Prononcez le mot « kudzu » devant un habitant du Sud des États-Unis, et celui-ci va peut-être vous décrire quelque chose qui ressemble aux plantes dévoreuses de villes des vieux films de série B. Utilisé à l'origine dans les années 40 pour combattre l'érosion dans le Sud, le kudzu peut atteindre dix-huit mètres de hauteur en une saison. De même, la fougère d'eau, connue sous le nom de salvinia molesta ou salvinie géante, qui elle aussi se trouve surtout dans le Sud des États-Unis, est capable de doubler de taille en moins de quatre jours et de couvrir 100 km2 en trois mois.
Les espèces non autochtones constituent un problème écologique qui touche profondément l'économie, et ces deux exemples ne sont pas uniques. La lutte contre les plantes et les animaux exotiques indésirables et contre l'effet qu'ils ont sur l'environnement représente chaque année un coût important dans le monde. Le crapaud buffle, animal venimeux introduit en Australie pour éliminer les hannetons qui ravageaient la canne à sucre, constitue un problème majeur pour ce pays. Un forum international sur « les plantes invasives dans les éco-systèmes de type méditerranéen » qui s'est tenu en France, en 2005, a attiré cent dix experts de vingt-quatre pays différents.
Beaucoup a déjà été accompli pour lutter contre les espèces envahissantes, mais à mesure que les échanges entre nations augmenteront, il est probable que ce problème exigera une coopération encore plus étroite. Ces efforts sont souvent ralentis par des problèmes politiques ou sociaux, ainsi que par les études qui prennent parfois des années pour aboutir à des conclusions.
La prière, elle, est une démarche qui peut être entreprise dès maintenant et qui ne nécessite pas de tests spéciaux avant d'être mise en application. Et les efforts faits pour découvrir des solutions viables bénéficieront aussi de l'inspiration de la prière. Ce travail de prière est soutenu par un concept spirituel, la merveilleuse découverte qu'a faite Mary Baker Eddy, à savoir qu'il n'existe qu'un Entendement, ou Dieu. Cet Entendement possède une compréhension, une intelligence et une connaissance infinies de sa création.
Dieu est Esprit, et par conséquent cette création, qui inclut chacun de nous, est spirituelle et destinée à être harmonieuse. En d'autres termes, elle est destinée à « fonctionner ». Elle ne comprend pas d'éléments destructeurs en conflit les uns avec les autres, et quand nous affirmons ce fait en priant, nous sommes en droit de nous attendre à voir le rétablissement de l'harmonie et de l'équilibre sur la scène humaine. Puisque vous et moi sommes des êtres spirituels, cet état d'existence constitue notre réalité. Nos prières pour nous identifier et identifier l'environnement conformément à ces faits spirituels auront un impact. La prière ne reste pas dans notre tête, si je puis dire. La pensée a un effet sur l'atmosphère mentale générale et fortifie tous ceux qui agissent en faveur du bien, révélant des points de vue innovants pour l'inspiration et l'action.
Il est peu probable qu'à l'époque de Jésus, les gens aient dû faire face à des envahisseurs écologiques à l'échelle de ce que nous voyons aujourd'hui. Cependant, l'une de ses paraboles donne des instructions intéressantes. Elle parle d'un homme dont le champ de blé est envahi par de l'ivraie qu'un ennemi est venu semer. Jeune pousse, l'ivraie ressemble beaucoup au blé; c'est seulement à la maturation que la différence apparaît. Alors le propriétaire du champ dit à ses serviteurs inquiets qu'ils doivent attendre la récolte pour déraciner l'ivraie, lorsqu'il sera plus facile de distinguer les deux plantes (voir Matthieu 13:24-30).
Quand j'ai relu cette parabole en pensant au problème des plantes envahissantes, j'ai été frappée par le fait que l'ivraie est semée dans le champ « pendant que les gens dormaient ». Autrement dit, pendant un moment de non attention. Dans une certaine mesure, cela est vrai aussi aujourd'hui concernant la propagation des espèces introduites. Par exemple, le trafic maritime a sans le vouloir permis la prolifération de la moule zébrée qui s'attache à la coque des bateaux ou vit dans l'eau de cale.
Afin de participer aux efforts qui sont faits pour trouver des solutions, on peut inclure dans ses prières certaines initiatives prises au niveau gouvernemental. [On peut par exemple consulter le site du Ministère français de l'écologie: www.ecologie.gouv.fr/Lutte-contre-les-especes.html ou bien taper « lutte contre espèces invasives (ou envahissantes) » dans un moteur de recherche.]
Contrôler
Une première mesure consiste à reconnaître qui contrôle notre environnement mental et spirituel. Comme nous le lisons dans la Bible, « au commencement, Dieu créa les cieux et la terre » (Genèse 1:1). Ce fait spirituel est à la base de notre certitude que c'est à Dieu qu'appartiennent, comme le répète la Bible, « la terre et ce qu'elle renferme, le monde et ceux qui l'habitent » (Psaume 24:1). Cet environnement créé par Dieu est entièrement spirituel et complet, bien que, parfois, nous perdions de vue le fait qu'il s'agit de l'environnement dans lequel nous devons vivre et que nous devons chérir ici et maintenant, pas dans un avenir plus ou moins lointain. En considérant notre situation sous cet angle, nous désirons prendre toutes les initiatives possibles permettant de renouveler notre vision spirituelle et de vivre de plus en plus en harmonie avec elle.
En matière de comportement quotidien, ces initiatives peuvent signifier entre autres prendre garde à ne pas introduire des espèces nuisibles quand on fait du bateau, ou ne pas envoyer dans d'autres régions des boutures de plantes qui ne devraient pas y être introduites, même à la demande d'un ami. C'est là faire de notre mieux pour aimer notre prochain sur cette planète.
Détecter et réagir sans tarder
La vigilance qui aurait empêché l'introduction de cette fameuse ivraie dans le champ du propriétaire est toujours utile. Mais on peut aller plus loin en résistant à la tentation de se limiter à discuter de problèmes écologiques spécifiques sans prendre le temps de prier d'abord. Si nous croyons vraiment que Dieu gouverne Sa création, alors nos prières vigilantes seront d'une grande aide pour soutenir ceux qui travaillent « sur le terrain » à la recherche de solutions. Cela ne veut pas dire qu'on s'abstienne nécessairement de participer aux efforts qui sont faits, mais il est important de laisser la prière guider les décisions. Notre façon de participer sera alors pleine d'inspiration et de force, et ne sera pas motivée par la peur ou par la colère dirigée contre un camp opposé.
Assurer une veille
Sur le plan individuel, nous avons la possibilité de surveiller nos pensées et nos actes concernant l'environnement et ceux qui sont chargés d'en prendre soin. On pourrait se demander dans quelle mesure on garde ses pensées libres de tout point de vue politique (pour ou contre les initiatives de préservation). Et avons-nous admis l'argument selon lequel la création divine est un mélange de forces et de créatures dont les interactions sont destructrices ? La présence de Dieu est-elle devenue une abstraction par rapport à ces problèmes ?
Ces questions, parmi d'autres, nous aident à demeurer vigilants, et pas seulement par rapport aux plantes, animaux et voies navigables de notre environnement. Elles s'appliquent aussi aux diverses situations qui se présentent à la maison, au travail, à l'école, à l'église et dans le gouvernement. Lorsque des pensées de crainte ou de haine nous envahissent et menacent de devenir incontrôlables, ils nous est possible d'améliorer l'environnement de chacun en les rejetant et en prenant position pour la suprématie du Dieu qui est la Vérité. Dans ses Écrits divers 1883-1896, Mary Baker Eddy affirme: « Réchauffés par le soleil de la Vérité, baignés par les célestes rosées de l'Amour, les fruits de la Science Chrétienne s'élèvent et s'éloignent du terrain sordide du moi et de la matière. Nettoyons-nous les jardins de la pensée en arrachant les herbes nuisibles que sont la passion, la méchanceté, l'envie et les conflits ? [...]
« Les mauvaises herbes de l'entendement mortel ne sont pas toujours détruites après avoir été arrachées une première fois; elles reparaissent, tel le chiendent dévastateur, pour étouffer le trèfle naissant. » (p. 343)
Prévenir
Il est essentiel de s'assurer que les herbes mentales nuisibles auxquelles Mary Baker Eddy faisait allusion ont bien été arrachées de la pensée. Et si l'on considère les vives tensions qui émaillent les débats sur l'écologie, il est évident que, dans une certaine mesure, tous les camps ont été affectés par les « herbes nuisibles que sont la passion, la méchanceté, l'envie et les conflits ». Néanmoins, les choses n'ont pas à en rester là. Nous pouvons apporter notre contribution en restant concentrés sur la nature spirituelle et parfaite de la création divine. Et nous sommes capables de résister à tout ce qui suggère que cette création échappe au contrôle de Dieu, ou pourrait être envahie par le matérialisme et l'appât du gain.
« Les bonnes pensées constituent une armure impénétrable, écrit Mary Baker Eddy; revêtus de cette armure, vous êtes entièrement à l'abri des attaques de l'erreur, quelle qu'en soit la nature. Non seulement vous êtes vous-mêmes en sécurité, mais tous ceux sur qui reposent vos pensées en bénéficient. » (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 210) Ce sont là des indications précises pour se protéger de toutes les difficultés. Voici ce que j'en retire: garder nos pensées fondées en Dieu, dont la bonté éternelle nous entoure tous et subvient à nos besoins où que nous soyons sur la planète, et obéir à Sa volonté, c'est là le meilleur moyen de protéger et de défendre notre environnement.