées du monde. Certaines ne l'entendent que faiblement, d'autres plus clairement, mais toutes ont besoin d'entendre cette langue et de la comprendre afin qu'elles aient, pour reprendre les paroles de Paul, “un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous”.
« Les habitants d'une nation acceptent plus facilement ce qui leur est donné dans leur propre langue. Prenant conscience de ce fait, la Découvreuse et Fondatrice de la Christian Science, Mary Baker Eddy, donna l'autorisation de publier ses enseignements dans une langue autre que la sienne et, dans ce magazine de la Christian Science — le plus récent — les habitants des Pays-Bas pourront lire des articles sur la Christian Science dans leur langue maternelle.
« Qu'ils soient ainsi bénis par l'abondance de bienfaits que cette religion offre au monde entier, c'est le souhait sincère du Conseil des directeurs de la Christian Science. » ibid., janvier 1931, p. 18.
Le premier numéro comprenait des témoignages venus d'Allemagne, de France, des États-Unis, d'Australie et de Grande-Bretagne. Dans un témoignage paru dans le numéro de juillet 1931, une femme qui vivait à Amsterdam mentionne qu'elle avait commencé à étudier Science et Santé en 1910, après avoir été traitée pendant neuf mois, par un spécialiste, pour une maladie capillaire. Elle appréciait beaucoup le médecin qui était plein de gentillesse, mais les médicaments qu'elle avait pris ne semblaient pas avoir d'effet. Elle a alors désiré rechercher un traitement plus spirituel. Environ un an plus tard, elle était complètement guérie, et ses cheveux avaient repoussé. ibid., juillet 1931, p. 101.
A mesure que les menaces de guerre se précisaient en Europe, il est évident que les rédacteurs des magazines voulaient apporter un soutien spirituel aux lecteurs. L'éditorial de Violet Ker Seymer, intitulé « Les pacificateurs universels », en est un bon exemple, notamment face aux allégations nazies selon lesquelles la Christian Science était strictement une « religion américaine ». On y lit ceci: « La Christian Science est un puissant facteur en faveur de la paix, dans le monde actuel, car, par l'intermédiaire de ceux qui la pratiquent, elle élève la pensée humaine au-dessus des luttes pour la possession de biens matériels et pour la défense matérielle, vers une aspiration plus divine à des biens spirituels et à des défenses spirituelles. [...]
Le premier numéro du Héraut néerlandais paraissait en janvier 1931.
« Aujourd'hui, un grand nombre de nations centrent leurs efforts sur ce qu'on appelle la suprématie, et cette ambition humaine entraîne les hommes vers la rivalité, la suspicion et un vain concept d'autodéfense. L'unité et la paix seront établies uniquement si une seule suprématie est reconnue: celle de Dieu, le Principe et l'Amour divins, le Créateur, le Gouverneur, le Protecteur et l'Unificateur de tout ce qui constitue la création spirituelle parfaite. Les faits fondamentaux de la création révèlent la vraie suprématie, et avec la reconnaissance de cette suprématie de Dieu, l'Esprit, toute l'humanité est destinée à être spirituellement attirée vers la paix et l'unité. » ibid., octobre 1935, p. 128.
Ce rappel quant à la nécessité de rester spirituellement vigilant arrivait au bon moment, car il parut l'année où l'armée de Mussolini envahit l'Éthiopie. Quatre ans plus tard seulement, les troupes d'Hitler entraient en Pologne, et la Seconde Guerre mondiale éclatait. Lorsque les troupes allemandes occupèrent les Pays-Bas, en mai 1940, les églises du Christ, Scientistes, comme dans d'autres pays, furent contraintes de fermer. Un journal nazi qui paraissait aux Pays-Bas publia un très long article sur la Christian Science qui, en se basant sur des informations fallacieuses, mettait en garde ses lecteurs contre cette « religion américaine ». Cela n'empêcha pas les scientistes chrétiens néerlandais de continuer à étudier et à pratiquer cette Science. Birse Shepard était la secrétaire du Comité « Christian Science War Relief » (c'était un comité de soutien aux soldats). Dans ses mémoires inédits, elle explique que, bien que les Livret trimestriel de la Christian Science— Leçons bibliques en provenance de Boston ne parvenaient plus à passer, « les scientistes chrétiens de Suède et de Suisse envoyaient tous les Livret trimestriel qui leur restaient aux Néerlandais... »
« Mlle Else Christiansen de Copenhague, au Danemark, envoya par la poste plusieurs séries de leçons bibliques à une amie de La Haye. Les censeurs allemands essayèrent de comprendre ce que signifiaient les lignes de chiffres indiquant la page, la ligne ou le verset [de la Bible et de Science et Santé], et bien entendu suspectèrent qu'il s'agissait de messages codés. Ils refusèrent de faire passer les lettres. Alors, Mlle Christiansen envoya, sous forme de lettres, toute la leçon biblique en anglais. Ces lettres parvinrent à leur destination pendant quelque temps, mais elles donnaient beaucoup de travail au censeur qui devait les traduire. Il protesta et exigea qu'elle écrive en allemand. » Birse Shepard papers, p. 224. Mlle Christiansen obéit en envoyant les citations de la Bible un jour et celles de Science et Santé le lendemain. Et d'autres membres d'église en Europe aidèrent à faire passer des Livret trimestriel de la Christian Science en Allemagne, pour soutenir les scientistes chrétiens de ce pays.
En 1943, les censeurs allemands se mirent à détruire toutes les leçons-sermons. Alors, un membre d'église de La Haye s'adressa à un Allemand, ancien membre de L'Église Mère, pour lui demander son aide. Celui-ci intervint, et, après cela, les Néerlandais reçurent de nouveau les leçons bibliques, même lorsque les autorités militaires interdirent toutes les activités de la Christian Science. L'envoi des leçons fut seulement interrompu en 1944, au moment où les troupes alliées avançaient et où les moyens de communication avaient été coupés partout.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Conseil des directeurs publia un message dans le Héraut intitulé: « Les Scientistes Chrétiens et la situation mondiale ». Dans cet article, qui parut dans la section éditoriale, ils mentionnent le « rôle essentiel » que jouent les scientistes chrétiens dans l'histoire mondiale et parlent précisément des obligations qu'a chaque membre d'accomplir cette tâche. Voici ce qu'ils écrivent: « Sachant que l'Amour divin le protège absolument contre les spécieuses prétentions du mal, le Scientiste Chrétien remplit toutes ses obligations civiques. Il fait son devoir, il soutient par ses pensées et ses actes les décisions humaines, militaires ou autres, que l'on estime les plus sages étant donné les circonstances. Il est vigilant, alerte, courageux et ferme. Toutes les tâches qui lui incombent il peut les faire, parce qu'en réalisant la Vérité il emploie les armes dont l'apôtre Paul disait: “Elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser les forteresses.” » Le Héraut de la Science Chrétienne, décembre 1950, p. 313.
Ce texte puissant fut publié en décembre 1950 dans les Héraut allemand et français et en janvier 1951 dans tous les Héraut trimestriels existants. Ces remarques des directeurs furent certainement une source de réconfort pour les gens dont l'existence, le foyer, la carrière avaient été perturbées par la tragédie de la Seconde Guerre mondiale et par la Guerre froide qui s'intensifiait rapidement.
Et il y avait beaucoup à reconstruire aux Pays-Bas. Une grande partie du réseau de chemins de fer et environ la moitié des usines et des moyens de transport maritimes avaient été détruits. Les digues, qui empêchent la mer d'envahir ce pays très plat, avaient été endommagées, et un septième des terres était inondé. Pourtant, avec la même énergie employée pour résister aux envahisseurs nazis, les Néerlandais se mirent à reconstruire, et dès 1955 leur production industrielle avait augmenté de 60% par rapport à ce qu'elle était avant la guerre.
Dans les années qui ont suivi, l'édition néerlandaise du Héraut de la Christian Science a continué d'évoluer pour s'adapter davantage aux besoins de ses lecteurs et pour rendre compte des guérisons spirituelles des temps modernes.
L'édition italienne
Comme dans le cas des Néerlandais, c'est la guérison qui avait attiré les scientistes chrétiens d'Italie vers cette religion. Vers la fin de l'année 1903, deux Américaines, Mary Helen Morris et sa fille, Gertrude, s'embarquèrent à Boston pour Florence. Elles avaient l'intention d'y passer un an afin que Gertrude puisse y étudier la musique et les langues. Scientistes chrétiennes, elles tinrent des services religieux dans le salon de leur appartement, pendant neuf mois. Une chose en amenant une autre, elles décidèrent de prolonger leur séjour. Puis elles firent la connaissance d'une Britannique et de compatriotes américains qui s'intéressaient à la Christian Science. Peu à peu, le groupe s'agrandissait, et en 1904 il y eut un moment décisif lorsque Mlle Wiener, une jeune Américaine, vint leur rendre visite. Elle était à la recherche d'un traitement par la Christian Science, pour ce qu'on appelait une « paralysie galopante ».
Elle recherchait un praticien de la Christian Science. D'après un manuscrit inédit de Gertrude Morris, cette jeune femme s'était rendue « dans toutes les banques de la ville, dans les consulats anglais et américains et était finalement arrivée chez Thos, Cook & Son où elle demanda si quelqu'un connaissait un praticien de la Christian Science qui habiterait la ville » Gertrude Morris, « Les débuts de la Christian Science à Florence, en Italie », manuscrit appartenant aux Archives de L’Église Mère, p. 1–3.. Grâce à un caissier qui connaissait les Morris, clientes de cette banque, Mlle Wiener put prendre contact avec Mme Morris qui fut heureuse de lui offrir son aide, et au bout de quelques jours, elle fut capable de reprendre ses leçons de piano. « Quand les habitants de son immeuble virent avec quelle rapidité elle avait recouvré la santé, ils lui demandèrent ce qu'elle avait fait, et, avec enthousiasme et gratitude, elle recommanda le traitement par la Christian Science... Deux semaines plus tard, d'autres guérisons avaient lieu... » L'une d'elles concernait une femme guérie d'un zona « sous sa forme la plus grave ». La guérison était particulièrement significative, parce que la « mère [de cette femme] et deux de ses sœurs n'avaient pas survécu à cette maladie ». ibid.
Pendant quelque temps, les réunions gardèrent leur caractère informel, bien que les assistants ne puissent plus tenir tous dans le salon des Morris. Puis, dès 1910, il y eut suffisamment de gens intéressés pour fonder une Société de la Christian Science à Florence. En 1922, la société devint Première Église du Christ, Scientiste, Florence.
Un autre manuscrit historique inédit, rédigé par Cosetta Gamannocci, secrétaire de Première Église du Christ, Scientiste, Florence, décrit ce qui se passa pendant la Seconde Guerre mondiale. « Pendant les deux guerres [mondiales], les services religieux furent interrompus, mais l'église resta active en aidant, de bien des façons, les réfugiés, les pauvres, les soldats du front. » Mme Gamannocci explique que, durant la Seconde Guerre mondiale, ce travail fut accompli par deux femmes de la noblesse italienne: « la baronne Formosa et la marquise Bettini qui, malgré ce qu'elles endurèrent aux mains de la Gestapo [en camps d'internement] firent tout ce qui était en leur pouvoir pour ceux qui revenaient du front. Elles obtinrent de nombreuses guérisons. Quand les alliés entrèrent dans Florence, les soldats qui étaient scientistes chrétiens trouvèrent le réconfort dans l'église, Via Della Spada, le bastion de la Christian Science le plus ancien d'Italie, et aucun d'eux n'oubliera certainement jamais ce 28 septembre 1944, où fut tenu le premier service célébrant la réouverture de l'église. » Cosetta Gamannocci, « Aperçu historique », manuscrit appartenant aux Archives de L'Église Mère, p. 1.
Dans l'Europe de l'après-guerre, il était évident qu'il y avait un besoin à combler en publications religieuses qui encourageraient et nourriraient la pensée des gens. La guerre avait dévasté l'Allemagne (qui avait déjà son édition du Héraut) et l'Italie, qui n'avait pas encore la sienne. Dans une sorte de « plan Marshall religieux », la Société d'édition de la Christian Science se mit à réfléchir aux moyens de répondre aux besoins.
Dès la fin de la guerre, L'Église Mère envoya de la nourriture et des vêtements aux membres d'église en Europe, ce qui s'avéra d'une grande aide. Mais au-delà des besoins purement humains, il semblait exister un immense vide moral et spirituel. Des personnes déplacées tentaient de retrouver une raison de vivre et des valeurs, alors qu'un grand nombre de leurs proches et de lieux familiers avaient disparu.
Des responsables à L'Église Mère avaient suivi les événements de près pendant la guerre et c'est ce qui les conduisit peut-être à recommander qu'il y ait davantage de publications en italien. La pénurie en papier et en personnel due à la guerre posa des problèmes pendant quelque temps. Puis, en 1950, Bjarne V. Bøckmann, directeur du service des traductions de la Société d'édition de la Christian Science, proposa d'ajouter une section en italien à un Héraut qui existait déjà (et dont il sera question dans le numéro de décembre). L'édition trimestrielle en espagnol comprenait plusieurs articles en portugais et puisque ces langues et l'italien avaient une racine commune, le latin, on pensa qu'un lecteur intéressé pourrait retirer quelque chose de chacune d'elles.
Même s'il fallut ajouter huit pages à ce Héraut, ce changement n'impliquait pas de créer une nouvelle édition, et la proposition fut vite adoptée. La première édition du Héraut espagnol-portugais-italien parut en juillet 1951.
Ces articles en italien furent reçus avec gratitude. Cependant, quelques années plus tard, en avril 1954, le Conseil des directeurs de la Christian Science demanda aux fidéicommissaires de la Société d'édition de lui donner une estimation des coûts de production pour des Héraut unilingues qui remplaceraient les éditions multilingues.
Après la guerre, il semblait exister un immense vide moral et spirituel.
Les négociations s'étendirent sur plusieurs années tandis que les fidéicommissaires cherchaient des moyens de réduire les coûts. George Nay, qui occupa le poste d'éditorialiste associé pour les Héraut dès le 1er janvier 1958, mena campagne en faveur de la production de nouveaux Héraut unilingues dans ces langues, en argumentant qu'ils seraient tous trimestriels et auraient moins de pages que les mensuels, ce qui permettrait de maintenir les frais à un niveau raisonnable.
Dans ses numéros de septembre et d'octobre 1958, le Christian Science Journal annonça la parution de nouvelles éditions distinctes du Héraut en espagnol, en italien et en portugais. Le premier numéro de chaque édition parut en janvier 1959. Même s'ils contenaient moins de pages, chacun comportait une sélection d'articles, un éditorial et plusieurs témoignages de guérison. Ce système avait le grand avantage de présenter un choix d'articles qui répondaient aux besoins spécifiques de chaque région à laquelle ces éditions s’adressaient. Lorsque la traduction italienne de Science et Santé parut en 1960, le terrain spirituel avait été bien préparé par le développement du Héraut.
Depuis, le choix des articles pour l’édition italienne reflète un effort constant de répondre aux besoins précis des membres d’église et d’autres personnes intéressées par les idées spirituelles. La maquette des éditions néerlandaise et italienne fut retravaillée plusieurs fois et, dans les années 1990, les pages en anglais, qui jusque-là constituaient la norme pour tous les Héraut, furent supprimées afin qu’il y ait davantage de texte dans les langues de chaque Héraut.
Il en est résulté un magazine qui correspond à ce que disaient les directeurs dans le message publié dans le premier numéro de l’édition néerlandaise: « Les habitants d’une nation acceptent plus facilement ce qui leur est donné dans leur propre langue. » La vérité spirituelle présentée par chaque édition, dans une langue particulière, montre à chaque fois que la Christian Science dépasse les murs d’une église et, sans aucun doute, les frontières d’une nation. Chacun sur terre peut bénéficier de son pouvoir de guérison, n’importe où et n’importe quand.
Un peu d'histoire...
1930
• Sévère dépression économique dans les pays occidentaux; plus de 20 millions de personnes au chômage
• Parution du Héraut scandinave
• Découverte de la planète Pluton
1931
• Annexion de la Manchourie, province chinoise, par le Japon
• Fondation du Commonwealth britannique
• Première ligne de chemin de fer trans-Afrique (Benguella-Katanga)
• Parution du Héraut de la Christian Science néerlandais
1932
• Famine en URSS
• Aux Pays-Bas, un vaste golfe, Zuider Zee, est fermé; plus tard, un barrage sera construit, et la baie sera asséchée pour ajouter 220 000 hectares de terre au pays.
• Découverte du neutron par l'Anglais James Chadwick
1933
• Nomination d'Hitler au poste de chancelier; il lui est accordé des pouvoirs dictatoriaux
1935
• Invasion de l'Éthiopie par les troupes de Mussolini
• Conception par l'Écossais Robert Watson-Watt d'un systéme de détection et de mesure de distance d'un obstacle au moyen d'ondes hertziennes, dont dériva le radar
• Jesse Owens, Noir américain, remporte quatre médailles d'or lors des Jeux olympiques de Berlin, en Allemagne
1937
• Début de la guerre cino-japonaise; ce conflit devient partie intégrante de la Seconde Guerre mondiale
• Première retransmission radiophonique mondiale à l'occasion du couronnement de George VI, roi de Grande-Bretagne
• Disparition de l'Américaine Amelia Earhart au-dessus du Pacilique, lors de sa tentative de tour du monde en avion
1939
• Prise de l'Albanie par les soldats italiens
• Invasion de la Pologne par l'Allemagne; début de la Seconde Guerre mondiale
• Fin de la guerre d'Espagne qui avait commencé en 1936
