Mes parents avaient quitté l’Espagne pour la France au début des années soixante, emmenant avec eux les deux enfants qu’ils avaient alors, mon frère et moi.
De l’enfance à l’adolescence, l’adaptation me demanda des efforts certains (ainsi qu’à mes frères et à mes parents, je suppose), mais à l’époque je vivais cela sans l’analyser.
Depuis, j’ai compris que le fait de grandir avec deux cultures et deux langues différentes requiert souvent une sorte de subtil travail intérieur: il faut parvenir à comprendre les situations auxquelles on se trouve confronté et savoir comment réagir. Le processus est fait de questionnements parfois lancinants: Qu’est-ce qui est juste, qu’est-ce qui ne l’est pas? Pourquoi eux font comme ça? A la maison c’est différent, etc. De ces questionnements naissaient parfois des dilemmes, des doutes, des tensions... Bien que ces problèmes n’aient pas eu, dans mon cas, une gravité extrême, ils venaient toutefois s’ajouter à ceux que tout jeune rencontre. Par exemple, mon entrée dans le monde du travail fut rendue plus difficile par le fait que je n’avais pas une perception claire des possibilités que m’offrait la société ni de mes propres capacités.
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