Je suis originaire du Congo Brazzaville, Le système d’enseignement au Congo s’arrête au deuxième cycle, A ce stade, il faut chercher des inscriptions auprès d’universitès ètrangères. Lorsque j’en ai obtenu une, je suis venu en France. C’était le 22 décembre 1989.
Trois choses m’inquiétaient au moment du départ: j’avais peur du voyage, je n’avais aucun endroit où loger et j’étais inquiet par rapport aux études universitaires. J’avais une petite bible de poche que j’aimais beaucoup lire, et je me suis appuyé sur certains psaumes et certains passages de l’évangile pour calmer mes craintes face à l’inconnu. Je me souviens en particulier du psaume 23, qui nous dit que Dieu nous guide tout au long du chemin et de ce passage de l’Evangile selon Matthieu: « Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira. » (7:7)
Quand je suis arrivé à Paris, ça a vraiment été le parcours du combattant! Je n’avais qu’une liste avec 5 numéros de téléphone et un plan de métro. J’ai d’abord dû me procurer une carte téléphonique. Une dame m’a aidé à faire le numéro, et un compatriote est venu m’accueillir, mais ne pouvait pas me loger. Finalement un autre compatriote m’a logé. C’était un premier pas important. Ce compatriote était scientiste chrétien.
Malheureusement le professeur à l’université m’a demandé de refaire certains sujets de la maîtrise (2e cycle), que j’avais déjà faites. J’étais démoralisé. J’ai essayé d’entrer dans une autre université et jai envoyé beaucoup de demandes d’inscription. Mais je continuais à recevoir des réponses négatives. A ce moment, j’ai contacté une praticienne de la Christian Science pour qu’elle m’aide par la prière. Je me posais des questions quant à ma valeur, puis par rapport aux autres, je commençais à avoir des idées négatives face aux hommes blancs. J’ai continué à prier. Ce qui m’a surtout aidé à mettre de côté ces idées négatives, c’est le fait que l’homme est spirituel et parfait, car l’homme est l’expression de l’Ame, Dieu. Ma vision des choses a changé. Je me sentais beaucoup plus en paix.
Et au moment où ma perception des choses a changé, j’ai fait la connaissance de quelqu’un dont l’oncle était professeur d’université. J’ai passé le test d’admission pour cette université haut la main. C’était en cours d’année scolaire, et j’ai pourtant été accepté.
Assez rapidement j’ai trouvé un autre stage qui me convenait encore mieux. En plein milieu de ce stage, le directeur m’a proposé un travail!
Maintenant il fallait obtenir des papiers pour passer du statut d’étudiant à celui d’employé. J’ai à nouveau prié avec la praticienne pour mieux comprendre mon identité, pour mieux reconnaître que suis enfant de Dieu. J’ai eu mes papiers fin 1994. J’ai pu faire une thése, et on m’a offert du travail dès que j’ai eu fini ma thèse. La situation de mon pays n’étant pas propice au retour, j’ai donc été amené à m’installer en France. Je ne l’avais pas prévu, mais je me suis senti guidé par Dieu pas à pas. Mon chemin s’est ouvert au fur et à mesure que j’avancais.
Certainement, tous les jours je dois faire face à certains discours ou comportements contre les immigrés. Je me suis parfois fait arrêter au volant juste parce que j’étais noir. Parfois je me suis fait insulter. Mais l’idée qui m’aide, qui m’a toujours aidé, c’est que tous les hommes sont des enfants de Dieu. Ça me permet de surmonter l’animosité, et ça calme les situations.
Je dirige 41 personnes dans le cadre de mon travail, et je suis connu pour être celui qui ne se fâche jamais. Je ne réagis pas devant l’animosité. Les gens le savent maintenant. Je peux faire cela grâce à la prière. C’est comme porter chaque jour une armure faite de bonnes pensées. Suis-je intégré dans la société française? Pour moi oui, je me sens à ma place!
