11 janvier 2002. Vendredi soir. Le week-end arrive, et je suis là devant l’ordinateur en train de regarder les nouvelles sur Internet. Je clique sur un reportage de CNN.com (Europe) daté du 9 janvier, frappée par le titre: « Jours de désespoir ». Il s’agit du village de Bonavash et d’autres villages isolés des régions montagneuses d’Abdullah Gan, dans le nord de l’Afghanistan. Suite à des années de difficultés, notamment la guerre et la sécheresse, la population des zones isolées de ce pays en est venue à manger des racines ou du pain fait à base d’herbe et d’un peu de farine.
Une telle scène n’est-elle pas en contradiction avec ce que déclarent certaines religions au sujet du pouvoir de l’Esprit, Dieu ? Bien que les photos accompagnant cet article émouvant viennent ajouter au choc et à la tristesse, quand je termine ma lecture, je suis poussée à me tourner intensément vers Dieu pour être à l’écoute d’idées spirituelles réconfortantes. J’aimerais pouvoir dire à ces habitants: « Non, Dieu n’abandonne pas Sa création. Vous pouvez ressentir les effets pratiques de l’Amour divin sur l’humanité. »
Il me vient à la pensée l’histoire d’un homme vivant au Moyen-Orient, neuf siècles avant Jésus-Christ, dans le désespoir à cause de la sécheresse et de la famine, qui s’est tourné vers Dieu. Dieu lui a répondu: « J’ai ordonné aux corbeaux de te nourrir là » (voir I Rois 17:4). Et les corbeaux lui ont apporté du pain et de la viande le matin et du pain et de la viande le soir. Puis, quelque temps après, Dieu lui a à nouveau parlé: « J’ai ordonné à une femme veuve de te nourrir. » (I Rois 17:9) Cet homme, nommé Élie, avait reçu la preuve que Dieu gouvernait sa vie et prenait soin de lui comme le fait un parent. Cette histoire illustre l’omniprésence et l’omni-action divines.
Une deuxième idée vient me donner la conviction que l’aide spirituelle est utile: Dieu gouverne chaque aspect de Sa création, et Son autorité se manifeste de manière pratique (dans certains cas inattendue) lorsqu’on s’appuie radicalement sur Lui. Cette prière relativement brève m’a donné l’assurance qu’une solution serait trouvée.
Quelque temps après, je fais part à deux amies des idées m’étant venues ce soir du 11 janvier et, à ma surprise, elles me demandent si j’ai une preuve concrète de l’efficacité de cette prière. Je me mets alors à rechercher sur Internet, ne sachant pas où trouver des informations sur une si petite région d’un pays éloigné. L’expectative de découvrir des indices me conduit à trouver l’organisation qui a été à l’origine de cette alerte de famine. J’apprends qu’une semaine après avoir donné l’alerte, cette organisation non gouvernementale IRC: International Rescue Committee. a publié un rapport faisant part de résultats positifs: Après avoir contacté en vain les autorités pour transporter la nourriture par hélicoptère dans les villages isolés, cette organisation, en collaboration avec des partenaires locaux, a loué 400 ânes pour transporter 3000 tonnes de blé dans les montagnes pour répondre aux besoins de 23 000 personnes. Le 17 janvier, soit une semaine après l’annonce de la tragédie, les secours avaient atteint quelques-uns des villages les plus isolés transportant, malgré les difficultés climatiques, l’équivalent de trois mois de nourriture grâce à ces ânes. A la fin de janvier cette organisation avait atteint les villages les plus vulnérables de la région d’Abdullah Gan. Puis, début février, il est annoncé que de la neige est tombée sur Kaboul pour la première fois depuis des années et que cela soulève l’espoir de la fin de quatre ans de sécheresse. Un bulletin de l’UNICEFUNICEF: Fonds des Nations Unies pour l’enfance. fait part d’importantes précipitations sur l’Afghanistan.
Dans le cas de problèmes collectifs il est difficile de dire si l’amélioration d’une situation est due à la prière de l’un ou de l’autre. Même si je n’avais pas prié, des organisations humanitaires auraient probablement œuvré en faveur de ces personnes dans le besoin. Toutefois, chaque prière a son utilité car d’une part elle ouvre la porte à des manifestations directes du pouvoir divin et, d’autre part, elle soutient les valeurs morales et éthiques de ceux qui œuvrent dans les missions de secours. Le Christ, le message de Dieu aux hommes, nous donne l’autorité nécessaire pour refuser que la vie soit faite de tragédies et nous incite à embrasser dans notre pensée ceux qui ont besoin de réconfort. Les moments passés à prier sont vraiment des moments substantiels, car ils font découvrir le sentiment de la présence de Dieu parmi nous.
Ma prière a effacé le sentiment pesant que j’avais éprouvé à la vue de ces gens affligés, et elle a apporté un sentiment de compassion qui est venu enrichir cette soirée. La compassion est une expression de l’Amour infini qui est au cœur même de l’existence de chacun, comme l’a dit Mary Baker Eddy dans un de ses livres: « L’humanité pure, l’amitié, le foyer, la réciprocité de l’amour apportent à la terre un avant-goût du ciel. Ils unissent les joies terrestres et les joies célestes, et ils les couronnent de bénédictions infinies. » (Écrits divers, p. 100)
Qu'en est-il de tous les gens qui souffrent de par le monde, que ce soit à cause d’une tremblement de terre ou à cause d’une politique économique qui dégrade les conditions de vie ? Il n’y a pas de prière type pour aider telle ou telle situation. Par contre, il est possibel de déraciner, dans notre propre pensée, l’idée que la fatalité nous gouverne et de s’appuyer sur un Dieu qui est le Père et la Mère de tous, ne créant pas les uns comme victimes et les autres comme agresseurs. Il est possible d’aller au-delà des apparences pour voir l’aspect spirituel de la situation, et enfin de s’attendre à ce que l’autorité divine se manifeste. Exprimer de l’affection pour le monde avec une intensité à la hauteur du besoin, en se laissant inspirer par des pensées qui ont fait leur preuve à travers les siècles, chercher le bien et être conscient du bien sur le plan universel nous donne un merveilleux sens d’appartenance à la famille universelle.
