Patricia Hyatt et son mari aiment l'eau. Ils habitent au bord d'un lac et passent le plus de temps possible sur la côte, en Caroline du Sud. On les voit parfois faire du bateau sur un lac ou une rivière, bien souvent accompagnés d'autres membres de la famille.
Mme Hyatt a un goût inné pour l'aventure. Il y a vingt-sept ans, après une carrière dans l'enseignement public, elle s'est lancée dans ce qu'elle considère comme sa plus grande aventure et sa vraie vocation: elle est devenue praticienne de la Christian Science puis, cinq ans plus tard, professeur de la Christian Science. A ses yeux, la véritable aventure consiste à accomplir des guérisons et à faire connaître les idées de Science et Santé, qui ont mis tant de joie et d'enthousiasme dans sa propre existence. Cette aventure est sans limites. Enfant, Mme Hyatt ressentait déjà un profond amour pour la Christian Science.
Elle a grandi dans une petite ville de Caroline du Nord qui ne comptait d'autres scientistes chrétiens que les membres de sa famille. Elle m'explique que, lorsqu'elle est devenue adulte et mère de famille à son tour, son intérêt pour la spiritualité s'est «décuplé». Les gens ont commencé à l'appeler pour lui demander de prier avec eux pour la guérison de leurs maux. Peu de temps après, elle a loué un bureau et s'est officiellement installée comme praticienne de la Christian Science.
Parallèlement à une pratique très active, Mme Hyatt a donné des conférences et dirigé des ateliers sur la Christian Science en Europe et aux États-Unis. Pendant trois ans, elle a été Seconde Lectrice de L'Église Mère, à Boston. Aujourd'hui, Mme Hyatt habite à nouveau en Caroline du Sud, où elle continue de pratiquer la guérison et d'enseigner. Elle collabore également aux différents périodiques de la Christian Science.
S'il y a une chose qui est commune à tous les hommes, quelles que soient leur culture, leur religion, leur appartenance ethnique ou leur éducation, ce sont les liens qu'ils tissent entre eux. La nécessité de tels liens, ou même le simple fait qu'ils existent, est un ciment entre les êtres humains. Mais que ce soit de simples échanges entre collègues de travail ou les liens durables et profonds de l'amitié et du mariage, ces relations peuvent s'accompagner de bien des épreuves. Quels conseils spirituels pourriez-vous donner pour naviguer sur les eaux parfois agitées des relations humaines ?
Le plus important est de comprendre que chacun est complet. En tant qu'enfant de Dieu, chaque individu reflète l'ensemble des qualités, des talents et des facultés de Dieu. On pourrait en déduire que nous sommes tous identiques, mais il n'en est rien. Chacun de nous exprime l'infinité divine de façon individuelle.
Les conflits proviennent d'une conception limitée, partielle, de Dieu et de Son expression. Quand j'étais enfant, je lisais des magazines qui comportaient une illustration sur une page et la même image en regard, mais avec des blancs. En se référant à l'illustration originale, il fallait colorier les vides pour retrouver le dessin complet. On attribue parfois tel défaut à telle personne, en voyant en elle un trait de caractère à changer. En réalité, l'enfant de Dieu est complet, il n'est composé d'aucun élément négatif. C'est pourquoi, au lieu de retenir les propos ou les actes condamnables d'une personne, je m'efforce de comprendre qu'il s'agit là de l'image avec des blancs. Cette image correspond à une vue incomplète de la personne, puisque Dieu n'a pas créé à travers elle une expression partielle de Lui-même. Lorsque des gens semblent insensibles ou haineux, je m'efforce de comprendre que cette apparence n'est qu'un blanc à la place duquel je ne discerne pas encore le fait contraire, la réalité spirituelle. Loin d'être ce qu'ils paraissent, ils sont en réalité attentionnés et pleins d'amour. En les considérant moi-même de cette façon, je remplis les blancs. Je les vois intacts et complets, tels que Dieu les a créés.
Bien souvent, cela change la situation: les gens sont réceptifs à cette meilleure image, à cette vue correcte que l'on a d'eux.
Très juste. En fait, leur réceptivité est naturelle, car cette vue correcte est la seule chose qui ait jamais été vraie à leur sujet. On n'essaie pas de changer la personne. On ne fait que se relier à la réalité spirituelle qui définit cette personne. C'est d'une grande efficacité.
A partir du moment où l'on change sa façon de voir, même si la personne n'est pas réceptive, on cesse de ressentir de l'hostilité.
J'ai constaté que les problèmes relationnels peuvent se résoudre de trois façons différentes. Dans certains cas, c'est merveilleux: le simple fait de voir une personne à travers le prisme de la vérité spirituelle entraîne la disparition complète du problème. D'autres fois, bien que le résultat ne soit pas aussi net, la situation évolue néanmoins. Il se peut, par exemple, que la personne quitte la société dans laquelle vous travaillez. A moins qu'elle soit nommée à un poste qui n'exige plus une coopération entre vous. Mais, quel que soit le changement, la loi divine de l'harmonie ajuste la situation.
J'en arrive à la troisième façon dont peut se résoudre un problème relationnel: la personne ne change pas de comportement, mais cela ne vous dérange plus. Comprenant qu'il s'agit là d'une illusion, vous cessez de réagir. C'est comme si vous conduisiez sur une route et que vous aperceviez au loin une nappe d'eau. Sachant que c'est une illusion, un mirage dû à la chaleur, vous n'éprouvez pas le besoin de freiner brusquement, vous poursuivez tranquillement votre route.
Voilà pourquoi il est possible de ne pas être blessé et de ne pas réagir par la colère face à quelqu'un qui élève la voix contre vous.
Toujours à propos des relations humaines, on sait que de nombreuses personnes seules recherchent ardemment la compagnie de quelqu'un. Par ailleurs, être marié ou avoir des relations familiales peut entraîner des problèmes d'un autre genre.
Il est important de se rappeler que chacun est le reflet complet de Dieu. Rien n'empêche quelqu'un d'être pleinement satisfait en dehors du cadre familial. Je pense cependant que la famille constitue un formidable laboratoire de croissance spirituelle. Les rapports familiaux ne sont ni une source de découragement ni un frein à la croissance spirituelle, mais l'occasion quotidienne, constante, de prouver que ce que l'on a vu dans l'étude et la prière, on peut le voir aussi s'appliquer sur le terrain.
De telles relations ne nous laissent pas stagner dans une sorte de flou métaphysique dépourvu de toute démonstration. Elles nous prouvent, au contraire, que nous sommes capables de parvenir à un équilibre spirituel.
Mais ceux qui n'ont ni famille ni conjoint peuvent aussi entretenir d'autres genres de relations – avec des amis, des voisins ou des collègues de travail – relations également progrès aux progrès spirituels.
Absolument. Il y a de nombreux endroits où l'on peut faire des progrès: le lieu de travail en est un, ainsi que l'église... On ne devrait pas se laisser décourager par les problèmes que l'on peut y rencontrer. Heureusement, dans n'importe quelle église, toutes les occasions sont bonnes pour accomplir des progrès spirituels.
Si je vous comprends bien, la plupart des situations nous incitent à développer une vue plus claire de la réalité spirituelle et des lois divines universelles, qui sont à la base de cette réalité. La vie de Jésus est une remarquable illustration de ce qu'il est possible d'accomplir en comprenant cette réalité et en appliquant ces lois de façon suivie. Mais comment ces lois agissent-elles ?
Imaginez un tableau composé de bas en haut de lignes horizontales parallèles. Ces lignes représentent les différents niveaux de compréhension spirituelle ou niveaux de conscience. La matière et la maladie semblent bien réelles sur les plans de conscience inférieurs, car c'est ainsi que l'on voit la vie à partir d'un point de vue matériel.
Mais en s'élevant de quelques niveaux, on parvient à un état de conscience dans lequel ce qui apparaissait plus bas comme une vérité ou une loi de la matérialité n'est même plus du domaine du possible.
Oui, mais prenons la loi de la gravité par exemple. Comment cette loi matérielle pourrait-elle ne pas être possible à un niveau supérieur de conscience spirituelle ?
En s'élevant dans la compréhension spirituelle, on réalise qu'il existe une loi divine – l'adhésion et la cohésion de Dieu, le Principe divin de l'être – qui maintient à sa juste place chaque idée, chaque élément de la création spirituelle de Dieu. Ces idées ne pourraient être maintenues en place par une pression physique qui s'exerce sur les objets sur une planète matérielle ! Voici comment je pourrais appliquer une loi spirituelle à un problème concret, une maladie attribuée à la contagion, par exemple. La loi de la contagion semble opérer au niveau de la conscience matérielle. Mais grâce à une compréhension plus élevée, on comprend que Dieu est la seule conscience véritable, le seul Législateur, et qu'il est entièrement bon.
Supposons que vous soyez dans un grand magasin, en train d'essayer un vêtement devant un miroir à trois faces. Les différents reflets que vous renvoie le miroir ne sont, en réalité, que le reflet d'un seul et même original, vu sous plusieurs angles. Lorsque vous vous tournez, les trois reflets se tournent en parfaite synchronie, sans s'influencer mutuellement. Les trois reflets demeurent en harmonie les uns avec les autres parce que chacun dépend uniquement de l'original – en l'occurrence, de vous.
De même, chacun des reflets infinis de Dieu ne dépend que de Dieu. Chacun d'entre eux, étant en harmonie avec tous les autres, est influencé uniquement par Dieu. C'est là une loi spirituelle qui nie le pouvoir de toute prétendue loi matérielle et qui exclut donc toute possibilité de contagion. En effet, comme nous sommes les reflets d'un même Dieu, nous ne pouvons nous influencer ni en bien ni en mal. Dieu est la seule influence.
La Christian Science explique que la matière n'est pas réelle. Pour démontrer la portée pratique de ce concept, il faut avoir une foi profonde et une grande compréhension de la nature de Dieu. Comment appliquez-vous ce concept de la réalité dans le cadre de votre pratique ?
La matière est bien réelle pour qui y croit. C'est parce que l'expérience est subjective. L'expérience que nous faisons de la vie dépend de la façon dont nous la concevons. Ainsi, sur un plan de conscience matériel, la matière semble tout à fait réelle. Mais elle perd sa réalité dans la mesure où le praticien considère le problème à la lumière de la réalité spirituelle, à un niveau où l'on comprend que tout est Dieu, et que Dieu est Esprit. Il s'agit d'être cohérent dans son raisonnement. Soit Dieu est Tout, soit Il ne l'est pas. Soit tout est Esprit, soit l'Esprit n'est pas Tout. Si tout est Esprit, nous ne sommes pas gouvernés par des lois et des états matériels. Par conséquent le corps humain ne saurait être matériel. C'est une projection de la pensée.
Cette idée n'est pas facile à accepter, même quand on a une vie agréable. Mais qu'en est-il dans le cas d'une maladie, d'une blessure, lorsque la douleur physique ou morale semble particulièrement réelle ? Si quelqu'un est aux prises avec un problème de santé qui ne s'arrange pas, malgré ses prières pour guérir, que lui offrirez-vous en guise d'espoir ou de réconfort ?
Je pense qu'il est important d'expliquer ce qui se passe réellement au moment de la guérison. Le corps humain, je l'ai dit, est une projection de la pensée. Pour accomplir la guérison, il faut donc, à l'exemple de Jésus, passer d'un niveau de conscience marqué par l'ignorance à un niveau de plus en plus élevé, jusqu'à ce que l'on finisse par voir la réalité spirituelle telle que Dieu l'a créée.
Prier pour la guérison d'un problème qui dure depuis longtemps, c'est un peu comme entailler un tronc d'arbre à la hache. Au début, l'arbre reste droit. Et même s'il est encore droit après bien des coups, il finira par tomber. Aussi, quand quelqu'un me dit: «Je suis découragé, cela fait des années que je prie pour ce problème, en tant que praticienne je ne me sens pas du tout découragée, car je pense que si cette personne a prié sincèrement, et qu'elle a progressé spirituellement durant toutes ces années, l'arbre est forcément prêt à tomber. Et lorsqu'il tombe enfin, elle a progressé d'un pas de géant dans sa compréhension de la réalité spirituelle, car elle s'est débarrassée de la croyance selon laquelle sa nature ou sa vie est séparée de Dieu. C'est prodigieux !
Parmi les premiers cas que j'ai eu à traiter, je me souviens d'une femme qui était asthmatique depuis vint-cinq ans. Elle a commencé par me parler de tous ces praticiens qui avaient prié pour elle. En raccrochant le téléphone, j'étais décontenancée. Si tant de personnes avaient prié pour elle sans qu'elle soit guérie, que pouvais-je faire ? Je n'ai pas eu l'impression de lui donner un vrai traitement, comme on l'entend en Christian Science, à savoir une prière scientifique qui couvre de façon spécifique les différents aspects du cas. J'ai réfléchi simplement au problème. J'ai pensé que les autres praticiens étaient de formidables métaphysiciens spirituels. J'étais certaine qu'ils avaient prié pour elle consciencieusement et je ne doutais pas de l'efficacité de la prière.
Suivant cette ligne de pensée jusqu'au bout, j'ai compris qu'il était absolument impossible que cette femme n'ait pas été guérie et, surtout, qu'il était impossible au reflet de Dieu d'avoir un seul instant souffert de ce mal. Et elle a été guérie.
Le jour même ?
Le jour même ! Mais la guérison était due autant à ma prière qu'à celles de tous ceux qui l'avaient aidée avant moi, et à ses propres prières. C'est pourquoi, quand on prie depuis longtemps au sujet d'un problème, on ne devrait jamais se sentir découragé. La guérison est toute proche, parfois bien plus proche qu'elle ne l'a jamais été.
Pourquoi, selon vous, cette guérison a-t-elle eu lieu précisément ce jour-là ?
J'ai reconnu l'efficacité des traitements déjà donnés. Beaucoup de gens s'attendent sincèrement à la guérison, mais sans jamais penser à un jour précis. Je pense que ma prière a permis de reconnaître la perfection de cette femme à ce moment même, au lieu de l'espérer dans un avenir indéterminé. Aussi, chaque fois que je prie en cherchant à guérir une personne, je sais que ma pensée n'est pas encore assez élevée pour véritablement traiter ce cas. Connaître la Vérité, c'est connaître uniquement ce qui est spirituellement vrai. Pour obtenir la guérison, on doit d'abord et surtout comprendre que la situation n'a jamais pu exister. Il ne s'agit pas de se débarrasser de quelque chose qui existe. Ce serait une façon désespérée, inefficace, d'aborder le cas. Notre travail consiste à voir que Dieu est parfait, que Son reflet est parfait, et que le problème n'existe même pas en tant que possibilité.
Chaque guérison opérée par des moyens spirituels prouve que la substance n'est pas physique et que nous n'avons pas de problème physique. Puisque le corps n'est qu'une projection de la pensée, quand celle-ci change, le corps change aussi. La compréhension de ce fait élimine le sentiment d'impuissance que certains éprouvent quand ils sont malades.
C'est là l'essence même de la guérison physique. Lorsque le Christ régénère la pensée grâce à une compréhension plus élevée de Dieu, le corps humain est également régénéré. Ce n'est pas le but de la prière, mais c'est son effet.
