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Article de couverture

Immigration et identité spirituelle

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de novembre 2002


Mes parents avaient quitté l’Espagne pour la France au début des années soixante, emmenant avec eux les deux enfants qu’ils avaient alors, mon frère et moi.

De l’enfance à l’adolescence, l’adaptation me demanda des efforts certains (ainsi qu’à mes frères et à mes parents, je suppose), mais à l’époque je vivais cela sans l’analyser.

Depuis, j’ai compris que le fait de grandir avec deux cultures et deux langues différentes requiert souvent une sorte de subtil travail intérieur: il faut parvenir à comprendre les situations auxquelles on se trouve confronté et savoir comment réagir. Le processus est fait de questionnements parfois lancinants: Qu’est-ce qui est juste, qu’est-ce qui ne l’est pas? Pourquoi eux font comme ça? A la maison c’est différent, etc. De ces questionnements naissaient parfois des dilemmes, des doutes, des tensions... Bien que ces problèmes n’aient pas eu, dans mon cas, une gravité extrême, ils venaient toutefois s’ajouter à ceux que tout jeune rencontre. Par exemple, mon entrée dans le monde du travail fut rendue plus difficile par le fait que je n’avais pas une perception claire des possibilités que m’offrait la société ni de mes propres capacités.

Mais, à cette époque, j’avais aussi commencé à aborder les choses d’un point de vue spirituel et ainsi à me rendre compte qu’au-delà des catégories humaines, nous avons une appartenance plus haute et parfaite: j’ai commencé à prendre conscience de mon identité spirituelle. J’ai perçu peu à peu que Dieu nous a tous dotés d’une identité faite à Son image, comme cela nous est dit au premier chapitre de la Genèse, dans la Bible. Cette prise de conscience a élevé mon approche dans bien des domaines, et notamment m’a amené à comprendre que les cultures et les langues sont comme de beaux habits: intéressants, colorés, apportant de la diversité, mais non de carcans dans lesquels les êtres humains sont enfermés.

Cette évolution de ma façon de penser m’a permis par la suite d’utiliser ma sensibilité multiculturelle au service des autres: pendant une dizaine d’années, au sein d’un organisme spécialisé en France, j’ai exercé le passionnant métier d’enseignant auprès d’immigrés d’origines variées. Mes collègues et moi avions une approche pleine de respect et d’intérêt pour les étrangers qui venaient suivre nos cours.

J’ai beaucoup apprécié l’aide concrète que m’apportait le fait de comprendre que tous les hommes sont frères, ayant pour vrai Père Dieu et que chacun est doté de talents faisant partie de son identité spirituelle. Je m’appliquais à percevoir cela et je me rappelle qu’une ambiance chaleureuse régnait bien souvent dans les cours d’alphabétisation par exemple, où côtoyaient des gens de niveaux pourtant disparates, venant de pays aussi divers que le Mali, la Turquie, l’Afrique du Nord. Je sentais la présence de Dieu dans l’amitié, dans la joie d’apprendre et d’être ensemble.

Parallèlement, j’ai fait partie d’une association d’aide à l’insertion des immigrés et de défense de leurs droits. Cette expérience a contribué à me faire prendre conscience des difficultés que certains traversent: choix douloureux de s’expatrier, difficultés pour trouver travail et logement, insertion malaisée dans une société très différente, absence de considération et parfois xénophobie, absence d’horizon, sentiment d’exil. Les jeunes subissent parfois une forte perte de repères et dans certains cas adoptent des comportements violents. J’ai constaté qu’un éloignement culturel, linguistique, religieux, plus grand que celui que j’avais connu, pouvait amplifier les problèmes des immigrés, comme d’ailleurs ceux des citoyens du pays d’accueil.

En tant que « chercheur spirituel » je me suis senti poussé depuis à me demander si la spiritualité pouvait répondre à ce genre de problèmes, apporter des solutions concrètes aux protagonistes. Mon cheminement progressif, ainsi que les solutions pratiques que j’ai pu trouver pour ma propre insertion ainsi que dans d’autres domaines, m’ont en fait convaincu que la seule réponse vraiment cohérente et solide se trouve bien dans la compréhension de notre identité spirituelle et du lien qui nous unit à Dieu.

Prenons par exemple cette question fondamentale de l’identité, qui peut être un problème perturbant pour tout migrant. Percevoir notre identité spirituelle, et celle d’autrui, comme la seule identité que nous possédons réellement nous satisfait complètement, et élimine tout sentiment de frustration. Cette identité est en fait conforme à nos aspirations profondes. Dans son livre, Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy écrit: « L’identité est le reflet de l’Esprit, le reflet sous des formes multiples et variées du Principe vivant, l’Amour. » (p. 477) Ici, les termes Esprit, Principe et Amour sont des synonymes de Dieu. Comprendre cela nous élève au-dessus d’une identification étroite et rigide à une culture, et nous permet de voir que nous ne pouvons pas perdre notre identité réelle. Aucune culture ne peut changer ce que nous sommes réellement, le reflet de Dieu, le reflet de l’Amour. Même face à l’incompréhension, au rejet, voire à l’insulte et au mépris, chacun peut sur cette base rester conscient de sa valeur.

Un autre point important est celui du statut. L’étranger est parfois considéré comme un « citoyen de seconde zone ». Toutefois, par une approche spirituelle du problème, j’ai réalisé que personne n’est privé de statut ni de droits: Dieu nous donne en effet à tous des droits inaliénables tels que la liberté, le droit au respect et à une vie satisfaisante, etc. Même si la situation temporelle d’une personne fait que dans un certain contexte ses droits sont limités, il est réconfortant de savoir que le fait spirituel de son statut permanent d’enfant de Dieu est toujours là et que, reconnu, il a le pouvoir de changer la situation, d’apporter des solutions.

Sur le plan affectif, l’immigré souffre souvent du « mal du pays », où sont restés des proches, et où des souvenirs le rappellent, d’où un sentiment d’exil et de séparation. La perception de l’amour de Dieu, la conscience de Sa présence entièrement bonne, rassurent, consolent, et nous font voir que Dieu s’occupe aussi bien de nous que de nos êtres chers. Pour l’amour de Dieu il n’y a pas de frontières et nul n’est délaissé ou étranger. Éclairée par cette perception, la « terre étrangère » devient plus familière, plus amicale, porteuse d’espoir.

Finalement, je me suis aperçu que les points de vue spirituels répondent aux différentes situations liées à l’immigration, parce qu’ils répondent à toutes les situations humaines.

Et ces points de vue ne sont pas seulement réconfortants, mais ils apportent aussi aux immigrants et aux habitants des pays d’accueil une meilleure approche de leur situation et de la société dans laquelle ils vivent. Savoir que notre seul statut, notre seule identité sont donnés par Dieu, m’a permis par exemple d’être plus lucide dans mes démarches et mes choix, d’être réceptif au bien que Dieu donne, d’avoir plus de confiance dans ma valeur et mes capacités.

Mais de plus, j’ai observé, dans ma propre existence et autour de moi, qu’être conscient de ces faits spirituels peut réellement apporter des réponses concrètes sur le plan du travail, du logement, etc. Chacun peut se prévaloir du bien que Dieu donne en permanence. La prière nous rend réceptifs à la façon dont Dieu pourvoit aux besoins quotidiens de Ses enfants.

En fait, en tant que citoyens du monde, nous sommes tous concernés par le phénomène de l’immigration. Quelle que soit notre situation, la prière nous donne une perception de la réalité spirituelle qui transforme. élève et apporte des solutions, qu’il s’agisse d’accueillir des étrangers, de préconiser des mesures destinées à gérer les flux migratoires, de trouver le comportement adéquat en tant qu’étranger ou de décider de mesures d’aide à un pays, afin d’éliminer la nécessité d’émigrer. Nous sommes tous dotés de la capacité d’apporter le bien, la paix et l’entente entre les peuples, de voir en nous et autour de nous l’homme créé à l’image de Dieu.

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