Je vous invite à une promenade. L'heure est matinale, nous marchons sur une plage de galets, le long d'un grand lac intérieur. Le lac est si vaste qu'il est comme une mer dans cette contrée aride. À présent, imaginez un peu plus loin deux pêcheurs en train de s'activer dans leur barque. Nous les reconnaissons: ce sont des frères connus dans leur village pour être des pêcheurs expérimentés. La pêche est bonne ces temps-ci, et leur activité est florissante.
La journée a dû commencer comme toutes les autres. Ils se lèvent avec le soleil pour prendre la direction de la mer. Ils préparent le matériel de pêche, vérifient l'état des filets. Mais aujourd'hui ne sera pas un jour comme les autres.
Un jeune prêcheur du nom de Jésus est revenu en Galilée, il y a peu. Il tient un discours merveilleux, rempli d'espoir et de joie. Depuis le jour de sa naissance, à Bethléhem, c'est comme si les étoiles mêmes chantaient cette joie et cet espoir merveilleux promis avec l'avènement de l'enfant Christ. Et aujourd'hui, parmi ceux qui ont entendu de leurs oreilles cet homme prêcher, il s'en trouve pour dire que son message est « l'Évangile de Dieu » (Marc 1:14). Ce prêcheur marche à présent sur le rivage, dans notre direction. D'où nous sommes, nous voyons toute la scène. Simon et André, les deux frères, se sont éloignés du rivage, il y a tout juste quelques minutes, et ils jettent leur « filet dans la mer ». Le prêcheur s'arrête à quelques mètres de leur barque.
Simon et André sont en plein travail, absorbés par leur tâche. Mais voici qu'il les appelle, et tous deux tournent la tête dans sa direction. La voix est impérative, impossible de l'ignorer. Derrière les paroles, on sent la puissance du royaume de Dieu. Quand Jésus parle, ses propos dépassent le simple langage humain. Les deux frères ont certainement le sentiment que le chemin qui mène à Dieu s'ouvre soudain devant eux. « Jésus leur dit: Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes.» (Marc 1:17)
Ce bref conseil produit sur les deux frères un effet stupéfiant. Les voici qui font une chose qui pourrait sembler curieuse, voire complètement insensée. Leur existence entière dépend de ce travail: jeter les filets dans la mer pour prendre du poisson. Or les paroles de Jésus ont touché leur cœur et vont orienter leur vie dans une tout autre voie. C'est l'appel du Christ: devenir pêcheurs d'hommes. « Aussitôt, relate la Bible, ils laissèrent leurs filets, et le suivirent. » (Marc 1:18)
Pour moi, les instructions qu'impliquent les paroles de Jésus sont parmi les plus importantes que le Sauveur ait communiquées aux disciples de son époque et de la nôtre. Ce que Jésus conseillait aux deux frères, il nous le conseille encore aujourd'hui: que nous nous considérions comme des praticiens de guérison, et non comme de simples mortels limités et fragiles ayant besoin de guérison. Jésus nous montrait notre perfection et notre force spirituelles, ainsi que notre capacité innée à suivre son exemple. Mais avant tout, il nous a toujours amenés à une meilleure compréhension de Dieu. Pour accomplir des guérisons, il est évident qu'il nous faut comprendre qui nous sommes nous-mêmes en tant que pure ressemblance spirituelle de Dieu. Dans la mesure où nous triomphons de la fausse croyance que nous sommes des organismes matériels limités, séparés de Dieu et de Sa bonté infinie, cette vérité dynamique nous apparaît également chez les autres. Sur cette base spirituelle, nous pouvons alors patiemment et humblement accomplir la mission que Jésus a confiée à chacun de nous comme une bénédiction: « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera des plus grandes, parce que je m'en vais au Père. » (Jean 14:12)
Selon les paroles prophétiques d'Ésaïe, le Sauveur était non seulement « Admirable » et « Prince de la paix », mais aussi « Conseiller » du genre humain, pour tous les temps.
Mais ses conseils étaient d'inspiration spirituelle. L'idée que le monde se fait habituellement d'un « conseiller » se réduit trop souvent à la supposition que les gens ont besoin d'être « remis en état » par des conseils purement humains ou le recours à la parole, et qu'ils sont d'une façon ou d'une autre incomplets. C'est là une façon d'affirmer qu'ils sont par nature tout à fait incapables de mener une existence épanouie et digne d'être vécue, et d'autant moins capables d'accomplir les œuvres de grâce recommandées par Jésus. Pourtant notre Maître était conscient de la domination que Dieu a donnée à chacun de nous. Cette vérité est à la base même de tous ses conseils. Il a également déclaré à ceux qui le suivraient: « Si vous demeurez dans ma parole [mon conseil], vous êtes vraiment mes disciples; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.» (Jean 8:31-32)
Aujourd'hui encore, ne recevonsnous pas le conseil d'être les disciples de Jésus ? de laisser nos propres filets et de le suivre ? de refléter Dieu, d'exprimer l'Amour divin, et de savoir que ce reflet magnifique définit également chacun de nos frères et sœurs ? Jésus démontra mieux que personne la vraie nature de Dieu, ce qui établit son autorité comme Conseiller du genre humain pour tous les temps. Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy observe que Jésus s'attendait à ce que ses disciples prouvent leur foi: « Il travaillait pour leur servir d'exemple, afin qu'ils pussent démontrer comme lui ce pouvoir et en comprendre le Principe divin.» (p. 25)
Le point important ici, c'est que nous parvenions à démontrer, comme lui, ce Principe divin. À l'évidence, c'est là le sens du conseil stupéfiant que Jésus donna à ses disciples lorsqu'il les envoya propager la bonne nouvelle: « Allez, prêchez, et dites: Le royaume des cieux est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » (Matthieu 10:7, 8)
Certains ont pu voir là une mission présomptueuse et irréaliste. Mais la méthode de guérison de Jésus était entièrement fondée sur sa compréhension de la réalité spirituelle et de sa relation à Dieu. Cette compréhension était si pure et si naturelle que chaque fois qu'un élément discordant se présentait à sa pensée, il était spontanément rejeté. Jésus pouvait être dans le monde sans être du monde. Il voyait ce que vous et moi voyons dans la routine quotidienne de l'existence humaine, mais dans le même temps, il discernait quelque chose de bien plus profond, substantiel et grandiose. C'est là le conseil qu'il donne à chacun de nous, conseil réitéré tant de fois dans la Bible: face aux sens mortels qui clament l'imperfection de toutes choses, nous pouvons discerner la perfection divine. En acceptant totalement le fait que Dieu est le bien et la seule cause, Jésus nous conseille de comprendre que la création divine — qui inclut chacun de nous — est entièrement bonne. C'est grâce à cette acceptation sans réserve, ajoutée à sa compréhension spirituelle et à sa pureté, que ce qui semblait apparemment impossible devenait divinement naturel, et il guérissait les malades et les pécheurs. Dans le même temps, les guérisons de Jésus recèlent également cet ultime conseil: faites ce qu'il a fait.
À travers ses conseils inspirés et son exemple même, qui nous montrent le chemin du salut — qui nous apprennent à faire notre travail de « pêcheurs d'hommes », sans le faire à notre place —, Jésus continue, aujourd'hui encore, d'être le Conseiller et Sauveur du genre humain. Le ministère de la guérison chrétienne, qu'il a inauguré pour nous tous, demeure une partie essentielle de la promesse merveilleuse contenue dans ce message spirituel de la Bible: « Un enfant nous est né. » (Ésaïe 9:5) En demeurant fidèles aux paroles de Jésus, à ses conseils, comme le furent les premiers disciples, nous pouvons, nous aussi, découvrir notre véritable et éternelle relation à Dieu. Nous sommes nés de nouveau.
