Étant une « accro des infos », j'aime les bons reportages. Mais mon intérêt pour les flashs d'actualité n'élève pas toujours ma pensée, contrairement à ce que suggère ce verset des Proverbes: « Comme de l'eau fraîche pour une personne fatiguée, ainsi est une bonne nouvelle venant d'une terre lointaine. » (Proverbes 25:25)
Comme des balles de ping-pong dans une soufflerie, il nous arrive tous de passer frénétiquement d'un sujet à un autre: Iran, grippe A(H1N1), crise bancaire, ouragans, trafic d'enfants, pirates somaliens, saisie de biens immobiliers, attaques terroristes, mort d'une célébrité, Corée du Nord, autant d'infos qui suscitent des émotions multiples. La peur, la colère, la frustration, un sentiment de vulnérabilité ou tout simplement une fascination peuvent s'emparer des esprits les plus calmes. Grâce aux téléphones mobiles et aux ordinateurs portables, les tout derniers flashs d'actualité sont toujours à notre portée.
Je ne veux certainement pas négliger ni ignorer les problèmes du jour, mais est-il juste de considérer les nouvelles comme le fin mot de l'histoire ? En priant pour le monde et pour moi-même, il m'est apparu qu'il n'est pas plus sain de s'ouvrir à toutes les informations à sensation que de les ignorer totalement. Les idées suivantes m'aident à prier de façon méthodique.
Tout commence par la compassion
Je me suis rendu compte qu'en s'intéressant aux autres et à la société en général, on peut briser le magnétisme hypnotique des actualités alarmantes ou à sensation qui nous assaillent. Ainsi les flashs d'actualité rendent la prière d'actualité.
Cela existait déjà aux temps bibliques. Dans l'une de ses paraboles bien connues, Jésus évoque un Samaritain qui croise un voyageur évanoui sur le bord du chemin, apparemment victime d'une agression. Alors que d'autres passent sans s'arrêter, le Samaritain s'approche de l'homme inanimé pour lui porter secours. Dans son évangile, Luc explique qu'« un Samaritain, qui voyageait, étant venu là, fut ému de compassion lorsqu'il le vit. Il s'approcha... » (Luc 10:33, 34) La sollicitude envers son prochain l'emporta sur le trouble, la peur ou l'indifférence, et il entreprit de secourir cet homme.
Ainsi que je le comprends, la compassion pour autrui nous amène tout naturellement à vouloir traiter l'actualité par la prière, ce qui est là une attitude salutaire. J'ai donc prié pour acquérir ce point de vue spirituel profond enseigné par la Science Chrétienne, qui permet de résoudre toutes les questions qui nous tourmentent ou simplement nous dérangent.
Le premier brouillon de l'histoire
Phil Graham, ancien rédacteur en chef du Washington Post, aurait dit un jour que le journalisme est « le premier brouillon de l'histoire ». Comme chaque auteur le sait, un brouillon donne rarement le fin mot de l'histoire. Quand un sentiment de compassion nous pousse à traiter l'actualité diffusée par les médias, on ne se satisfait guère des comptes rendus qui s'attachent à la « première impression ». En fait, je me rends compte que tant que la compréhension du Bien divin ne vient pas éclairer les développements d'une information, l'histoire n'est pas complète. Pour qu'une information soit traitée en profondeur et de manière objective, il ne faut pas négliger le point de vue spirituel.
Un célèbre animateur radio avait l'habitude de commencer son émission en disant: « Vous connaissez la nouvelle... eh bien dans une minute, vous allez entendre le reste de l'histoire ! » Pour moi, la prière est un outil critique qui permet de mettre au jour « le reste de l'histoire », de jeter un regard spirituel sur l'information. Cette prière consiste en partie à baisser le volume du point de vue humain, qu'il s'agisse d'un flash d'actualité impressionnant ou d'une réaction à ce flash, pour se mettre à l'écoute du pouvoir de la véritable intelligence qui guérit et sauve.
Une telle prière accède au message-Christ qui nous assure que l'Amour divin et la grâce divine sont toujours activement présents, et que Dieu, l'Entendement, communique les faits spirituels qui apportent le point de vue qui guérit. Je considère que c'est au Christ, non aux flashs, aux médias ou aux individus, de nous donner tous les faits tels que Dieu les voit; c'est-à-dire de nous exposer l'histoire de l'intégrité, de l'intelligence, de l'innocence, de la beauté et du bien illimité qui découlent naturellement de Dieu. Tant que la perspective du Christ est absente, l'histoire dans son ensemble n'est pas révélée.
La prière peut mettre au jour les faits spirituels souvent enfouis sous une dramatisation des événements. En raisonnant à partir de la connaissance stable et solide propre à l'Entendement divin, nos prières annihilent les sentiments d'impuissance, de crainte, de fascination négative, et toute autre réaction malsaine que peut susciter le tumulte médiatique. C'est ce dont j'ai fait l'expérience au cours d'un été, il y a une quinzaine d'années.
Une approche salutaire de l'information
À l'époque, je ressentais le besoin de suivre l'exemple du Samaritain en traitant la fascination qu'exerçaient sur moi les flashs d'information. Alors que je vivais aux États-Unis, une vague de chaleur caniculaire a fait la une de l'actualité. Les experts interviewés à propos des dangers d'une exposition au soleil prédisaient une augmentation des décès dûs à la chaleur. Tout le monde, y compris moi-même, semblait impressionné par ces informations. Tout en sachant que cela n'était pas une bonne idée, je ne pouvais m'empêcher de regarder sans cesse les nouvelles, du moins jusqu'à ce que je reçoive un appel d'une femme me demandant de prier pour elle.
Sa fille était toxicomane, SDF, et vivait apparemment sur une plage loin de sa mère. L'accent mis sur les dangers d'une chaleur excessive ajoutait une crainte supplémentaire aux préoccupations de plus en plus vives de la mère. Touchée par cette situation désespérée, j'ai compris qu'il me fallait cesser de regarder la télévision et prier.
J'ai pensé à cette déclaration empreinte de compassion de Mary Baker Eddy: « La presse sème inconsciemment dans la famille humaine bien des chagrins et bien des maladies. » (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 196) Parfois, croyant bien faire, les médias envahissent les ondes d'avertissements et de conseils qui génèrent de la peur. Mais on trouve également ce conseil dans Science et Santé: « Au lieu de nourrir la pensée de crainte... corrig[ez] cet élément désordonné de l'entendement mortel par l'influence de l'Amour divin qui bannit la crainte. » (p. 180)
Tandis que je priais, je me suis détournée des recommandations concernant la chaleur, et j'ai compris que la crainte, non le temps, était l'« élément désordonné de l'entendement mortel » qu'il fallait corriger. J'ai aussi vu que si je n'étais peut-être pas capable de changer le temps, mes prières m'aideraient à mieux comprendre que l'amour de Dieu élimine la crainte engendrée par les informations. En mettant l'accent sur la permanence de cet amour qui guide et protège tout le monde, les paroles d'un cantique m'ont permis d'étouffer mes propres craintes survenues à la suite des reportages que j'avais vus:
Si brillamment l'Amour divin Prodigue sa clarté,
Que nul n'ignore le chemin
De la réalité ;
Nous en discernons le parcours,
Sans cesse instruits par son amour. Robert Ellis Key, Hymnaire de la Science Chrétienne, no 311. Remise dans la bonne voie, j'ai pu me demander: « Comment le Christ voit-il cette situation ? »
Le reste de l'histoire
Cherchant toujours à être guidée, j'ai ouvert ma Bible et y ai trouvé la copie d'un dessin humoristique politique de Guernsey LePelley, tiré d'un ancien Christian Science Monitor The Christian Science Monitor, 15 avril 1963.. Il représentait un sous-marin au fond de la mer, faisant allusion au naufrage, dans l'océan Atlantique, du sous-marin nucléaire USS Thresher, le 10 avril 1963. 129 marins et civils avaient disparu dans l'accident. La légende disait: « ...là aussi... »
J'ai aussitôt pensé aux paroles d'un Psaume de David: « Éternel !... Si je prends les ailes de l'aurore, et que j'aille habiter à l'extrémité de la mer, là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira. » (Psaume 139:9, 10)
Touchée par la compassion qu'exprimaient ce dessin et ce psaume, j'ai mieux compris que personne ne peut se trouver en dehors de l'amour de Dieu. J'ai senti avec une grande acuité que, puisque l'amour de Dieu est immédiat et omniprésent, nul ne peut être hors de la portée de son pouvoir guérisseur, où qu'il soit, quoi qu'il ait pu faire, et en dépit de ce que prétendent les actualités.
Bientôt, un air frais inattendu s'est déployé sur toute la région, et les conseils de prudence concernant la chaleur ont été remplacés à la une de l'actualité par de nouvelles informations. J'ai aussi appris que cette maman pour qui j'avais prié avait reçu des nouvelles de sa fille, et que cette dernière avait été invitée à rester chez une amie. Cette main secourable, pareille à celle du Samaritain, a marqué pour elle un nouveau départ. Elle a commencé une nouvelle vie, laissant définitivement les drogues derrière elle.
Nourrir la prière, non la curiosité
Si l'éthique veut que la presse fasse preuve d'exactitude et de professionnalisme en relatant les faits, le public a lui aussi son rôle à jouer. Suivre l'actualité par simple curiosité, c'est un luxe qui risque d'abaisser le journalisme au niveau des potins à sensation.
Mary Baker Eddy a fondé le Monitor afin de contrebalancer la fascination du public pour les mauvaises nouvelles et élever le niveau du journalisme. Créé dans le but « de ne nuire à personne, mais de bénir toute l'humanité », le Monitor s'efforce de montrer que les reportages honnêtes et rigoureux offrent une vue positive de l'humanité et des événements (voir La Première Église du Christ, Scientiste, et Miscellanées, p. 353).
De tels reportages montrent ce qui nécessite particulièrement la lumière d'une perspective spirituelle. En même temps, ils visent à inciter le lecteur à s'ouvrir aux problèmes du monde au-delà de ses intérêts personnels, tout en donnant plus d'ampleur à sa prière quotidienne. Pour moi, les lecteurs font partie du personnel du Monitor quand ils sont poussés à écrire le reste de l'histoire par leurs prières et leur mode de vie. Le dessin humoristique auquel j'ai fait allusion appartient au passé sans pour autant être dépassé: il a élevé mes pensées, nourri mes prières et renforcé ma conviction que Dieu est présent maintenant même.
Bien sûr, le Monitor n'est pas un outil de communication isolé. Le Livret trimestriel de la Science Chrétienne, le Sentinel, The Christian Science Journal ainsi que les Héraut de la Science Chrétienne en différentes langues peuvent nourrir le désir spirituel de traiter les sujets brûlants de l'actualité, privés et publics, couverts par le Monitor et par d'autres outils d'information. Observer ainsi le terrain de la conscience humaine fournit une base spirituelle pour réagir aux chocs et aux pressions des événements de la journée, tout en élevant la façon de penser habituelle de la société.
Un flash d'actualité rend alors tout naturellement la prière d'actualité. « Selon le dessein céleste, écrit Mary Baker Eddy, les ombres terrestres servent à purifier les affections, à réprouver la conscience humaine et à la détourner joyeusement d'un faux sens matériel de vie et de bonheur, pour la tourner vers la joie spirituelle et vers l'appréciation véritable de l'être. » (Rétrospection et Introspection, p. 21)
Quelles que soient les nouvelles de dernière heure, on peut tous prier pour entendre le message-Christ qui révèle le reste de l'histoire, c'est-à-dire le fait spirituel que Dieu enveloppe dans Son amour et Sa protection l'humanité entière, maintenant même. Et cela mettra au jour le beau et le bon, le secours et la guérison, là même où le besoin se fait sentir.
