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Article de couverture

L'Union africaine poursuit une révolution tranquille

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de juin 2005


Le dossier de ce mois-ci est constitué de différents articles qui offrent des données actuelles d'espoir et des réalisations tangibles obtenues par des moyens spirituels sur le grand continent qu'est l'Afrique. C'est pourquoi à la place de notre rubrique «la voix des médias», nous proposons à nos lecteurs cette traduction in extenso d'un article du Christian Science Monitor paru anglais en février dernier.

La rédaction

Addis-Abeba, Éthiopie.

Alors que l'actualité internationale est en grande partie consacrée au terrorisme, à la guerre en Irak et aux conséquences du tsunami, de bonnes nouvelles passent inaperçues. Contre toute attente, elles proviennent d'Afrique.

Depuis quelques années, une révolution poursuit tranquillement son chemin en Afrique. Pour la première fois, les Africains acceptent leur part de responsabilité dans les nombreux conflits qui troublent le continent. Avec une aide internationale appropriée, leurs efforts pourraient bien faire pencher la balance en faveur de la paix.

Lors de ma visite au siège de l'Union africaine (UA), ici, dans la capitale éthiopienne, j'ai été frappée par un changement radical de point de vue, depuis la création de l'Union à Durban, en Afrique du Sud, en juillet 2002. Lors de ma précédente visite, il y a dix ans, au siège de l'Organisation de l'unité africaine, remplacée aujourd'hui par l'UA, la mentalité des années 60 prévalait encore. A l'époque, en effet, les Africains rendaient les pays étrangers responsables de leurs problèmes et cherchaient des solutions ailleurs qu'au sein de leurs propres communautés. Le continent a entendu les propos du président sud-africain, Thabo Mbeki, qui en appelle à une «renaissance» africaine permettant notamment d'apporter des solutions africaines aux problèmes africains.

Les dirigeants africains reconnaissent à présent que l'époque de non-intervention dans les conflits intérieurs est révolue, que la multiplicité de ces conflits à travers le continent pèse lourd sur toute la région et que le monde ne résoudra pas leurs problèmes à leur place.

L'évolution la plus importante est peut-être la création en mai dernier, sur le modèle du Conseil de sécurité des Nations unies, du Conseil de paix et de sécurité, composé de 15 membres, et destiné à traiter les conflits régionaux. L'idée est de créer un système d'alerte rapide, une sorte de «groupe des sages» pour régler les problèmes, et une force d'intervention africaine prête à se déployer dans un délai maximum de 10 jours, en cas de crise. Malgré les promesses des Occidentaux – «plus jamais ça» – faisant suite à l'échec de leur intervention lors du génocide perpétré au Rwanda, il y a dix ans, l'Afrique se rend compte aujourd'hui qu'il s'agit là d'un vœu pieux, et que seuls les Africains seront prêts à envoyer des troupes pour faire cesser l'effusion de sang sur leur continent.

Le conflit dans la région du Darfour, au Soudan, souligne à quel point l'Occident est peu disposé à agir. L'accord de paix intervenu entre le nord et le sud et l'appel lancé par les Nations unies pour que soient jugés les responsables de violations des droits de l'homme pèseront sans aucun doute en faveur de la paix au Darfour. Cependant, cela fait près de deux ans que le gouvernement soudanais a entamé une campagne d'épuration ethnique sans que la communauté internationale ait pris la moindre sanction contre Khartoum ni envoyé de troupes pour empêcher ces massacres. Elle s'est contentée de demander à l'UA d'envoyer des observateurs et des forces de police comprenant en tout 3 320 hommes pour dissuader le gouvernement de poursuivre ses exactions – dans une région aussi grande que la France ! Mais ces forces n'existent pas. Les Africains s'évertuent à les créer en partant de zéro. Comme me le confiait un responsable de l'UA récemment, l'organisation est semblable à une maison en construction qui n'a pas encore de toit: «Les gens veulent qu'on les protège de la pluie alors que nous ne sommes pas encore prêts.»

En dépit des obstacles majeurs qui restent à surmonter, les progrès sont impressionnants. Cruellement démunie face à la situation critique au Darfour, l'organisation est passée à la vitesse supérieure. Aujourd'hui, l'UA maintient sur le terrain, au Darfour, 1 400 représentants. L'effectif devrait être au complet d'ici la fin du mois. Elle est également en train de constituer une force d'intervention composée de cinq brigades de 3 000 à 5 000 hommes, établie dans chacune des cinq régions d'Afrique. Cette force devrait être opérationnelle d'ici 2010. L'Afrique occidentale et l'Afrique australe ont déjà fait le nécessaire, mais les autres régions sont encore loin derrière.

L'UA ressemble beaucoup à ce qu'était l'ONU en 1945: elle a de grands idéaux... mais pas de structure opérationnelle pour les réaliser. Soixante ans plus tard, l'ONU s'efforce toujours de maintenir la paix dans le monde. Face aux crises africaines actuelles, l'UA ne peut s'offrir le luxe d'attendre plusieurs décennies pour intervenir. C'est maintenant qu'elle doit agir. Outre le puissant leadership du président de l'UA, l'ancien président du Mali Alpha Oumar Konaré, le succès de l'organisation dépend de l'aide de l'Union européenne (UE), des États-Unis et d'autres partenaires. Les connaissances, les ressources et le soutien financier qu'ils apportent ne sont pas suffisants. L'institution peut tirer de précieuses leçons des erreurs commises par la communauté internationale dans les années 90, et reconnaître quand il est trop tard pour préserver la paix. En pareil cas, une force africaine d'intervention pourrait se déployer le temps nécessaire au rétablissement de la paix, avant que l'ONU prenne la relève.

L'UA a encore bien des problèmes à résoudre, y compris celui de trouver les ressources et la volonté politique nécessaires à la création de cette force d'intervention. Quelle sera la place de cette nouvelle instance par rapport aux multiples organisations régionales du continent, à l'UE et à l'ONU ? Seul le temps le dira. L'UA reconnaît son besoin d'être aidée et se montre réceptive aux conseils et désireuse de progresser.

Les vestiges de l'ancienne bureaucratie n'ont pas tout à fait disparu et des réaménagements s'imposent. Le besoin d'une véritable direction se fait cruellement sentir. «Pour acheter un livre, il faut passer par un commissaire !» me faisait remarquer un haut responsable. Il est également nécessaire de consacrer du personnel et des ressources financières à l'établissement d'une liste des priorités, en plaçant peut-être le Conseil de paix et de sécurité en numéro un et en développant les autres structures de l'UA à un stade ultérieur.

Avec le soutien approprié de la communauté internationale – qui ne doit pas renoncer à ses responsabilités dans ce domaine – et d'un leadership africain avisé, l'UA pourra contribuer efficacement à la prévention et à la gestion des conflits en Afrique.

Cet article, paru le 7 février 2005, est reproduit avec l'autorisation du Christian Science Monitor (www.csmonitor.com).

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