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Article de couverture

Qu'y a-t-il dans un diagnostic ?

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de juin 2008


« Ce qui nous rend malades, c'est une épidémie de diagnostics. » Tel était le titre d'un article paru dans le New York TimesThe New York Times, 2 janvier 2007; voir aussi le Christian Science Sentinel, 5 février 2007. l'année dernière. Comment le public a-t-il réagi à une annonce aussi surprenante ? Peut-être avec indifférence. Après tout, la publication des effets nuisibles de médicaments prescrits au cours des dernières années n'a pas vraiment ruiné l'industrie pharmaceutique !

Les scientistes chrétiens qui ont lu l'article du Times – ne serait-ce que le gros titre – ont pu faire un parallèle avec une observation de Mary Baker Eddy, qui faisait souvent allusion aux forces mentales sousjacentes. Elle a compris, il y a bien longtemps, la nature du lien entre diagnostic et maladie. Elle écrit dans Science et Santé avec la Clef des Écritures: « Le diagnostic physique de la maladie – puisque l'entendement mortel est forcément la cause de la maladie – tend à produire la maladie. » (p. 370) Cette affirmation, bien sûr, renforce le lien entre diagnostic et maladie. Elle attire l'attention sur le fait qu'il existe une cause de la maladie qui est mentale plutôt que matérielle.

Pour Mary Baker Eddy, il ne fait aucun doute que diagnostic et maladie dépendent d'éléments mentaux. Nommer ou accepter une maladie correspond, selon elle, à un processus qui se déroule dans le domaine mental. La dénomination médicale d'une maladie est investie d'un pouvoir capable d'effrayer la pensée, qui se laisse alors impressionner et envahir par cette maladie.

Dans l'article du Times, des médecins mettent en garde contre « la médicalisation de la vie quotidienne ». Le parallèle entre l'importance accrue accordée à l'investigation médicale et le développement plus rapide de la maladie devient, pour certains lecteurs, de plus en plus évident. Les auteurs de l'article s'inquiètent notamment de « la médicalisation de l'enfance ». « Que faisons-nous à nos enfants ? » s'interrogent-ils. Ceux qui se préoccupent du bien-être des enfants pourraient bien se demander si, en repensant à l'époque actuelle dans quelques décennies, on ne risque pas de considérer cette « médicalisation de l'enfance » comme une maltraitance dont auraient été victimes les enfants nés au début du xxie siècle. L'article montre comment, peu à peu, la société « transforme les gens en patients ». Cette tendance contraste de façon frappante avec l'attitude des scientistes chrétiens qui s'efforcent sincèrement de se considérer, non pas comme des patients, mais comme faisant partie d'une Église de praticiens de la guérison. Cette attitude ne pourrait-elle constituer un nouveau modèle, un changement de point de vue positif pour ceux qui sont aux prises avec des pressions qui les poussent à diagnostiquer des maladies en eux-mêmes ? Imaginons ce que serait la société si tout le monde pratiquait la guérison !

Être différent

La Bible nous exhorte à « être absents du corps et présents avec le Seigneur » (II Corinthiens 5:8, d'après la version King James). Cela n'est pas toujours simple de s'épanouir spirituellement dans un environnement où une grande partie des médias nous martèle la conscience avec ce concept de médicalisation, en mettant sans cesse l'accent sur le corps et ses troubles potentiels. Dans une atmosphère aussi coercitive, les gens ne font pas toujours ce qui leur est spirituellement naturel. Il est bien plus facile de renoncer tout bonnement, de se laisser attirer par une conception plus médicale ou matérielle de soi, de son corps et même de son existence.

Les jeunes se laissent vite persuader d'adhérer à l'esprit de la bande. En tant qu'adultes, nous pensons être plus subtils, mais en fait nous ne le sommes pas. Nous avons tendance à penser et à agir comme les autres, tout en croyant obéir à nos propres pensées. Si les autres ont une conception de l'existence purement matérielle, nous les imitons, à moins de défendre activement notre droit de penser de façon indépendante et spirituelle. Par exemple, si les scientistes chrétiens peuvent avoir le désir sincère et réfléchi de résoudre les problèmes par la prière, ils ne sont pas pour autant immunisés contre la pesanteur de pensée qui pousse la société à adopter cette mentalité favorable à la médicalisation. Tantôt, ils parviennent à rester dans la voie spirituelle, tantôt non.

On aimerait leur demander: « Pourquoi vouloir même résister ? Pourquoi ne pas faire comme tout le monde ? » Contrairement à l'opinion générale selon laquelle, bizarrement, les médecins leur seraient antipathiques, les scientistes chrétiens apprécient sans doute davantage les bons efforts des médecins que nombre de ceux qui font régulièrement appel à la profession médicale ! Mais il demeure vrai qu'ils préfèrent recourir à la prière qu'aux remèdes médicaux. Cette démarche est tout à fait logique. Ils ont eu dans leur vie suffisamment de preuves que la prière scientifique (pratiquée à l'époque de l'Ancien comme du Nouveau Testament) est en général plus sûre que la médecine moderne.

Mais leur conviction ne s'arrête pas là. Ils pensent sincèrement que la guérison par la prière, c'est-à-dire par une transformation et une régénération divines, les rend également meilleurs sur le plan moral et spirituel. Cela fait d'eux de meilleurs voisins, de meilleurs travailleurs, de meilleurs parents. Ils deviennent plus actifs dans une société qui a grand besoin de stabilité morale et éthique. C'est ce qui explique en partie pourquoi les scientistes chrétiens résistent aux influences visant avec insistance à ce que tout le monde soit inclus dans le système médical, système qui prétend être seul capable de mettre un nom sur ce qui nous fait souffrir.

Une nouvelle conception de la réalité

Une raison plus importante explique la résistance des scientistes chrétiens à la médicalisation. Une raison bien plus profonde qui nous amène au cœur même de la théologie de la Science Chrétienne. En fin de compte, cela touche à ce que, au fond d'eux-mêmes, les scientistes chrétiens pensent véritablement être. Ces hommes et ces femmes qui, aujourd'hui, forment une communauté internationale, pensent réellement que chaque individu est spirituel. L'être est entièremen t spirituel maintenant même. Il n'est pas un mélange de spiritualité et de matérialité; il est purement spirituel; non pas en bout de course, dans l'au-delà, mais ici, dès maintenant.

Face à tout ce qui prouve le contraire, les scientistes chrétiens ne sont pas naïfs. Comme tout un chacun, ils reconnaissent que le monde qui les entoure semble être fait de matière très solide. Pourtant, ces hommes et ces femmes réfléchis, équilibrés, parfaitement intégrés dans la société, ont la preuve dans leur vie quotidienne du bienfondé de cette théologie. Ils ont la ferme assurance que la Bible, et particulièrement le ministère de Christ Jésus, nous exhorte à nous éveiller au fait divin que chacun est l'enfant spirituel de Dieu, complet, innocent et bon. Ils pensent qu'on peut le démontrer, pas à pas, par la guérison spirituelle.

Que peut avoir de commun ce genre de théologie avec le reste de la société qui évolue rapidement vers une multiplication des diagnostics ayant pour résultat une multiplication des maladies ? Bien plus qu'on ne le croit en général. Les scientistes chrétiens ne contestent pas les mobiles de ceux qui, au sein de la profession médicale, veulent sincèrement soulager la souffrance.

Mais cette vague de diagnostics qui médicalise la société a valeur de symbole. Le personnage biblique d'Adam en est une excellente illustration. La première description que la Bible donne de la création de Dieu est spirituelle. Dieu fit l'homme – tout individu – à Son image et à Sa ressemblance. Il nous a déclarés bons et parfaits. Puis vient le récit d'un genre d'homme nommé « Adam ». À présent l'homme est fait de matière, il est vulnérable et sujet à la maladie. Ce genre d'homme différent renomme la création, la déclarant matérielle et discordante. Le diagnostic médical symbolise l'approche d'Adam pour décrire qui nous sommes. Il nous désigne comme étant vulnérables et non pas parfaits – façon bien peu subtile d'affirmer que l'homme est matériel et non pas spirituel, et que la matière existe avec toute sa vulnérabilité.

Cela revient à nier en quelque sorte que l'Esprit, ou Dieu, soit infini, omnipotent et omniprésent, et à saper l'enseignement théologique selon lequel tout individu est l'enfant ou expression de Dieu, l'Esprit parfait. Cela s'oppose diamétralement aux propos de Mary Baker Eddy qui affirme que « l'Esprit nomme et bénit tout » (Science et Santé, p. 507). Dans le monde médical actuel, le diagnostic n'affirme pas seulement de plus en plus que les enfants de Dieu sont malades, il déclare surtout qu'ils sont matériels et par conséquent fondamentalement vulnérables à la maladie. Le diagnostic est trop souvent ressenti comme une malédiction et non une bénédiction.

Des théologies incompatibles

À l'échelle mondiale, la communauté des scientistes chrétiens est de taille modeste. Il semblerait, au contraire, que le monde médical, avec son pouvoir accru de déclarer les gens malades, soit très puissant. Il faut du courage pour adhérer à une théologie qui définit l'homme d'une façon radicalement différente de tout ce que suppose le monde des diagnostics médicaux, et pour pratiquer une telle théologie.

Comment les scientistes chrétiens réagissent-ils face aux pressions de la société ? Certains penseront que leur engagement est d'autant plus remarquable. D'autres estimeront que la question n'est pas tranchée. Ceux qui veulent méditer l'article du Times se demanderont peut-être si ce signal d'alarme renvoie à ces implications plus profondes. Cette insistance à établir des diagnostics n'est-elle pas une sorte de théologie en soi, qui définit chacun le plus intimement possible en tant qu'organisme matériel, mettant ainsi en question le récit biblique selon lequel la création entière de Dieu est spirituelle et bonne ?

Si complexe que semble être ce point de vue, qu'il soit du moins un appel à s'intéresser plus sérieusement à une théologie (forte de plus d'un siècle de guérisons authentifiées, obtenues par la prière) qui, depuis longtemps déjà, suscite des questions concernant les aspects négatifs du diagnostic médical de la maladie.

La sonnette d'alarme du Times constitue une excellente occasion de se demander si cette insistance à vouloir établir des diagnostics n'augmente pas en réalité la sensibilité à la maladie. Mais une question encore plus importante se pose: n'observe-t-on pas un conflit entre deux théologies, une bataille dont l'enjeu serait de savoir laquelle d'une conception fondée sur la matière ou d'une conception fondée sur l'Esprit peut légitimement nous nommer, nous définir et décrire les conditions de notre bien-être. Vous êtes-vous jamais demandé si vous aviez contracté telle maladie ou tel état défini par la médecine ?

L'influence de la publicité agressive, voire de conversations entre amis, risque de nous pousser à établir des diagnostics, ne serait-ce que des autodiagnostics. La crainte et le doute peuvent accompagner le nom d'une maladie. Et que se passe-t-il si on se laisse impressionner par ce nom, surtout si c'est un médecin qui l'a prononcé ? Rien de ce qui est basé sur un point de vue matériel n'est définitif.

Qu'y a-t-il dans un diagnostic ?

Qu'y a-t-il dans un nom ? On pourrait répondre par la promesse biblique que Dieu nous donnera « un caillou blanc [une lumière permanente]; et sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit » (Apocalypse 2:17). Pensons-y ! Il s'agit là d'une ordonnance spirituelle, d'un acquittement faisant suite à une fausse accusation. C'est l'assurance écrite que notre bien-être ne peut être envahi. Dieu nous donne un nom auquel ne s'attache aucune maladie, et Il a le pouvoir d'annuler un nom emprunté à Adam. Il nous bénit en nous déclarant libres et parfaits.

Cet article renferme peut-être une leçon utile à méditer pour les scientistes chrétiens eux-mêmes. En effet, il est très encourageant de voir que certains reconnaissent un danger dans une activité humaine de plus en plus importante, qui considère les gens comme étant malades et composés de matière fragile.

Nul doute que les auteurs de l'article et la plupart des lecteurs approuvent une grande partie des pratiques médicales – sinon toutes – impliquant le diagnostic d'une maladie, de même qu'ils approuvent l'usage des médicaments malgré l'inconvénient de leurs effets secondaires. Un diagnostic est essentiel pour déterminer la façon de traiter médicalement la maladie.

Mais le vrai problème ne concerne pas le corps médical qui prononce ce qui peut ressembler à une malédiction. C'est une mentalité générale qui est imposée à tous, une mentalité qui accepte volontairement ou non la vision d'Adam pour définir qui nous sommes et ce que nous sommes. C'est là une erreur théologique.

Alors qu'y a-t-il dans un nom ?

Dans leur réflexion, les scientistes chrétiens voient bien au-delà d'une activité médicale particulière. Ils pensent à leur relation à Dieu, au nom et à la nature qu'll leur a donnés. Cela n'a rien à voir avec cette relation ultime à laquelle se réfèrent les personnes qui espèrent être désignées par Dieu pour aller au ciel, car pour eux il s'agit de la vérité présente. Dès maintenant, ils considèrent que l'existence est entièrement spirituelle, tout en étant conscients des pressions du monde qui constituent, non un soutien, mais une opposition à la liberté de vivre davantage en accord avec la définition de l'existence selon Dieu.

Ils reconnaissent que la médicalisation de la société risque d'étouffer une théologie qui nie la matière. C'est pourquoi la prolifération des diagnostics médicaux signifie davantage pour les scientistes chrétiens que le fait de savoir si ce phénomène favorise ou même déclenche plus de maladies dans la société. L'enjeu principal pour eux consiste avant tout à se libérer d'une influence mentale grandissante qui risque de restreindre leur capacité de vivre leur théologie, d'être davantage conscients de la réalité spirituelle. Qu'y a-t-il dans un nom ? L'autorité que Dieu, le bien, y a mise. Revendiquons ce nom !

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