Demandez à des gens ordinaires (pas nécessairement croyants) ce qui, selon eux, pourrait guérir la maladie, le chagrin ou la folie de la vie humaine, sans pilules, thérapies ou autres moyens médicaux, et vous seriez surpris d'en voir autant choisir tout simplement l'amour.
L'amour véritable, envers notre famille ou nos amis, envers des enfants, ou même de parfaits inconnus, est un sentiment si profond chez la plupart d'entre nous que cette réponse est quasiment instinctive. Des gens comme vous et moi ont arraché des inconnus à des voitures en flammes ou les ont tirés hors des rails juste avant l'arrivée du métro. Il existe aussi de nombreux cas où un amour humain attentif a été suffisamment fort pour aider un proche à se remettre d'une grave maladie. Les histoires de ce type sont si frappantes qu'elles sont fréquemment relatées dans les actualités locales et internationales et sont largement diffusées sur internet.
Et si cet amour que les hommes placent si haut témoignait de quelque chose de bien plus grand ? Si grand que le simple fait de l'entrevoir pourrait changer toute votre perception de la vie et de l'univers, y compris de vous-même ? Et si l'amour que nous connaissons n'était pas la meilleure part si éphémère de la vie mortelle, mais plutôt l'expression d'un amour plus fort, plus profond et toujours à notre portée ? Cela signifierait que, lorsque nous faisons l'expérience du bien, de la paix et de la générosité de l'amour humain désintéressé, nous ressentons en fait la réalité de cet amour plus grand encore: Dieu. C'est exactement ce que dit la Bible dans un passage de la première Épître de Jean: « ...l'amour est de Dieu » (4:7).
Mary Baker Eddy, qui a découvert la Science Chrétienne, a poussé la réflexion sur cette déclaration de la Bible plus loin que nombre de ses prédécesseurs au fil des siècles, et avec une intensité nouvelle. Elle ne s'est pas arrêtée à un niveau moral superficiel, concluant simplement que l'amour pour autrui est une bonne chose parce qu'il est exigé et approuvé par Dieu.
Elle ressentait la nécessité de trouver une nouvelle langue pour parler de Dieu, qui traduirait plus précisément les merveilles qu'elle découvrait. Elle a ainsi parlé des « phénomènes de Dieu » et de « Dieu Tout-en-tout », et a utilisé des synonymes du mot Dieu tels qu'Entendement (l'intelligence divine), Âme, Esprit, Vérité, Vie. Mais tout naturellement, pour exprimer sa propre expérience de Dieu, Amour était le terme qui lui semblait en fin de compte le plus proche d'elle.
Ce qu'elle avait retiré de sa propre expérience, c'était que les maladies humaines, même les plus effrayantes, étaient guéries par un type de prière différent, une prière nous ouvrant entièrement à Dieu, à l'Amour même. Or, ce Dieu était ressenti d'une manière totalement nouvelle et extraordinaire grâce à Sa proximité et une totalité si absolue qu'elle modifie la perception de ce qui est réel et de ce qui n'est qu'impressions artificielles de l'esprit humain. Non seulement les perceptions en étaient bouleversées, mais cela avait aussi l'effet pratique et immédiat de changer la condition humaine – de guérir nos difficultés de la manière dont Jésus l'enseignait.
Dans l'un de ses ouvrages, Mary Baker Eddy a écrit: « Jésus, qui aima le monde au point de lui donner sa vie (dans la chair), vit que l'Amour avait un commandement nouveau, même pour lui. Quel était ce commandement ?
« Ce dut être une rare révélation de l'Amour infini, un ton nouveau dans la gamme ascendante, tel que l'éternité en retentit à jamais. Si je pouvais communiquer à l'élève le concept plus élevé que j'ai de l'Amour, ce concept illustrerait en partie la divine énergie qui apporte à la faiblesse humaine force et majesté. » (Écrits Divers 1883-1896, p. 292). Lorsqu'elle enseignait la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy a réussi à transmettre ce sens plus élevé de l'Amour à ses étudiants.
Ainsi, une femme invalide depuis quinze ans avait tant souffert qu'elle aspirait à la mort. Elle a été invitée par Mary Baker Eddy à suivre un cours de Science Chrétienne, où elle a pu se rendre au prix d'immenses doutes et difficultés physiques. Mais au cours de son étude spirituelle, elle s'est aperçue, dit-elle, qu'elle cherchait « Dieu au loin, comme s'Il était distant, inaccessible et difficile à trouver. » Elle expliqua: « C'est alors que dans la perplexité et l'obscurité une illumination m'enveloppa, et que je sentis, sus et compris la présence éternelle de Dieu. C'était comme une conversion, une remarquable expérience de "Dieu avec nous" en tout temps, en toutes circonstances. Mes yeux s'étaient ouverts à la vérité de l'Être. » Cette femme, guérie de maladies organiques chroniques que l'on pensait incurables, a consacré ensuite plus de quarante-sept ans à pratiquer et enseigner la Science Chrétienne. (Mary Baker Eddy, Une vie consacrée à la guérison, pp. 246-258).
Cette conscience d'un Amour infini et divin qui guérit n'était pas réservée à quelques studieux fidèles de la première heure, elle a au contraire changé la vie de milliers de gens ordinaires. Pour tous ceux qui souhaitent connaître aujourd'hui la guérison chrétienne en suivant l'exemple de Christ Jésus, ces leçons sont tout aussi pertinentes qu'autrefois et elles n'ont rien perdu de leur actualité. Pour cette femme, guérie après quinze ans d'invalidité, le problème essentiel n'était pas ce qu'elle parvenait à penser; en fait elle reconnaît dans le reste de son récit qu'elle avait l'impression de ne rien retenir de ce qu'elle lisait, même pas quelques lignes. Pourtant, « une illumination [l'] enveloppa » et ses yeux « s'ouvrirent à la vérité de l'Être ».
De cette expérience, nous pourrions retirer une leçon fondamentale: ce que nous supposons pouvoir penser compte bien moins que l'action (et les « phénomènes ») de l'Amour infini même sur notre pensée.
Une guérison par la prière que j'ai connue il y a plusieurs années m'a fait progresser dans cette direction. Une radiographie dentaire avait inquiété le dentiste que je consultais à cette époque. Il m'a dit avoir détecté un problème dans la région du sinus qui n'existait pas cinq ans auparavant (il me l'a également écrit quelques mois plus tard et m'a envoyé des doubles des radios en guise d'illustration). Je n'avais pas eu de symptômes ou de sensations particulières jusqu'à cette conversation, mais une semaine ne s'était pas écoulée que je souffrais de maux de tête, alors que je n'en avais quasiment jamais eus dans ma vie. Je ressentais aussi nettement quelque chose dans la zone indiquée par le dentiste, et cela s'est accentué au fil des mois.
De nombreuses guérisons passées m'ont aidé à repousser la crainte et à voir ce qui se passait de façon plus objective, illustrant on ne peut mieux que les maladies et les discordes sont des manifestations de la pensée. L'amplitude apparente de la difficulté à surmonter par la prière continuait cependant de peser sur moi. Mais au fond, j'attachais bien plus de prix au fait de céder pleinement au réalisme de la vie dans l'Esprit, Dieu, qu'à un examen du problème (quel que soit son objet), et ce n'est que lorsque j'en ai pris conscience que j'ai vu combien il était naturel de choisir la voie de la guérison par la prière. En l'espace de quelques semaines toutes les douleurs ont disparu. Elles ont été remplacées par une conviction plus forte que la seule réalité est spirituelle, sans parler du fait que j'ai retrouvé aussi mon bien-être.
Lorsque notre besoin et notre désir de guérison cèdent la place à une soif grandissante d'en savoir plus sur l'Amour qui guérit, nous progressons irrésistiblement. L'état d'esprit humain personnel de « quête laborieuse de la vérité » ou d' « utilisation » de la vérité spirituelle, fond peu à peu devant l'immense réalité de l'Amour. C'est un peu comme la crainte mêlée d'admiration que l'on ressent face à une merveille de la nature, un panorama ou une galaxie qu'on n'a encore jamais vu. Mais au lieu de nous donner le sentiment d'être petit et insignifiant, cette vue de la fantastique réalité, de la substance et de l'activité de l'Amour nous rassure plus que tout au monde. Nous voyons que nous ne sommes pas seuls et loin de l'aide de Dieu, et que nous ne l'avons jamais vraiment été. Le résultat en est la guérison pratique. Cette expérience du pouvoir guérisseur de l'Amour infini illustre pleinement, avec une force et une clarté nouvelles, la déclaration de l'apôtre Jean sur l'Amour: « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres; car l'amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (I Jean 4:7).
