Votre manière d'aborder le traitement d'une maladie incurable diffère-t-elle de vos prières pour une maladie qui n'est pas considérée comme telle ?
En général, on considère qu'une maladie est incurable parce que le traitement classique n'a pas eu d'effets. Donc ce que l'étiquette «incurable» signifie, c'est que «nous ne savons pas comment la soigner». Ce n'est pas par manque d'efforts ou de bonnes intentions, mais les médecins n'ont peutêtre pas exploré toutes les possibilités. La guérison par la Christian Science explore la nature mentale de la maladie. Il n'est donc pas surprenant que le praticien de la Christian Science s'intéresse plus à l'état mental d'une personne qu'à son état physique. Et cet examen va plus loin que la simple étude de la façon dont les émotions, la peur, la colère, la haine, la déception, etc., peuvent affecter le corps.
Mary Baker Eddy, qui découvrit la Christian Science en 1866, en est venue à la conclusion que «l'homme n'est pas matière; il n'est pas composé de cerveau, de sang, d'os et d'autres éléments matériels. [...] L'homme est spirituel et parfait, et, parce qu'il est spirituel et parfait, il faut le comprendre ainsi en Science Chrétienne.» ( Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 475) Dans ce cas-là, le mot «homme» s'applique aux hommes et aux femmes.
Quand j'ai lu ce texte la première fois, je me suis demandé comment quelqu'un pouvait raisonnablement en venir à une telle conclusion. Puis j'ai commencé à y voir une invitation à discerner davantage mon identité véritable.
Tant que les efforts que nous faisons pour nous guérir, ou pour guérir les autres, restent au niveau de la simple observation physique, l'étiquette d'incurabilité va sans doute paraître «indécollable». Si, en revanche, nous changeons notre approche et partons d'un point de vue spirituel en considérant que notre identité est liée à Dieu, nous commençons à voir au-delà des étiquettes. Le fait fondamental concernant ce lien, c'est que Dieu exprime Sa propre nature en chacun de nous. Ce qui est vrai de la nature divine est aussi vrai à notre sujet. Inversement, ce qui est incapable de décrire la nature divine telle qu'elle est ne peut nous décrire non plus tels que nous sommes.
Lorsque quelqu'un n'est pas en bonne santé, le praticien de la Christian Science remet en question cet état en se basant sur le fait qu'il ne vient pas de Dieu. Par conséquent, le traitement n'est pas fondamentalement différent, que la maladie soit considérée mortelle ou banale.
En tant que praticien de la Christian Science, distinguez-vous différentes formes de guérisons ?
Les gens font souvent la distinction entre deux façons de comprendre la guérison: l'une peut consister à se résoudre simplement à vivre avec la maladie, tandis que l'autre implique d'en être totalement guéri. La guérison par la Christian Science, quant à elle, consiste à comprendre sa propre perfection, sur le plan spirituel, moral et intellectuel. Nous sommes en réalité spirituels, c'est-à-dire que nous sommes la manifestation de Dieu qui est l'Esprit. Nous pouvons tout naturellement nous attendre à être guéris, non pas seulement nous contenter de vivre avec la maladie.
Quand quelqu'on vous demande de l'aide, quel traitement donnez-vous à cette personne ? Comment priez-vous pour elle ?
Dans le domaine de la guérison spirituelle et scientifique, il n'existe pas de formules. Mais j'ai constaté qu'il est important de concevoir clairment certains faits fondamentaux:
♦ Dieu est partout; nous ne sommes jamais en dehors de Sa sollicitude et de Son gouvernement intelligents.
♦ Dieu est bon et par conséquent Il n'exprime que le bien dans Sa création.
♦ L'identité véritable est spirituelle, et le patient n'est pas «composé de cerveau, de sang, d'os et d'autres éléments matériels».
♦ Prendre conscience du gouvernement divin détruit la crainte et apporte la guérison complète.
♦ Personne ne peut être privé de guérison, quelles que soient les apparences. Et chacun peut être réceptif à la vérité concernant son identité spirituelle.
Que répondez-vous à l'assertion selon laquelle la maladie est voulue par Dieu et qu'elle est une forme de chàtiment ?
Si nous comprenons que la nature divine est infiniment bonne, nous rejetons la notion d'un Dieu qui puisse exprimer autre chose que le bien. Croire que Dieu veut la maladie est un concept erroné.
C'est parfois lorsqu'on s'est trompé de voie et que l'on doit ensuite faire face aux conséquences, que l'on est amené à apprendre des choses essentielles. Mais cela ne signifie pas que Dieu nous punisse pour les erreurs commises. La solution consiste à nous tourner vers Dieu afin de découvrir notre véritable identité spirituelle. L'histoire de l'enfant prodigue (voir Luc 15:11-24) est l'une des grandes images des enseignements de Jésus. S'étant rendu compte de l'erreur qu'il avait commise en dilapidant sa part d'héritage, le fils, dans cette histoire, reprend la route pour rentrer chez lui et voit son père courir à sa rencontre. Dieu accueille toujous chacun de nous. Cela ne change jamais. Parfois nous avons simplement besoin d'en prendre conscience.
Et si la maladie est considérée héréditaire ?
Mary Baker Eddy a écrit: «La maladie est toujours provoquée par un faux sens qui est nourri mentalement, non détruit. La maladie est une image de pensée extériorisée. L'état mental est appelé un état matériel.» ( Science et Santé, p. 411) Pour moi, cette dernière phrase signifie que ce que nous appelons l'état physique de quelqu'un est en réalité l'expression d'un état mental. Si nous admettons que la maladie est une «image de pensée», nous traitons l'état mental et nous raisonnons spirituellement à son sujet. D'un point de vue spirituel, notre état mental ne peut être que l'expression des pensées divines, de l'intelligence de l'Entendement divin.
A mesure que nous en apprendrons davantage sur la nature divine, nous connaîtrons de mieux en mieux notre propre identité spirituelle. Chaque fois que nous vient à l'esprit l'idée que nous devons ce que nous sommes à des antécédents familiaux, nous avons la possibilité de changer cette façon de penser, de voir en Dieu notre origine divine, notre véritable Père-Mère plein de bonté.
Ce concept peut s'avérer un antidote puissant lorsque nous prions au sujet d'une maladie héréditaire. Il est également efficace lorsqu'on doit affronter une souffrance due à de mauvais traitement physiques ou mentaux. Nous ne sommes pas en mesure de changer le passé, mais, en un sens, il nous est possible de le réviser. C'est-à-dire qu'il nous est loisible de choisir ce que nous voulons préserver: non pas des souvenirs du passé, mais les leçons spirituelles que nous en retirons.
Je ne crois pas que Dieu tienne un registre de nos fautes et de nos malheurs. Dieu est Amour, quoi qu'il en soit, et, plutôt que de nous demander où Dieu se trouvait pendant que nous traversions une épreuve, nous avons la possibilité d'explorer, de manière constructive, le pouvoir que Dieu nous donne pour détruire de sombres souvenirs qui nous empêchent de vivre librement.
Quelles sont les maladies, incurables selon le diagnostic médical, que vous avez traitées, et qui ont été guéries par la prière seule ?
J'en ai vu un certain nombre: dégénérescence maculaire, herpès, sarcome, diabète, maladie cardiaque congestive, leucémie, SIDA, ainsi que des maladies mentales comme la schizophrénie et la psychose maniaco-dépressive. Chacune d'elles avait été diagnostiquée par un médecin et la guérison spirituelle qui a suivi a été également confirmée par un examen médical.
Dans un cas, il s'agissait d'un homme souffrant de diabète et d'un problème cardiaque diagnostiqués par les médecins. On lui avait dit qu'il devait se faire opérer du cœur immédiatement en raison de l'obstruction de plusieurs artères, et, sans savoir comment il allait s'y prendre, cet homme a décidé d'avoir recous à d'autres méthodes.
Peu de temps après, quelqu'un lui a offert Science et Santé, et il a commencé à le lire. Voici ce qu'il a écrit plus tard: «Je suis alors parvenu à une paix et à un bonheur que je n'avais jamais connus auparavant.» Au cours de cette étude sérieuse, il a découvert un passage dans le livre qui lui a parlé: «... l'Amour soutient le cœur qui lutte jusqu'à ce qu'il cesse de soupirer après le monde et commence à déployer ses ailes pour prendre son vol vers le ciel.» (p. 57) Il avait le sentiment d'avoir ce «cœur qui lutte» et qu'il fallait cesser «de soupirer après le monde». Il s'est rendu compte qu'il devait se débarraser de souvenirs qui le hantaient.
Il a alors décidé qu'il était prêt à parler avec un praticien de la Christian Science, et il m'a appelé pour prendre rendez-vous à mon bureau. J'habitais à l'époque à San Francisco. Nous avons parlé de la base de la guérison, qui consiste à s'écarter de la vision matérielle de la vie pour adopter une vision spirituelle. Cela implique naturellement de se détourner de certaines expériences traumatisantes.
Il est reparti après que je lui eus assuré qu'il était guéri. Il m'a dit plus tard qu'il avait pensé ceci: «J'ai eu un entretien agréable, soit, mais j'ai perdu mon temps. Je ne me sens absolument pas différent.» De retour chez lui, il a contrôlé comme d'habitude le taux de sucre dans son sang. Il était normal «pour la première fois depuis sept ans».
Le lendemain, il a eu une autre surprise. Il s'était garé en haut d'une de ces collines à la pente abrupte qui sont communes à San Francisco, et il était descendu à pied pour faire une course. Quand il s'est rendu compte de ce qu'il avait fait, il a prié avant d'essayer de remonter la pente. La veille, il avait été incapable de grimper une petite côte sans s'arrêter pour reprendre son souffle. Et ce jour-là pourtant, il est remonté jusqu'à sa voiture sans s'essouffler.
Plusieurs années plus tard, son médecin qu'il venait de rencontrer dans la rue lui a demandé comment il allait. Lorsque l'homme lui a raconté son histoire, le docteur a insisté pour qu'il vienne faire des analyses. Malgré ses réticences, il a accepté. Les tests se sont tous avérés négatifs. Plus tard, il m'a écrit qu'il se sentait «fort» et «tout revigoré».
Cette guérison est une illustration de ce qui est au cœur de la vraie guérison: la régénération spirituelle. Ce qui s'est passé d'important, ce n'est pas tant la guérison de problèmes physiques que la découverte qu'a fait cet homme d'une nouvelle vision spirituelle de lui-même. Le besoin n'était pas réellement physique, mais spirituel, et le traitement avait pour but de l'éclairer spirituellement, et d'ailleurs il l'a guéri aussi bien du diabète que de la maladie cardiaque et d'une tendance à la dépression.
Tandis que le choix d'un traitement est une affaire personnelle, la guérison spirituelle montre que le but n'est pas seulement de se débarrasser d'un problème, mais d'acquérir la certitude que Dieu nous a créés parfaits. Il existe de nombreuses opérations chirurgicales simples qui promettent le soulagement immédiat d'une difficulté, mais elles n'atteignent pas ce but plus large. En un sens, même la guérison n'est pas le but principal. Le but, c'est d'acquérir cette compréhension spirituelle du lien qui nous unit à Dieu.
La guérison par la Christian Science s'efforce de suivre l'exemple du christianisme primitif et des guérisons accomplies par Jésus. Jésus aidait les gens à voir quelque chose de plus important en aux que leur corps. Il les aidait à se voir comme la «ressemblance» de Dieu (voir Gen. 1:26). Pour cela, il n'avait pas besoin d'autres remèdes que le réveil spirituel, et il n'en utilisait jamais.
Que pensez-vous de la conviction partagée par bien des gens selon laquelle la médecine vient de Dieu, et c'est Le déshonorer que de ne pas y recourir ?
A quiconque pense que la médecine matérielle est un don de Dieu, je ferais ressortir l'exemple de Jésus, et le fait qu'il ne recourait pas à des remèdes matériels, et je l'engagerais à se demander pourquoi. Jésus enseignait que Dieu est l'Esprit et que ceux qui adorent Dieu doivent le faire en esprit (voir Jean 4:24). Si Dieu est Esprit, Il ne peut pas en même temps créer quelque chose qui soit le contraire de l'Esprit, à savoir la matière.
Tout acte d'amour qui permet de soulager la souffrance est un symbole de l'amour de Dieu, et je pense que nous devrions reconnaître ce fait en ce qui concerne toutes les personnes qui ont pour métier de soigner les autres. Mais je crois aussi que presque tous les bons médecins vous diront ceci: même si eux peuvent apporter des soins, la guérison doit se produire à l'intérieur du patient.
La guérison par la Christian Science reconnaît ce fait, et cherche à aider l'individu à prendre conscience de ce qui lui vient de Dieu. C'est dans ce réveil spirituel que nous trouvons le remède à l'incurabilité. Un passage de la Bible résume ce point: «Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu'à partager âme et esprit, jointures et moelles; elle juge les sentiments et les pensées du cœur.» (Hébr. 4:12)
Il faut que l'humanité explore ce remède spirituel contre l'incurabilité. C'est un droit divin que nous avons.
