Habitués à de mauvaises nouvelles, il peut nous paraître difficile de croire aux bonnes. Au cours d'une récente réunion de travail avec des collègues, il m'avait été assigné la tâche de présenter la situation économique de mon pays, la République démocratique du Congo. Cette présentation devait servir d'introduction à la réunion de travail que nous allions avoir ensuite sur les droits de l'homme. Les recherches que j'avais faites sur le sujet à partir de données fournies par des experts du programme des Nations unies pour le développement indiquaient une amélioration de la situation macro-économique du pays: pour la première fois, l'état de l'économie globale passait du négatif au positif. Même si, selon les études économiques actuelles, le contexte macro-économique n'est pas censé, à très court terme, améliorer le panier de la ménagère, nous devions admettre que c'était là un signe positif pour l'avenir.
En fait, l'espoir est plus répandu qu'on ne le croit souvent, et nombreux sont ceux qui s'attendent à des progrès en Afrique. Dans de nombreux pays, les sociétés civiles, les étudiants, les leaders religieux, etc. se mobilisent pour réclamer, et obtenir, des conditions de vie meilleures. Lors des dernières élections présidentielles au Sénégal, on a vu le triomphe d'un parti dont le slogan, «SOPI», signifie le changement. Au Kenya, où peu semblait devoir bouger depuis des décennies, des élections ont aussi amené un changement de Président et de gouvernement. Il n'est peut-être pas possible évidemment de déterminer à l'heure actuelle si les nouvelles configurations politiques s'avèreront positives et durables, mais ces cas démontrent que des citoyens ont espéré et cru à la possibilité d'un changement en direction du bien. Ils ont refusé le fatalisme et la soumission à un tableau parfois désespéré de la situation. Tous montrent finalement que la foi dans le progrès est naturelle. Dans son livre Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy, parlant du progrès, écrit ceci: «...le progrès est la loi de Dieu, loi qui exige de nous seulement ce que nous pouvons certainement accomplir.» (p. 233) Si nous reconnaissons que Dieu, le bien infini, est tout-puissant, la loi de Dieu est inévitable, et donc en réalité le progrès est inévitable pour chacun de nous.
Et il est possible effectivement de voir le progrès en marche en Afrique et de le soutenir par nos prières. Contrairement à ce qui a été dit parfois, il apparaît de plus en plus que les décennies écoulées depuis l'accession de nos pays à l'indépendance n'ont pas été qu'un gâchis. J'aime comparer cette période à la marche des enfants d'Israël qui furent quarante années éprouvantes dans le désert à la recherche de la terre promise, et qui y apprirent des leçons précieuses.
Prenons par exemple l'initiative intéressante lancée par des Présidents africains pour constituer le NEPAD (Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique). La démarche du NEPAD vise (1) le développement de l'Afrique par les Africains eux-mêmes, (2) la mise en valeur des ressources africaines.
1 Relever le défi du développement
Bon nombre d'Africains ont pris conscience des capacités qu'ils ont de se prendre en charge eux-mêmes et de relever le défi de leur développement. Cette attitude évoque pour moi ce que dit Mary Baker Eddy dans Science et Santé: «Savoir que nous pouvons accomplir le bien que nous espérons stimule l'organisme à agir dans le sens indiqué par l'Entendement.» (p. 394:8) Quand je prie pour mon pays et pour le continent, je m'efforce de réaliser que Dieu donne à chacun ce «savoir». La certitude que nous sommes capables de faire le bien est un don de Dieu. Il vient du fait que Dieu a créé l'homme, l'homme et la femme, comme le dit la Bible, à Son image et à Sa ressemblance. A l'image de Dieu, de l'Esprit. La pensée qui reconnaît la nature spirituelle de l'homme, reflétant toutes les qualités divines, constitue une prière qui apporte des réalisations tangibles.
Je trouve utile, en priant ainsi, de m'appuyer sur ce que Jésus a répondu aux pharisiens qui lui demandaient quand viendrait le royaume de Dieu. Il leur a répondu: «On ne dira point: Il est ici, ou: il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous», ou «au-dedans de vous», selon la version King James de la Bible. (Luc 17:21)
Accepter et mettre en œuvre le concept du royaume des cieux – autrement dit de l'harmonie, du bien divin – déjà au milieu de nous, ou en nous, plutôt qu'en un lieu ou un temps lointain, constitue un pas de géant en direction du progrès. En effet, comprendre que le bonheur, la joie, l'amour, l'harmonie, la loi, la paix auxquelles nous aspirons légitimement sont une possibilité présente et non lointaine nous libère des suggestions selon lesquelles le continent serait voué à l'échec, et que les seules solutions consisteraient à s'expatrier ou à tendre sans cesse la main vers l'extérieur.
2 Mettre en valeur les ressources existantes
Bien sûr, qu'elles viennent de l'intérieur ou de l'extérieur, toute aide humanitaire, toute prière sincère pour les populations africaines affectées par des désastres économiques ou la guerre sont des expressions d'amour tangibles qui reflètent aussi l'Amour de Dieu. Mais en pensant à l'institution citée plus haut, qui s'occupe de la mise en valeur des ressources africaines, je me suis posé la question: Quelles sont les ressources dont nous disposons en Afrique ? S'agirait-il seulement des minerais, du bois, du pétrole, des ressources matérielles ? En priant, j'ai vu que les vraies ressources africaines, ressources qui sont en fait universelles, comprennent les qualités telles que la solidarité, la générosité, le sens du partage équitable, l'intégrité morale, la loi, etc. Ces ressources sont-elles en quantité limitée ? Non, car elles ont en fait une origine spirituelle. Et Dieu en est la source infinie. Ont-elles jamais quitté l'Afrique ? Non, car Dieu est présent partout. Peuvent-elles être épuisées par le pillage ? Non, car le bien se renouvelle constamment. Peuvent-elles engendrer des guerres fratricides ? Non ! Car Dieu qui est l'Amour impartial donne autant à chacun de Ses enfants.
C'est en comprenant la vraie nature de ces ressources, idées spirituelles qui à leur tour répondent aux besoins humains, que nous pourrons, chacun dans notre sphère d'action, apporter notre pierre à la construction de l'ensemble. A l'instar d'un grand leader africain comme Nelson Mandela, qui a puisé dans le pardon et la réconciliation pour faire échec à la haine, chacun de nous a son rôle à jouer pour contribuer à la marche du progrès. Vous et moi pouvons prier en affirmant notre qualité d'enfant de Dieu, le bien, de reflet de l'Esprit, de l'Amour, et nous efforcer de manifester – vivre – les qualités divines. Nous pouvons savoir que nous sommes toujours capables de faire le bien, parce que Dieu est toujours capable. Faisant allusion à l'affirmation de Christ Jésus «Le royaume de Dieu est au milieu de vous» dans son livre intitulé Pulpit and Press, Mary Baker Eddy nous exhorte ainsi: «Sachez que vous possédez le pouvoir souverain de penser et d'agir correctement, et que rien ne peut vous déposséder de cet héritage et violer l'Amour. Si vous maintenez cette position, qui ou qu'estce qui pourra vous faire pécher ou souffrir ?» (p. 3)
Cette promesse est pour chacun de nous, en Afrique et ailleurs. Reflétant la Vie et l'Amour divins, nous constituons les «forces vives» de ce continent et du monde. Chaque idée spirituelle qui nous vient et que nous appliquons dans notre vie donne des fruits. Réjouissons-nous de savoir que le progrès est certainement au rendez-vous !
