La joie — nous la voulons tous et nous en avons tous besoin, et pourtant, dans une situation difficile, nous nous en sentons peut-être privés. La joie, cependant, est essentielle à la guérison chrétienne. Se pourrait-il que la chose même que nous pensons impossible — être joyeux — soit ce que nous trouverons énormément bénéfique pour notre bien-être ?
Éprouver de la joie au milieu des ennuis s'avérerait une impossibilité, si cela dépendait de facteurs extérieurs. Si nous voyons dans la joie le résultat des circonstances, elle nous semble souvent fugitive, précaire, incontrôlable. Or, considérons que la joie ne soit pas un produit ni un objectif final, mais une qualité inhérente à notre être. Considérons-la comme le point de départ de la guérison. La Bible représente Dieu disant: « Réjouis-sez-vous plutôt et soyez à toujours dans l'allégresse, à cause de ce que je vais créer; car je vais créer Jérusalem pour l'allégresse, et son peuple pour la joie. Je ferai de Jérusalem mon allégresse, et de mon peuple ma joie. » Ésaïe 65:18, 19. Ne pourrait-on pas considérer cela comme la propre déclaration de Dieu affirmant qu'Il est le créateur et qu'Il crée Ses enfants « pour la joie » — qu'il s'agit là d'un fait établi, d'une réalité fondamentale de l'être, et par conséquent, d'un bon point de départ pour la guérison ?
Ce changement radical qui consiste à cesser de percevoir la joie comme un aboutissement pour la voir comme un point de départ ne se rapporte pas seulement à la joie. Il renvoie aussi à Dieu, puisque la joie est un attribut de Dieu. Affirmer qu'il nous faut prendre la joie comme point de départ, c'est affirmer qu'il nous faut prendre Dieu, la prémisse de toute existence, comme point de départ. Si nous abordons Dieu comme s'Il était très éloigné, comme s'Il n'apparaissait qu'à la fin d'un long voyage spirituel, nous aurions l'impression de ne pas pouvoir nous appuyer sur Son aide; et la guérison, ainsi que la joie, semblerait impossible à obtenir. Or, Dieu est le point de départ de toute existence réelle. Il est notre Créateur et notre origine. La création non seulement provient de Dieu, mais demeure aussi en Lui, et exprime la bonté et la perfection de Sa nature.
Quelle libération de comprendre, même un peu, qu'il est impossible d'être privé de la joie ou de notre bien-être donné par Dieu, parce que nous ne pouvons pas être séparés de Dieu ! Commencer à exprimer joie et gratitude, alors même que nous devons faire face à une difficulté, équivaut à se mettre en harmonie avec Dieu. C'est la raison pour laquelle la joie est si puissante. La véritable joie est bien plus profonde que la simple volonté de toujours garder le sourire ou une attitude positive. Elle porte en elle le pouvoir divin. Elle devient un moyen de guérir, parce qu'en exprimant la joie, nous rejetons le rapport erroné des sens matériels et nous sommes en accord avec notre but réel: rendre témoignage de l'harmonie glorieuse de Dieu.
Nous appelons le changement qui s'ensuit guérison physique, parce que le corps humain, une fois de plus, retrouve son aspect normal. En réalité, nous voyons de moins en moins ce qui paraît déformé dans l'existence, mais qui paraît si concret du point de vue de la perception humaine limitée. Nous voyons davantage s'exprimer dans notre existence l'harmonie perpétuelle et immortelle de l'Être divin, et de l'homme à Son image.
Par conséquent, en réalité, nous ne sommes jamais aux prises avec deux créations ou deux plans d'existence: l'une difficile et inharmonieuse, l'autre joyeuse et saine. Il n'y en a qu'une, la vie spirituelle et parfaite. Nous avons donc toujours affaire à des perceptions ou des points de vue. Même le concept de l'existence le plus inharmonieux, le moins joyeux, n'est que la déformation de la Vie glorieuse, remplie de joie, la Vie qui est Dieu.
Or, comment adopter ainsi cette joie face à un problème physique ou mental persistant voire insurmontable ? Il est fondamental de cesser de rechercher la joie comme si elle ne faisait pas partie de nous. Puisque la joie n'est pas un sentiment qu'on acquiert, mais qu'on inclut déjà et de façon éternelle, la recherche de la joie est un mauvais point de départ pour la prière. Elle suggère une séparation qui placerait la joie — et de manière encore plus essentielle, Dieu — « là-bas » et l'homme « ici ». Cette prémisse même étant le problème, elle ne peut donc pas devenir le moyen de trouver la joie. En général, nous savons que nous partons de cette fausse prémisse lorsque nous nous surprenons à penser ou à dire des choses comme « Si seulement j'avais plus d'argent » ou « Je serais heureux quand je serai débarrassé de ce problème ».
Cela exigera peut-être de nous une certaine discipline mentale de cesser de rechercher la joie en partant de l'hypothèse que nous sommes séparés de Dieu. Mais ce qui est formidable, c'est que nous en sommes toujours capables. Il s'agit réellement de désirer s'en remettre à Dieu. Il est indispensable de cesser de faire des efforts personnels afin d'acquérir ou d'atteindre quelque chose comme si nous étions séparés du bien, mais au lieu de cela il faut laisser Dieu nous gouverner puisque nous sommes Son expression joyeuse. Une fois que nous nous rendons compte que c'est tout ce qu'il nous est demandé, il devient clair que nous en sommes toujours capables si nous sommes prêts à abandonner cette recherche de la joie motivée par la peur.
Dans le calme et l'humilité grâce auxquels nous laissons Dieu faire de Sa création « un sujet de joie », nous nous débarrassons du sens personnel de notre individualité. C'est normal, puisque nous ne sommes pas réellement une entité distincte de notre Créateur; nous sommes les émanations immédiates et éternelles de Dieu qui reflètent le seul Ego divin. Nous manifestons Son action, et nous avons pour but d'être la preuve, ou l'expression, de Sa gloire et de Sa perfection.
Considérons la joie comme le point de départ de la guérison.
Quand nous essayons d'opérer en dehors du gouvernement de Dieu, nous nous érigeons en petits dieux. Nous tentons peut-être d'adorer Dieu à partir de ce concept de l'être, mais nous acceptons toujours la possibilité de l'existence de plus d'un Dieu. Cela nous rend susceptibles d'être moins heureux, moins paisibles, d'avoir une mauvaise santé, de nous sentir en danger, etc. parce que l'homme n'a jamais été créé pour être un dieu, un créateur, une cause. Il a été créé pour être l'effet de Dieu.
Le changement de pensée au cours duquel Dieu est reconnu comme étant l'origine, le centre et la circonférence de l'existence, et l'homme comme étant Son résultat, ou expression, est naturel. En pratiquant la Christian Science, nous nous efforçons d'abandonner la croyance selon laquelle l'homme possède personnellement une vie remplie de joie pour accepter son statut d'expression de Dieu remplie de joie. Cette transformation mentale se produit en se soumettant à Dieu: en faisant preuve de bonne volonté, en se montrant humble, en obéissant à la Vérité comme un enfant.
Un soir, il y a plusieurs années, j'ai été témoin de cette transformation et de la guérison physique rapide qui en a résulté pour un membre de ma famille. Il souffrait d'une sorte de blocage ou d'enflure dans la gorge qui lui rendait difficile le simple fait d'avaler ou même de respirer. Il priait depuis plusieurs jours et plusieurs nuits avec sa femme et un praticien de la Christian Science. Ils m'ont demandé de venir un soir, au titre de membre de la famille, pour lui tenir compagnie pendant que sa femme assisterait à une réunion importante. Plus tard, quand elle est rentrée, j'ai décidé de passer la nuit là, afin qu'elle puisse dormir un peu.
J'étais remplie de joie malgré la journée bien occupée que j'avais eue et les longues heures de la nuit qui m'attendaient. J'ai prié afin de savoir ce que j'avais besoin de lire ou de dire à cet être cher. La pensée de la joie s'est imposée à moi — en particulier la prise de conscience joyeuse que l'homme n'est pas en train de devenir parfait, mais qu'il l'est maintenant. Il m'est venu à l'esprit que notre tâche ne consiste pas à nous dépêcher de nous débarrasser d'une difficulté physique, mais à nous réjouir constamment de notre perfection présente en tant qu'image spirituelle de Dieu. J'ai réfléchi à une idée qui m'était venue plus tôt en relation avec ce que dit Mary Baker Eddy dans Science et Santé: « La Science Chrétienne présente le déroulement, non l'accroissement; elle manifeste, non une croissance matérielle partant de la molécule pour aboutir à l'entendement, mais une communication de l'Entendement divin à l'homme et à l'univers. » Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 68. Quand j'avais commencé à prier avec ce passage, j'avais eu un aperçu de l'absence totale de « phases » d'évolution dans l'être. Il m'a aidée à voir l'existence complètement indépendante du concept mortel de l'être né après neuf mois d'accumulation de substance matérielle sous la forme d'un embryon et qui, ensuite, passe le reste de son existence à accumuler davantage de croissance matérielle, d'intelligence, d'argent, de relations, de santé, etc. Ce passage m'avait permis de voir que la vie est spirituelle, qu'elle est Dieu se manifestant et se réjouissant dans Ses propres pensées. Il me parlait du concept intemporel de Dieu qui chérit et exprime Ses idées éternellement et complètement, sans rien qui soit inachevé, incomplet ou qui attende d'être accompli. J'ai vu très clairement que ce parent et moi n'étions pas en train d'attendre qu'il se passe quelque chose ou qu'un changement survienne, et nous ne nous servions pas de nos prières afin que la matière agisse. Nous priions pour nous réjouir dans la communion avec notre Père-Mère, parce que c'est la raison pour laquelle nous avons été créés et c'est tout ce que nous avons à faire. C'est ce que nous ferons demain et le surlendemain et le jour suivant.
Comme l'aube annonce le jour, ainsi la joie précède souvent la guérison.
J'ai fait part de ces pensées à ce membre de ma famille, et la disparition de la peur a tout de suite été visible. Il m'a expliqué plus tard qu'il s'était beaucoup préoccupé d'intensifier ses efforts métaphysiques afin de se débarrasser de la douleur et de l'angoisse qui l'étreignaient. Comprendre qu'il ferait ce qu'il faut en adorant Dieu dans la joie, à chaque instant, l'a soulagé du sentiment d'être privé de l'harmonie et de la joie qu'il avait recherchées avec tant de force. Nous avons tous deux ressenti une réelle libération, une harmonisation avec ce que Dieu sait et fait. Au bout de quelques minutes, il a toussé, ce qui a dégagé sa gorge. Il a éprouvé un profond soulagement. Nous avions si peu envie de dormir que nous avons décidé d'aller nous promener par cette chaude nuit estivale. La joie que nous ressentions était bien plus grande que le sentiment de délivrance: c'était une prise de conscience profonde du fait que la joie caractérise notre nature essentielle et qu'elle chasse les discordances mortelles décourageantes.
Mary Baker Eddy attire notre attention sur l'aspect naturel de la joie quand elle déclare: « Saint Paul écrivit: "Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur." Et pourquoi pas, puisque les possibilités de l'homme sont infinies, la félicité est éternelle, et qu'on en est conscient ici-bas et dès maintenant ? » Écrits divers, p. 330.
Cette idée que nous ne recherchons pas la joie, mais que nous prenons conscience de sa présence et de son pouvoir de guérison, porte en elle de grandes espérances. Elle nous permet de rejeter les suggestions de situations insolubles ou de maladies incurables, suggestions qui prétendent que nous sommes privés du bonheur, et elle nous fait atteindre notre objectif. Nous avons alors une base sur laquelle nous appuyer: un point de vue mental de notre unité avec Dieu. Nous contemplons l'univers dans lequel Il se réjouit et qu'Il voit « se réjouir » et, à partir de là, nous voyons le néant du mal sous toutes ses formes. Et la guérison se produit. Mais, ce qui est peut-être encore mieux, nous aurons entendu la tendre bénédiction divine: « Cher enfant, tu es Ma joie ! »
