Au cours de ma dernière année universitaire, une brève conversation, avec mon directeur d'études m'a profondément marqué. J'en ai tiré un grand profit ! J'avais présenté un mémoire qui était très médiocre et dépourvu d'inspiration. Mon directeur d'études, un homme affable, mais qui ne manquait pas de discernement, m'a dit sans ambages qu'un travail de ce genre ne me permettrait pas d'avoir mon diplôme. J'ai été réceptif à sa critique bienveillante, et ces quelques mots ont changé toute mon attitude. Dès lors, je me suis absorbé dans les études et j'ai fini par obtenir toutes les qualifications requises pour devenir enseignant.
À la différence de l'effet salutaire qu'ont eu sur moi les paroles de mon professeur, certains propos auxquels nous sommes également sensibles risquent d'avoir une influence nuisible dans notre vie. Je pense par exemple à la personne qui fait face à un diagnostic médical alarmant ou au téléspectateur qui, après avoir eu droit à la description détaillée d'une maladie, commence à en manifester les symptômes.
Quelles que soient les impressions qui nous traversent, elles viennent d'abord à la pensée. Elles peuvent engendrer la joie et la tranquillité d'esprit, comme le stress, la peur ou même la haine. Ces émotions se font alors sentir physiquement en nous, pour le meilleur ou pour le pire. Mary Baker Eddy connaissait fort bien l'influence des pensées sur le corps, d'où le conseil qu'elle donne dans Science et Santé: « Gardez la porte de la pensée. N'admettez que les conclusions dont vous voudriez voir les effets se réaliser sur le corps, et vous vous gouvernerez harmonieusement. » (p. 392) La Science Chrétienne enseigne que la maladie prend naissance dans nos pensées conscientes ou inconscientes. Par conséquent, lorsqu'une personne prend pour argent comptant les impressions des sens physiques, puis les ressent physiquement, le remède consiste pour elle à spiritualiser sa pensée.
Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy fait allusion à une commission nommée par le gouvernement français, en 1784, pour étudier la théorie de Mesmer concernant les effets du « magnétisme animal » sur le corps. Le rapport concluait que les violents effets attribués à la théorie de Mesmer étaient « dus à des manipulations ou à l'excitation de l'imagination et aux impressions produites sur les sens... » (p. 101) En d'autres termes, les impressions étant par nature mentales, elles peuvent conditionner l'esprit humain sans qu'il le veuille. Par conséquent, pour rester en bonne santé, il est essentiel de ne laisser entrer dans ses pensées que les impressions salutaires.
Mary Baker Eddy écrit: « Quand on aura appris que le sens spirituel, et non le sens matériel, transmet les impressions de l'Entendement à l'homme, alors l'être sera compris et l'on verra qu'il est harmonieux. » (Science et Santé, p. 214) Il faut donc remplacer les impressions des sens matériels par les faits du sens spirituel qui révèlent la création telle que Dieu l'a faite, c'est-à-dire pure et parfaite. Faisant allusion à cette transformation mentale, l'apôtre Paul déclare: « Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s'élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l'obéissance de Christ. » (II Corinthiens 10:5)
Pour combattre le mal ou la maladie d'une manière chrétiennement scientifique, on doit d'abord ouvrir son cœur à la puissance et à la tendresse irrésistibles de l'Amour omniprésent. Céder à cette présence aimante, c'est marcher sur les traces de Jésus, faire taire la volonté humaine et manifester peu à peu l'entendement du Christ. Cette transformation et cette spiritualisation de la pensée permettent de maîtriser les impressions erronées qui risquent de miner la santé.
Un jour, un homme m'a appelé pour me demander de l'aide. Il avait un torticolis qui le faisait souffrir. Nous avons prié ensemble pendant plusieurs jours, et un soir, il m'a appelé dans une grande détresse. J'avais prié ce jour-là pour voir plus clairement que seul le sens spirituel communique « les impressions de l'Entendement à l'homme ». Durant la soirée, j'ai appliqué cette vérité en reconnaissant que la fausse impression n'existait que dans la propre imagination de cette personne. C'était le magnétisme animal qui le dupait.
J'ai été absolument convaincu du caractère erroné de cette mauvaise influence sur sa pensée, influence qui, j'en ai eu la certitude, ne pouvait jamais avoir la moindre réalité. Je me suis senti littéralement gagné par le sens spirituel (ou impression) de l'être spirituel parfait de l'homme, qui n'est jamais touché par la douleur ni le sens physique. J'ai ressenti la présence harmonieuse de l'Entendement divin gouvernant sa création, création en laquelle il n'y a de place pour aucune impression erronée. Le lendemain matin, cet homme m'a rappelé pour me dire que le problème avait disparu pendant la nuit.
J'étais très reconnaissant d'avoir pu comprendre que mon patient ne pouvait pas être privé d'activité physique par la fausse impression qu'il souffrait d'un torticolis. Mary Baker Eddy écrit que la douleur et toute maladie sont « de sombres images de la pensée mortelle, qui s'enfuient devant la lumière de la Vérité » (Science et Santé, p. 418).
Cette lumière de la Vérité imprègne l'esprit humain des véritables impressions spirituelles que sont la bonté, la santé et la paix. Cette lumière ou impression spirituelle nous remet à l'esprit les faits fondamentaux de la Science Chrétienne: une seule création spirituelle, un seul Créateur, un seul ciel et une seule terre. Une création à la fois physique et spirituelle ne peut jamais être vraie. Là même où le tableau matériel discordant prétend être réel, régnent l'harmonie et la paix. « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Cette promesse, tirée de la Prière du Seigneur, est accomplie; elle se reflète dans l'interprétation spirituelle qu'en donne Science et Santé: « Donne-nous de savoir que — de même qu'au ciel, ainsi sur la terre — Dieu est omnipotent, suprême. » (p. 17)
Comme l'affirma Jésus, cette lumière se trouve en chacun de nous (voir Luc 17:21). Cet état harmonieux est éternel, et pour en ressentir les bienfaits, il faut juste se tourner sans réserve vers Dieu, l'unique source véritable de la bonté et de la santé.
