Il y a quelques années, alors que je faisais des travaux de jardinage, j'ai voulu déplacer une plante dans un pot très lourd.
C'était une plante aux feuilles charnues, extrêmement dures, que je voulais tourner pour qu'elle soit mieux exposée. En la tournant, j'ai reçu dans l'œil la pointe acérée d'une feuille. J'ai eu l'impression aussitôt que je m'étais gravement blessé. Ma crainte était vive, mais j'ai néanmoins essayé de la maîtriser et de prier. Ma famille était très impressionnée par l'aspect de l'œil. En fait, ma vue s'est troublée si bien que je ne voyais plus que d'un œil. Je ne pouvais pas ouvrir l'œil blessé, parce qu'il continuait à être douloureux et à pleurer abondamment. A ce moment-là, il m'est apparu qu'il n'était pas juste que je sois condamné à souffrir, et que je ne devais pas accepter de subir les conséquences d'une agression quelconque. En effet, je me sentais comme agressé. J'ai pensé alors qu'il fallait que je me tourne vers la Bible et que je réfléchisse profondément à ce qu'elle enseigne sur l'origine réelle de l'homme et son développement.
Dans le premier chapitre de la Genèse, Dieu dit que Sa création est bonne, parfaite. On y lit qu'Il n'a pas engendré le mal et qu'Il ne condamne personne. Ce chapitre présente l'homme comme conforme à la création divine. C'est une bien belle promesse qui ne pouvait pas être vaine. Il n'y avait aucune raison pour que ma situation ne soit pas conforme à la volonté de mon Père, de mon Créateur.
Il me fallait prendre position, sans aucune équivoque et faire tous mes efforts pour garder constamment à la pensée la réalité spirituelle qui ne pouvait pas être altérée ni déformée.
Ce qui m'a aidé à prendre position fermement, ce sont quelques phrases qu'une amie scientiste chrétienne m'avait écrites dans une correspondance. Elle parlait de la prière. Elle soulignait que c'est un don de Dieu qui nous lie à Lui. La prière nous aide à reconnaître notre unité avec notre Père, et nous rend capables de découvrir et de vivre notre nature d'enfant de Dieu. Mary Baker Eddy, qui est la découvreuse et la fondatrice de la Christian Science, explique dans son livre Science et Santé avec la Clef des Écritures: « Ce qui agit par une croyance aveugle n'est ni la Science ni la Vérité; ce n'est pas non plus la compréhension humaine du divin Principe guérisseur, tel qu'il fut manifesté en Jésus, dont les humbles prières étaient des affirmations profondes et consciencieuses de la Vérité — de la ressemblance de l'homme avec Dieu et de l'unité de l'homme avec la Vérité et l'Amour. » (p. 12) Ces lignes m'ont conforté dans mon désir de m'appuyer uniquement sur la prière et sur la toute-puissance de l'Esprit.
Le lendemain de l'accident, ma femme a constaté que mon œil était encore plus vilain que le jour d'avant. Elle m'a conseillé de me faire soigner rapidement car elle se faisait vraiment beaucoup de souci. J'ai failli me sentir dépossédé de l'espoir que j'avais entretenu, mais il m'est apparu que je devais prendre rapidement le contrepied, en pensant au passage biblique relatif à la création spirituelle et bonne de Dieu. L'apparence matérielle ne pouvait être qu'une prétention agressive. Elle me faisait songer à ces masques grimaçants de la tradition chinoise qui sont censés faire peur soit aux esprits soit aux gens, alors que l'acteur qui est dedans présente un visage charmant et rieur. Quel que soit le masque à ce momentlà, il m'est apparu avec évidence que je pouvais l'arracher moi aussi.
Seul l'enfant ou l'homme créé par Dieu devait occuper le devant de la scène, donc toutes mes pensées. Au fond de moi, je me sentais déjà libéré de la crainte, alors que je pensais aussi à ces paroles de Jésus-Christ telles qu'elles se trouvent dans la Bible: « Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus. » (Matth. 6:25) J'avais aussi conscience que ma seule responsabilité n'était pas de me guérir par un exercice de volonté personnelle, mais de reconnaître la perfection déjà présente et toujours agissante de mon Père-Mère Dieu et de Sa création, qui s'exprime jusque dans les moindres détails.
J'étais sûr que la guérison viendrait. Le lendemain, à mon réveil, je me suis levé comme à l'habitude. Je me suis rasé et en regardant dans le miroir, je me suis aperçu qu'il ne restait aucune trace de blessure, à part une légère rougeur qui a disparu rapidement par la suite. Ma vue est redevenue normale. Elle n'était plus obscurcie ni brouillée. C'est là que j'ai pleinement pris conscience du fait que Dieu est un secours toujours présent, comme le promettent les Écritures saintes. Et ce ne sont pas de vaines promesses !
Neuchâtel, Suisse
