J'exerce un métier qui a fait rêver: je suis navigante, chef de cabine sur avions long-courriers. C'est un métier que j'aime beaucoup, car nous sommes en contact régulier avec le monde, ses traditions, ses beautés naturelles. Pour moi, c'est une formidable ouverture sur ... la création de Dieu.
Je fais entièrement confiance à Dieu, le Père-Mère aimant de toute la création.
Il semble pourtant bien souvent que cette création ne puisse pas vivre en paix et que la crainte fasse partie du quotidien. Les médias nous « préparent » à des guerres, à de futurs attentats terroristes. Et le monde aéronautique est une cible de choix, dans laquelle l'avion sert d'arme. Alors comment faire face à ces défis, ces craintes ?
Quand de telles craintes m'assaillent, j'ai pris l'habitude de me tourner vers Dieu. Dans la Bible on lit: « C'est vers toi, Éternel, Seigneur que se tournent mes yeux, c'est auprès de toi que je cherche un refuge... » (Ps. 141:8) Je lis donc la Bible et aussi Science et Santé de Mary Baker Eddy. L'étude de ces livres renforce ma prière. J'en viens à comprendre que je peux faire entièrement confiance à Dieu, qui est l'Esprit tout-puissant, le Père-Mère aimant de toute la création. Je me sens alors dans un refuge très sûr, le calme règne dans ma pensée et l'harmonie prend toute la place. Je sais aussi que chacun de nous peut se prévaloir de cette harmonie, car elle est la loi de Dieu.
C'est forte de cette conviction que depuis quinze ans je suis amenée à rassurer, réconforter, calmer des passagers à bord. Comme on peut l'imaginer, il y a en effet toutes sortes de situations où la crainte se manifeste parmi les passagers: peur de l'avion, sentiment d'impuissance à 10 000 m. d'altitude, peur de manquer de quelque chose d'essentiel, d'un attentat.
Le travail de préparation spirituelle par la Christian Science avant les vols et ma prière dans chaque circonstance où la peur s'est manifestée m'ont permis de voir que la crainte, qui semble pourtant contagieuse parfois, n'a pas le pouvoir de m'influencer. De plus, j'ai vu aussi la peur céder chez les passagers.
En voici quelques illustrations: récemment, j'effectuais un vol vers le Burkina Faso. A l'embarquement, un groupe de jeunes délinquants m'a été présenté par deux éducateurs. Ceuxci faisaient partie d'une association qui emmène en Afrique des jeunes ayant eu maille à partir avec la justice, pour réaliser un chantier humanitaire. Dans ce cas précis, cela consistait à construire une école dans un village et à participer activement à la vie de la population (voir p. 7).
Les jeunes qu'on m'a présentés prenaient l'avion pour la première fois. La plupart avaient commis des meurtres. Ils étaient très agités et bruyants.
Me tournant vers Dieu, j'ai écouté pour savoir comment agir, que leur dire car les éducateurs redoutaient leurs réactions. J'ai reconnu alors qu'ils étaient des enfants de Dieu, dignes de respect. Ils étaient en réalité entre les mains de Dieu qui allait les guider dans cette expérience. J'ai eu l'assurance que tout se passerait bien. J'ai proposé à l'équipage de les traiter avec respect et fermeté et d'être particulièrement disponibles. J'ai été reconnaissante de constater alors que tout les membres de l'équipage acceptaient cette approche et étaient solidaires.
Dès le début, les jeunes posaient mille questions et désiraient notre présence constamment. Je me suis rendu compte que leur crainte de l'avion était intimement mêlée à celle de l'inconnu, du monde nouveau qui les attendait. Mais l'assurance de tous les membres de l'équipage les a mis à l'aise. Nous leur avons donné une bonne idée sur la vie qu'ils allaient rencontrer en Afrique, des dialogues chaleureux ont eu lieu et le respect s'est établi entre nous.
J'ai vu là que Dieu nous fait agir et parler avec autorité et douceur, et cette expérience a béni chacun de nous, équipage, passagers, éducateurs.
Personne n'a été importuné pendant le vol et surtout, la crainte s'est évanouie. Les éducateurs m'ont écrit par la suite et ont remercié l'équipage en disant que nous leur avions donné du courage pour poursuivre leur entreprise. Quant aux jeunes, ils nous ont dit en nous quittant qu'ils étaient heureux de cette expérience et que dorénavant ils n'auraient plus peur de l'avion. J'ai vraiment vu là l'œuvre de l'action divine.
Une autre fois, une passagère angoissée m'a dit avoir oublié son médicament. Elle était certaine qu'elle ne pourrait pas respirer sans cela. Nous étions à 10 000 m. d'altitude, à plus de huit heures de notre destination.
Cette dame était prise de panique. Un énoncé de Mary Baker Eddy a pris place dans ma pensée: « L'Amour divin a toujours répondu à tout besoin humain et y répondra toujours. » (Science et Santé, p. 494) J'étais sans crainte. Je savais que les idées divines, efficaces et immédiates me guideraient.
D'un ton calme, mais ferme, j'ai affirmé à cette passagère qu'elle ne manquerait de rien et je lui ai demandé de se tranquilliser. L'équipage allait veiller sur elle et elle pouvait s'en remettre à notre expérience. En moi-même je pensais que c'était Dieu qui veillait sur elle.
Je dois dire que cette personne a senti très vite que sa crainte n'était pas fondée, que rien de fâcheux ne se passait et elle a pu voyager en toute sérénité. Elle s'est même endormie rapidement.
Bien sûr, j'ai dû beaucoup prier après l'accident du Concorde. J'avais volé sur cet appareil et j'avais des amis à bord. Le choc pour moi a été terrible. Mais la prière m'a peu à peu élevée au-dessus du chagrin et j'ai pu sentir véritablement que ni moi ni eux ne pouvions jamais être séparés de Dieu. J'ai eu la joie par la suite de retrouver un peu de ces idées dans des témoignages que leurs familles ont écrits à la compagnie.
De même, voler après les attentats-suicide de septembre 2001 fut un vrai défi. J'ai vu la nécessité de ne pas se soumettre à l'hypnotisme de la peur. On lit dans Science et Santé: « Il nous faut apprendre que le mal est la terrible tromperie, l'effroyable irréalité de l'existence. Le mal n'est pas suprême; le bien n'est pas impuissant; les prétendues lois de la matière ne sont pas non plus au premier rang et la loi de l'Esprit au second. » (p. 207) Je comprends mieux maintenant que ces actes ne peuvent en réalité diriger le monde. Ne pas céder à la psychose est certainement un challenge pour chaque voyageur, mais je vois chaque jour que la puissance de Dieu renverse cette terreur. S'en remettre au gouvernement divin, choisir d'être confiant, être certain qu'Il nous protège, cela nous fait sentir la présence aimante de Dieu et nous libère de la crainte.
