Un matin tôt, alors que je regardais par la fenêtre de la cuisine vers le petit étang qui se trouve à l’arrière de notre jardin, j’ai vu ce que je pensais être un petit ourson noir. Stupéfaite par cette présence inhabituelle, j’ai continué à regarder et, à mesure que le soleil se levait, et que l’animal bougeait, je me suis aperçue qu’il ne s’agissait pas d’un ours mais d’un gros chat noir !
Combien de fois, un deuxième coup d’œil nous révèle quelque chose qui va modifier notre impression initiale !
J’ai eu récemment une guérison qui a mis ce point en lumière. Sans raison apparente, le contour d’un de mes yeux s’était mis à enfler, et quelques jours plus tard, cet œil a commencé à me faire mal et à couler. L’étude de la Science Chrétienne m’avait appris qu’un scénario physique comme celui-là se soigne en fait par un changement mental, effectué par la prière. C’est pourquoi j’ai demandé à Dieu de me diriger vers la pensée de guérison dont j’avais besoin. Et puis j’ai écouté. Dans le Sermon sur la Montagne, que j’avais alors étudié chaque jour, mon attention a été attirée par une instruction particulière. Jésus dit en ce qui concerne le fait de juger autrui: « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? » Puis il a donné l’ordre suivant: « Ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère. » (Matthieu 7:3, 5) C’est par l’examen de notre état mental, et non par un ensemble de prières prédéfinies s’appliquant à des maux particuliers, que commence la guérison par la Science chrétienne; pourtant de prime abord, la description évoquée par ces versets cadrait de façon évidente avec la sensation que j’éprouvais, car j’avais en effet l’impression d’avoir un corps étranger dans l’œil. Or, il m’apparaissait que l’admonestation de Jésus visait des critiques, et ne concernait pas un œil enflé, et j’ai donc décidé que ce n’était pas le message de guérison dont j’avais besoin. Je ne pensais pas en effet être coupable de voir quelque chose de fautif dans l’action de quiconque, ou de juger qui que ce soit. J’ai décidé que je devais avoir besoin d’autre chose afin de voir la guérison se produire, et j’ai donc continué à prier et à écouter.
L'état de mon œil ne changeait toujours pas. Je savais toutefois qu’il existait un remède divin. Un soir, je suis allée me coucher, sachant que Dieu répondrait à ma prière. Le lendemain matin, je me suis sentie particulièrement impatiente de relire le Sermon sur la montagne: j’avais l’intuition qu’une précieuse inspiration m’y attendait.
Lorsqu'une fois de plus j’ai lu le passage concernant la poutre et la paille, j’ai ressenti une profonde humilité, et, dans un élan de repentance, j’ai demandé à Dieu de me pardonner d’avoir écarté la réponse une première fois. À la lecture de ces passages, faite cette fois d’un cœur honnête, je voyais que, même si je ne nourrissais aucune animosité ni ne cultivais aucune critique envers quiconque en particulier, je pouvais prendre position pour rendre chaque jour mes pensées nettes comme l’exigent les enseignements du Maître. J’ai suivi ce raisonnement: si ses fidèles ne continuaient pas à avoir besoin de ces instructions, alors elles n’auraient pas une place permanente dans cet enseignement de valeur. J’ai résolu de prêter une attention particulière aux formes insidieuses que peut prendre la critique d’autrui, comme le manque d’égards, ou bien l’impatience, manifestés de façon pratiquement inconsciente et qui représentent une critique presque imperceptible et non verbale.
J’ai senti se développer en moi une profonde générosité, tandis que je mettais cette décision en pratique au cours de toute la journée et que j’écoutais les conversations tout en menant mes activités habituelles. À la fin de la journée, j’ai été surprise de la liste de « poutres » que j’avais reconnues et ôtées ! J’ai vu que dans « poutre » se trouvait l’idée d’entretenir par une vision matérielle une fausse conception de l’homme (femmes et enfants y compris), et que pour ôter la poutre en question, il fallait maintenir dans la pensée le concept véritable de chacun, c’est-à-dire spirituel, à l’image de Dieu.
Le lendemain matin, il n’y avait plus aucune trace du problème à l’oeil, et je ressentais une joie merveilleuse pour cette guérison et pour les leçons que j’avais apprises.
À première vue, il peut sembler évident dans nos échanges avec autrui que nous ne sommes que de simples mortels possédant un certain nombre de bonnes qualités et, par ailleurs, des traits négatifs. Nous pourrions prêter attention à la taille, au poids, à la couleur des cheveux, des yeux et de la peau, mais il s’agit là d’une fausse impression sur ce que nous sommes, dictée par les cinq sens physiques. Dans Science et Santé de Mary Baker Eddy, le début de la réponse à la question « Qu’est-ce que l’homme ? » commence par cette déclaration: « L’homme n’est pas matière; il n’est pas composé de cerveau, de sang, d’os et d’autres éléments matériels. » (p. 475) Avec un peu de pratique, nous pouvons regarder plus avant (regarder à deux fois en quelque sorte) pour percevoir les véritables qualités de l’autre, ces attributs spirituels qui nous définissent et qui viennent de Dieu seul. Attributs qui incluent la bonté, l’honnêteté, la pureté, la joie et l’amour, et constituent notre identité spirituelle.
Pour pratiquer cette façon de voir, il est important d’avoir de l’humilité. Voici l’une des nombreuses phrases écrites par Mary Baker Eddy à ce sujet: « L’humilité est le marchepied pour accéder à une plus haute perception de la Divinité », et: « La douceur de caractère rehausse les attributs immortels simplement en ôtant la poussière qui les voile. » (Écrits divers 1883-1896, p. 1) La conscience humaine a besoin qu’on lui rappelle constamment cette attitude chrétienne, c’est-à-dire la vision que Dieu offre, car elle éclaire la vérité existant dans notre conscience. Il s’agit de la qualité qui nous permet de bénéficier d’un point de vue spirituel, et c’est elle qui apporte également la guérison.
La conscience humaine, petit ego séparé de Dieu, pense qu’elle sait quelque chose, mais la vérité, c’est que seul l’Entendement divin qui connaît tout, sait vraiment. L’Entendement divin est le Créateur de tout, et Il sait tout ce qu’il y a à savoir sur la création. Son univers est spirituel et parfait, parfaitement maintenu. Dieu nous a donné cette conscience spirituelle et, si nous l’utilisons, nous laissons joyeusement derrière nous le point de vue mortel. En fait, nous devons l’abandonner entièrement afin de percevoir la réalité spirituelle. La vision plus nette que procure l’humilité facilite la compréhension complète de la perfection de l’homme qui est l’idée de Dieu.
Il me semble que Jésus n’a pas simplement enseigné ce point pour que nous soyons gentils les uns envers les autres, si légitime cela soit-il, mais plutôt pour montrer que notre impeccabilité est la vérité qui s'applique à nous. C’est pourquoi il est très important de tenir compte de l’enseignement de Jésus concernant la tendance humaine à juger. Nous devons prendre conscience que nous ne sommes pas des egos indépendants, séparés de l’Entendement divin, qui jugent les autres et nous-mêmes, et concluent peut-être que nous ne sommes pas à la hauteur car tous privés de divinité. Nous méritons tous de voir par la vision de Dieu. Ainsi que l’exprime l’apôtre Paul, « nous avons la pensée de Christ. » (I Cor. 2:16)
Finalement, le regard que nous portons sur les autres traduit notre concept de Dieu. Il est illogique de croire que nous aimons Dieu tandis que nous trouvons défectueuse Sa création bien-aimée, Son image même. Le résultat de notre amour pour Dieu, c’est l’amour pour autrui au quotidien. Je pense que le Maître met en relief le besoin de demeurer de façon cohérente dans la Vérité. Le résultat de cette honnêteté, c’est la guérison. Pourquoi ? Parce que nous voyons ce qui est; nous contemplons de nos propres yeux, de notre propre vue, l’essence de la divinité. Cette vision ne change rien à ce qui est déjà réel, mais permet d’aligner notre pensée sur ce qui est toujours réel. Par la pratique et la persistance, cette façon de voir devient notre premier regard... et le seul!
