Mon père était incapable de commettre la moindre malhonnêteté. Son frère et lui avaient fondé une belle et solide entreprise de bâtiment. Leur clientèle était fidèle, et ils avaient une réputation de compétence et d'honnêteté. Plus tard, je me suis joint à eux. Le personnel était formidable. Tout le monde se respectait. Nous étions comme une grande famille.
Quand mon père et mon oncle ont pris leur retraite, ils ont laissé à mes deux cousins et à moi-même une entreprise en plein essor. Mais au milieu des années 90, nous nous sommes lancés dans un projet qui dépassait le domaine de nos compétences, et nous n'avons pu le mener à bien. La compagnie qui s'était portée garante de nos activités a dû reprendre le projet, et notre entreprise a finalement été contrainte de déposer son bilan.
Nous avons discuté avec notre avocat des possibilités qui s'offraient à nous. Il nous a proposé de remonter l'entreprise en repartant de zéro. Cela m'a paru être la bonne solution. De nombreuses idées me sont venues sur la façon de réparer les torts que nous avions causés à nos clients et à nos créanciers. En restant dans les affaires, je pouvais améliorer les choses; en laissant tout tomber, je ne ferais que fuir mes responsabilités.
Avec deux anciens employés, j'ai donc créé une nouvelle société. Lorsque nous avons commencé à avoir des rentrées d'argent, je suis allé voir nos plus petits créanciers pour leur rembourser ce que leur devait l'ancienne entreprise. La loi ne m'y obligeait pas, mais cela m'a rendu très heureux. Nous connaissions ces fournisseurs depuis longtemps et entretenions des relations amicales avec nombre d'entre eux. Je me souviens d'une rencontre avec l'un d'eux. Tandis que nous examinions ensemble la situation, je pouvais sentir la compassion qu'il éprouvait pour moi dans ces moments, et j'en avais tout autant pour lui.
Parallèlement, ma femme, Heidi, et moi faisions face à nos propres difficultés. Nous devions lutter sans cesse contre le sentiment d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, sous forme de lourdes dettes.
Nous avons demandé à une praticienne de la Christian Science de nous aider à prier pour la situation financière dans son ensemble. Elle nous a orientés vers un passage de Job, dans la Bible. Il y est question d'un chemin que «l'oiseau de proie [ne] connaît pas... l'œil du vautour ne l'a point aperçu». (28:7) Ce verset nous assurait qu'il y avait une issue et que nous pouvions nous confier en Dieu: Il nous montrerait le chemin. Nous avons prié jour et nuit pour sentir la paix et la présence de Dieu. Lorsque nous nous déplacions en voiture, nous chantions des cantiques. Notre confiance s'en trouvait toujours renforcée. La promesse d'un autre verset biblique nous a également fortifiés: «Reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers.» (Proverbes 3:6)
Il m'arrivait de me réveiller très tôt le matin, aux prises avec mes inquiétudes. Je me mettais à prier pour savoir que Dieu gouvernait, qu'il nous protégerait et aplanirait toute chose. Cela m'aidait à garder le cap et, en arrivant au bureau, je me sentais prêt à affronter la journée. Le soir, Heidi et moi lisions ensemble la leçon biblique hebdomadaire de la Christian Science, et nous en parlions. Nous y trouvions des vérités spirituelles applicables à notre situation. Bien que l'on considère souvent que les problèmes financiers sont une source de tensions conjugales, notre amour l'un pour l'autre s'est considérablement renforcé durant cette période.
En un sens, cette époque a été une belle occasion de nous rapprocher de Dieu. J'imagine que les moments difficiles ont cette vertu.
La prière nous a guidés, Heidi et moi, à faire appel à un avocat dont l'approche de la situation allait s'avérer tout à fait précieuse pour la compagnie qui s'était portée garante. Il était plein de ressources et ses conseils ont été très utiles à la compagnie. Quant à moi, j'ai fait tout mon possible pour les aider. Cette coopération a permis de desserrer l'étau de la crainte. Grâce à nos prières et à celles de la praticienne, nous avons pu surmonter l'anxiété et nous attendre à une issue heureuse.
Environ quatre ans plus tard, la compagnie garante nous a envoyé la facture pour la réalisation des projets que notre ancienne entreprise n'avait pu mener à bien. C'était une somme énorme. Mais Heidi et moi avons persévéré dans la prière, nous attachant à la signification de la bonté de Dieu. Au bout de quelques semaines, notre avocat était parvenu à ramener la somme à 8% de son montant initial. Notre reconnaissance n'avait pas de bornes ! Même si cela représentait encore beaucoup d'argent, nous étions certains que la prière qui nous avait valu tant de bienfaits jusque-là nous guiderait tout au long du chemin.
Quatre nouvelles années ont passé. Nous avons presque tout remboursé sans que cela nous pose de problème. Nous avons pu effectuer des versements réguliers. Cette période a été marquée par des revenus inattendus, et nous avons été protégés de façon merveilleuse. Nous n'avons jamais été obligés de nous déclarer en faillite personnelle.
Cette histoire comporte une autre facette qui me touche particulièrement. Ma mère voulait m'aider au bureau. Presque nonagénaire, elle n'avait jamais travaillé en dehors de chez elle depuis son mariage. Elle s'est alors rendue au bureau en voiture (une heure pour chaque trajet) trois fois par semaine, pour assurer une permanence à l'accueil. Mes clients voulaient savoir qui était cette adorable réceptionniste. Ma mère s'est familiarisée avec l'ordinateur, le fax et toutes les activités liées au secrétariat d'une entreprise de bâtiment. Bien que cela n'ait pas toujours été facile, le fait de travailler là où mon père avait passé toute sa carrière professionnelle a été pour elle une précieuse expérience. Elle était très heureuse de se retrouver dans ce bureau. Les employés l'aimaient beaucoup. J'approchais moi-même de l'âge où nombre de gens songent à prendre leur retraite, mais je me suis remis au travail avec enthousiasme. Bien que tout ne soit pas toujours rose, je continue d'approfondir ma compréhension du fait que je suis le reflet de Dieu, qu'il est à l'origine de tout ce qui est bien dans l'existence.
J'ai le cœur plein de gratitude.
Extraits d'une interview diffusée dans une émission de Sentinel Radio.
